Virginie, 1922. Après avoir refusé de livrer sa production d’alcool aux italiens qui mette la région en coupe réglée, Doyle Doohan est abattu et la grange abritant son alambic incendié...

Les habitants du cru lui font comprendre que les activités illégales de son père étaient connues et couvertes par la population car sa générosité améliorait leur quotidien de tous. Ils lui demandent de reprendre le flambeau pour le bien de la communauté… La brillante étudiante en chimie accepte leur offre… s’ils consentent à rogner sur leurs bénéfices… Et la belle va prouver qu’elle un bel avenir en tant que bootlegger…

La Prohibition a souvent inspiré scénariste, cinéastes et romanciers… L’originalité de Julie Doohan, série aux accents de western, est qu’elle s’écarte du cadre urbain pour gagner la campagne et suivre les tribulations d’une jeune femme courageuse et ambitieuse qui va se lancer dans la production d’alcool clandestin pour reprendre la distillerie familiale… Ce changement de paradigme confère une savoureuse note de fraîcheur et d’originalité au récit de Thierry Cailleteau…

Le scénariste introduit avec finesse le personnage principal avant de l’immerger dans l’histoire de façon bougrement efficace… On comprend bien vite que son héroïne, tout à la fois brillante, courageuse et servant des réparties cinglantes, n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Le meurtre de son père ne restera pas impuni, dût-elle pour cela déclencher une guerre entre le clan des irlandais la mafia italienne… Le personnage du professeur s’avère lui aussi particulièrement attachant…

Explosive, la couverture de l’album s’avère de toute beauté… Elle pose d’emblée l’ambiance western qui baigne le récit même si les carcasses de voitures donnent de précieuses indications sur l’époque où il se déroule… Composées avec soin, les planche signée Luc Brahy s’avèrent particulièrement dynamique et les couleurs sobres mais efficaces de Simon Champelovier ne gâtent rien !

Premier tome de la série, Old scarecrow s’avère particulièrement entraînant.

Porté par une héroïne libre et indépendante, le scénario concocté par Thierry Cailleteau, scénariste (entres autres !) d’Aquablue et de Wayne Shelton, aborde la Prohibition sous un angle inédit, s’intéressant non pas aux speakeasies et autres bars clandestins où se croisent la pègre et les policiers corrompus mais aux distilleries rurales qui alimentent le trafic d’alcool.

Ce pas de côté confère un charme certain à cette série entraînante aux accents prononcés de western mis en image avec efficacité par Luc Brahy…

- Voilà ce qui a coûté la vie à ton père.
- Je reconnais ce dessin. Papa me l’avait fait quand j’avais douze ans !
- Doyle Doohan produisait de l’alcool clandestin pour les speakeasies de M. Rourke, depuis le début de la Prohibition.dialogue entre les villageois et Julie