Le soir où Raphaël et Marie devaient se retrouver à Rome, dix ans après leur mémorable nuit, cette dernière apprend le décès de sa mère et abandonne tout pour gagner l’aéroport et rejoindre a sœur…
Comprenant son erreur, Raphaël plaque ses amis et sa petite amie pour la retrouver… Mais quelque chose semble s’être brisé entre eux, ternissant le souvenir de cette fameuse nuit… Mais, alors que Raphaël refuse de voir l’histoire se terminer, Marie semble bien décidée à tourner la page pour vivre, seule, son deuil… Pourtant, le téléphone de Raphaël sonne et Marie lui propose de la rejoindre à la basilique Saint-Pierre pour un ultime adieu…
Ce second cycle n’était pas programmé mais il s’impose comme une évidence lorsqu’on s’y plonge, retrouvant avec émotion les deux amants qui auraient pu, en d’autres temps et en d’autres lieux, former un joli couple… Mais les aléas de la vie en ont semble-t-il décidé autrement…
Marie n’était pas certaine de répondre à l’invitation de Raphaël mais la maladie de sa mère lui donnait des envies d’ailleurs et ces retrouvailles étaient plus un prétexte pour échapper à un trop pesant quotidien qu’un désir viscéral de revoir son amant. Car le temps a passé et de l’eau du Tibre a coulé sous le pont Saint-Ange depuis leur fameuse nuit, dénouant les liens qui les unissaient autrefois… Le lecteur suit avec intérêt et émotion ce chassé-croisé amoureux des deux amants, les regardant tour à tour s’efforcer de tourner la page sur leur impossible histoire d’amour en pointillé…
Avec finesse, l’auteur décortique les sentiments de ses personnages, les confronte au temps qui passe, inexorablement, les mettant face à la maladie, ou à la mort, les obligeant à se questionner sur leur existence, sur la pertinence de leurs choix, les faisant douter, comme le feraient des êtres de chair et de sang abordant l’automne de leur vie... Il n’est pas donné à tout le monde de parvenir à faire évoluer et vieillir ses personnages avec une telle justesse, tant physiquement que psychologiquement… Mais Jim parvient à saisir ces petits instants éphémères qui font l’essence d’une vie…
Difficile de ne pas tomber sous le charme de son dessin sensuel et délicat et de son sens du cadrage qui lui fait placer sa caméra pile au bon endroit pour faire naître l’émotion. La mise en couleur de sa compagne baigne chaque scène d’une lumière soigneusement travaillée qui renforce l’impression d’être le spectateur d’un drame romantique porté par des personnages complexes et fragiles. Voix-off et dialogues travaillés ne font que renforcer cette impression alors que les superbes planches muettes font la part belle aux ressentis des différents protagonistes de façon tout juste désarmante…
Presque dix années se sont écoulées depuis le premier tome de la série… Depuis, les auteurs et ses héros ont vieilli, abandonnant quelques-uns de leurs rêves sur le bord de la route…
Avec un saisissant travail d’orfèvre, Jim assemble avec art les éléments en apparence disparates distillés dans le premier tome du second cycle, chaque pièce s’emboîtant parfaitement les unes dans les autres pour former un tout aussi cohérent que bouleversant… Sans se départir de son humour, il porte un regard tendrement lucide et un brin désabusé sur ces personnages complexes et délicieusement crédibles.
Sublimé par une mise en couleur délicate signée Delphine, sa compagne à la ville, son dessin élégant et sensuel et son sens du cadrage et de la composition font une fois de plus merveille et on referme l’album avec un petit pincement au cœur à l’idée d’abandonner ces personnages qui nous ont accompagné durant près d’une décennie… A moins que l’auteur nous réserve quelques surprises dont lui seul a le secret…
Maintenant, il faut vraiment que j’y aille. C’est là que se termine une histoire commencée il y a trente ans.Marie