« Approchez ! Approchez ! Mesdames et messieurs, pour la première fois dans votre ville : grand spectacle de monstres improbables et terrifiants venus des quatre coins du globe pour vous effrayer et vous fasciner ! »
Dans
Carnaval of Monsters, les joueurs vont rivaliser d’audace pour capturer et produire le spectacle de monstres le plus exceptionnel qui restera dans toutes les mémoires…
Règles et matériel
Si les cartes sont au centre de la mécanique ludique, Gigamic a fait les choses en grand en proposant des plateaux individuels tout justes magnifiques et immersifs et un plateau central bougrement original… Pièces et jetons chasseurs s’avèrent tout aussi réussis alors que les illustrations des cartes, réalisées par une poignée d’auteurs bougrement talentueux (Franz Vohwinkel, Claus Stephan, Michael Menzel, Dennis Lohausen, Loïc Billiau, Oliver Schlemmer et Martin Hofmann), baignent les joueurs dans une atmosphère délicieusement inquiétante…
Le livret de règles (12 pages) s’avère assez dense mais, comme de coutume avec Gigamic, particulièrement bien écrit et joliment maquetté. Les nombreux exemples lèvent toute ambiguïté des règles alors que des encarts apportent toutes les des précisions nécessaires pour que les joueurs puissent sans tarder se lancer dans leur première partie.
Contenu de la boîte: 7 cartes Saison, 12 cartes Emprunt, 5 cartes Regroupement d’Emprunt, 215 Cartes Carnaval (72 cartes Terrain, 78 cartes Monstre, 13 cartes Staff, 21 cartes Objectif, 21 cartes Evénements), 3 dés, 75 jetons (pièces de valeur 1,2,5,10 et 20 couronnes et 24 jetons Chasseur), 1 plateau principal circulaire, 1 carnet de score et, pour chacun des 5 joueurs, 1 plateau individuel.
Déroulement d’une partie
Mise en place
La plus grosse difficulté de la mise en place résidant à mélanger le paquet de 215 cartes, le setting du jeu s’avère particulièrement fluide d’autant que le schéma figurant dans les règles s’avère tout à la fois clair et concis…
Déroulement
Une partie de
Carnival of Monsters se joue en quatre saisons, chaque saison étant divisée en 4 phases distinctes :
1Révéler la carte Saison afin de connaître les attentes du public (une récompense sera donnée aux joueurs exposant pour la première fois ce type de monstre et le joueur ayant la plus belle collection de monstres en fin de saison remportera un intéressant bonus).
2Capturer et jouer des cartes Carnaval: les joueurs vont drafter 8 cartes. Après avoir passé les cartes restantes aux joueurs suivant, ils devront jouer ou stocker (monnayant 1couronne) la carte « capturée ». Pour jouer une carte monstre un joueur doit avoir une carte terrain de même nature disponible. Les cartes stockées pourront être jouées à tout moment (sauf durant la phase suivante !)
3Phase de Contrôle du danger: sur certaines cartes monstres figurent un ou plusieurs logo danger. Pour chacun d’entre eux, les joueurs devront avoir autant d’icône chasseur (provenant des chasseurs Royaux – 3 dés lancés en fin de saison et disponibles pour l’ensemble des joueurs-, des cartes Staff ou des jetons Chasseur). Pour chaque icône Chasseur manquant, le joueur devra payer 3 couronnes, si besoin en contractant un emprunt…
4Fin de Saison: le joueur répondant le plus aux envies du public (cf carte Saison) remportera le bonus associé (et gardera la carte comme trophée !).
Les joueurs placent dans leur ménagerie tous les monstres joués (le public, versatile, s’en désintéressant).
Fin de partie
La partie s’achève à la fin des 4 saisons. Chaque joueur totalise les points des monstres de sa ménagerie, des objectifs réalisés auquel viennent s’ajouter 1 point par pièce et jeton Chasseur inutilisé et les points des Trophées récupérés… Ils retirent ensuite 5 PV pour chaque Emprunt contracté…
Le joueur totalisant le plus de points remporte la partie… Il aura marqué durablement l’esprit de ceux ayant eu la chance d’assister à ses représentations !
l’Avis de la Rédaction
Chaque nouveau jeu de
Richard Garfield (créateur de
Magic: The Gathering qui révolutionna le monde du jeu,
Roborally, jubilatoire et incontournable jeu de programmation, ou
King of Tokyo, jeu de baston fun et incroyablement dynamique) est en soit un événement… Aussi est-ce avec un vif intérêt que nous nous sommes lancé dans la première partie de
Carnival of Monsters.
