



Dans le Paris de la Belle Epoque, depuis que des portes se sont ouvertes vers l’OutreMonde, évoluent des créatures légendaires tels les ogres, les elfes, les dragonnets ou les gnomes… Tout y est à la fois identiques et différent du Paris que nous connaissons…
Alors que la Banque de Paris et de Brocéliande, fondée en 1887, s’apprête à fermer ses portes au public, trois jeunes femmes désirent y pénétrer et le personnel est bien forcé d’accéder à leur demande, tant pour leur charme naturel que pour les flingues qu’elles brandissent sous le nez du vigile… A l’aide de l’explosive invention de Monsieur Nobel, elles n’ont aucune peine à ouvrir la salle des coffres et à s’emparer du contenu du coffre 24B, en plus de menue monnaie, pour les faux frais…
Mais lorsque les Artilleuses remettent l’anneau Sigillaire contenu dans le coffre à leur commanditaire, les choses dérapent… Il n’était pas le seul à s’y intéresser à et les services secrets de l’Empire Allemand ne sont pas connus pour faire dans la dentelle…

Au vu de leur parcours, Pierre Pevel et Etienne Willem étaient emmené à se rencontrer et à travailler ensemble, le
Paris des Merveilles du romancier ne pouvant que titiller les crayons de ce dessinateur très attiré, on le sait, par les univers Steampunk… Et si les deux auteurs ont d’abord pensé adapter
Ambremer, rebaptisé à l’occasion de sa réédition chez Bragelonne, c’est au final, un récit original qu’ils nous proposent, pour notre plus grande joie !
L’univers jubilatoire né de la plume et de l’imagination fertile de Pierre Pevel n’est pas sans évoquer celui de
Château Falkenstein, Aventures Epiques à l’Ere de la Vapeur, petite pépite ludique de Michael Alyn Pondsmith qui, s’il a peiné à trouver son public en France, a laissé à ceux qui ont arpenté son univers des souvenirs tout simplement… féériques ! Et il est probable que bon nombre des amateurs de ce jeu de rôle se retrouvent dans le
Paris des Merveilles de Pierre Pevel…
Se déroulant dans le même univers que celui des romans, les lecteurs sont en droit de se demander si leur lecture est indispensables pour apprécier cette série qui démarre sur les chapeaux de roues ? Que nenni !

Et si on y croise quelques personnages rencontrés dans la trilogie romanesque et épique de Pevel, tel Farroux croisé alors qu’il officiait comme inspecteur et qui se voit désormais à la tête de la Brigade des Affaires Féériques, le scénario est construit avec suffisamment d’intelligence pour dérouler une intrigue particulièrement entraînante, installer des personnages tout à la fois hauts en couleur et indéniablement attachants, tout en prenant le temps de poser le décor et esquisser les contours d’un univers bougrement original ! Les dialogues drôlement percutants et les scènes d’action virevoltantes impulsent un rythme soutenu à l’ensemble, happant le lecteur pour ne plus le lâcher qu’à la toute dernière page… La scène mémorable de la fin de l’album se déroulant dans le garage d’un gnome mécano n’est pas sans évoquer l’assaut sanglant d’un garage de Choisy-le-Roi, un certain 27 avril 1912… Mais Jules ne possédait pas les dons de Lady Remington ou les talents de Mam’zelle Gatling !
Pour son premier album, le romancier s’est associé avec un dessinateur fichtrement doué dont le formidable potentiel s’est révélé dès le premier tome de
Vieille Bruyère et Bas de Soie et qui n’a cessé de nous émerveiller depuis avec
L’Epée d'Ardenois en passant par
les Aile du Singe (deux séries anthropomorphiques dont il assurait lui-même le scénario, non sans brio !) ou
la Fille de l’Exposition Universelle (sur un scénario de Jack Manini)… Et c’est peu dire que nous attendions la nouvelle série d’Etienne Willem avec une impatience jubilatoire !
Son trait sensuel et énergique y fait une nouvelle fois merveille, sublimé par un sens du mouvement saisissant et des cadrages virtuoses évoquant ceux du septième art.

Ses artilleuses sont plus charmantes les unes que les autres tant le dessinateur parvient, dans leurs postures, leurs gestuelles ou leurs apparences, à esquisser les contours de leur personnalité avec une redoutable efficacité… Après avoir travaillé sur les couleurs de
la Fille de l’Exposition universelle, Tanja Wenisch prête ses pinceaux aux Artilleuses et on appréciera le soin tout particulier qu’elle apporte aux éclairages…
Pierre Pevel change de medium est nous propose une aventure originale se déroulant dans son envoûtant Paris des Merveilles…
Lady Remington, Mam’zelle Gatling et Miss Winchester sont les bien-nommées héroïnes de ce récit d’aventures féériques et steampunk mis en image par le virtuose Etienne Willem… Tout en déroulant un récit mené tambour battant, les auteurs prennent le temps de développer des personnages hauts en couleur et d’esquisser les contours d’un univers dense et foisonnant…
Ce premier tome pose les bases d’une trilogie plus que prometteuse dont nous attendons la suite non sans une certaine impatience…
- C’est quoi au juste ? A quoi ça sert ?
- Aucune idée mais Cristofaros en offre un bon prix et nous avons beson de renflouer nos caisses après notre aventure américaine.
dialogue entre Lady Remington et Miss Winchester