Le jeu repose sur un
mécanisme de draft… Qu’est-ce donc demanderont les joueurs débarquant de la planète Mars et n’ayant pas même joué à l’excellent et pourtant incontournable
7 Wonders d’Antoine Bauza alors que les vétérans n’ignorent pas que le terme est apparu dans les tournois des Magic pour permettre à chaque joueur de constituer son deck (son paquet de cartes quoi !)!
L’idée en est simple : chaque joueur a un paquet de cartes (ici 8), il en prend connaissance et en choisit une avant de donner les cartes restantes au joueur suivant. Et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les cartes aient été récupérées… Ce procédé, éprouvé mais ludiquement diabolique, fait que lorsqu’on choisit une carte, on offre la possibilité au joueur suivant d’en choisir une parmi les cartes restantes… Dès lors, chaque choix est un renoncement qui s’avère pour le moins cornélien!
Rien de bien nouveau donc, si ce n’est la possibilité de jouer
ou de
stocker la carte draftée… Les
différentes natures de cartes (Monstre, Terrain, Staff, Evènement et Objectif) offre un panel d’action particulièrement intéressante, permettant de développer de nombreuses stratégies à plus ou moins long terme… à commencer par le stockage d’un monstre qu’on ne peut jouer, faute de posséder un terrain approprié ! D’autant que les cartes Staff et Terrain jouées sont conservées d’une saison à l’autre, permettant aux joueurs de construire un petit moteur lui permettant d’optimiser ses prochains coups…
La carte Saison oriente sensiblement le jeu en rendant certains monstres plus intéressants que d’autres… Mais encore faudra-t-il avoir à sa disposition le terrain ad hoc (ou parvenir à les récolter) pour pouvoir jouer les dits monstres et bénéficier des 2 couronnes de bonus, voir concourir pour le Trophée de fin de saison qui apporte un bonus permettant parfois de faire la différence lors du décompte final !
Conservées secrètement, les cartes Objectifs offrent aussi d’intéressantes façons de scorer et s’avère d’autant plus intéressantes qu’elles sont récupérées tôt dans la partie, permettant au joueur d’orienter ses actions en fonction de conditions à remplir pour en bénéficier…
Les monstres les plus lucratifs sont bien souvent les plus dangereux et s’entourer de chasseurs devient bien vite une nécessité pour ne pas perdre de précieuses couronnes qui sont autant de points de victoire (et qui s’avèrent indispensables pour étoffer son équipe !) ou contracter de couteux emprunts… Une variable de plus à intégrer dans ses stratégies !
Le jeu propose deux variantes bien pensées: la première, élégante, permet de rendre le draft intéressant à 2 joueurs alors que la seconde propose une version simplifiée en sortant les cartes Objectif, Staff et Evénement (sauf celles offrant des Chasseurs ou des Couronnes) du paquet de cartes Carnaval… Idéal pour initier de nouveaux joueurs à la mécanique du jeu sans risquer de les perdre avec les multiples stratégies possibles…
Superbement édité par une poignée d’artistes talentueux, ce nouveau jeu de l’impressionnant Richard Garfield, créateur de Magic: The Gathering, est à même de séduire un large public, tant pour sa thématique originale et accrocheuse que pour la fluidité de ses mécanismes…
Au cœur du jeu : un système de draft plus malin qu’il n’y paraît grâce à la diversité des cartes et la possibilité de jouer ou de stocker les cartes capturées à chaque phase du draft… La possibilité de conserver les terrains joués lors des saisons précédentes, la carte Saison proposant un objectif temporaire, les nombreuses façons de scorer et le nombre de cartes Carnaval (215 !!!) offrent de nombreuses stratégies et assurent des parties aussi variées que disputées…
On aime...
le matériel immersif et bien pensé
la mécanique extrêmement fluide
la variété des parties et les multiples stratégies possibles
la variante simplifiée permettant de s’initier en douceur
ce petit goût de revenez-y
On n'aime pas...
les choix cornéliens et (délicieusement) frustrants
(*) en référence au titre d’un superbe album des incroyables Weepers Circus !