2082. A bord de l’Achlys, Pavel Vonichev et son équipage s’efforcent d’assembler les éléments de la base Calliston. A la surface (617) Patrocle, le commandant Sylan Kassidy et ses hommes extraient du minerai dans des conditions extrêmes…

Mais soudain, un étrange nuage bleu se forme autour de l'Achlys, envoyant une navette percuter et endommager les déflecteurs censés protéger le vaisseau des flux électromagnétiques de Jupiter… Et, alors que l’Hybris se porte à son secours, il disparait des écrans radars…

Ils ne le savent pas encore mais c’est à cet instant précis que le destin de la Terre a basculé…

Parmi les séries publiées par les défuntes éditions Sandawe, Parallèle tenait indéniablement le haut du pavé et il eut été bien dommage que cette série ne soit perdues corps et âme… Fort heureusement, le toutes jeunes éditions Drakoo nous propose ce récit de SF intelligent et haletant dans une version qui plus est légèrement remaniée…

Après avoir signé un cycle de la Ballade au bout du Monde de Makyo ou participé aux Chroniques de Sillage piloté par Philippe Buchet et Jean-David Morvan, le talent de Laval NG explosait littéralement avec ce récit. D’une redoutable efficacité, son découpage est une petite merveille de précision alors ses cadrages aussi vertigineux s’avèrent plein d’audace et d’inventivité… Le dessinateur parvient à mener ces récits parallèles (rarement ce qualificatif aura été aussi bien porté !) avec un sens de la mise en scène tout juste bluffant… Sublimé par les couleurs froides et subtiles de Florent Daniel, son travail graphique est indéniablement l’une des force et des révélations de ce diptyque…

Mais la claque n’est pas que graphique ! Elle est aussi scénaristique ! On se souvient comment l’histoire démarrait en douceur dans le premier tome, posant de façon saisissante les bases d’un récit aussi exigeant que solidement charpenté qui gagnait en densité et en intensité au fil des pages… Dans ce second album, Philippe Pelaez ne laisse aucun répit au lecteur qui se perd avec délice en conjectures quant à la nature des liens unissant la Terre à cette Terre alternative, à ces passages permettant d’aller de l’un à l’autre ou à la façon dont ils se confondent et interagissent par moment… laissant le lecteur s’interroger avec ses personnages, sur la façon dont le scénariste allait boucler son récit… Du grand art… Les amateurs apprécieront le « Carnet de bord » clôturant l’album… mais regretterons qu’il ne fasse pas plus de page tant les documents proposés s’avèrent intéressants…

Alter est clairement un récit à côté duquel les amateurs de science-finction ne peuvent décemment pas passer…

Captivant, déroutant et exigeant, ce diptyque signé Philippe Pelaez (à qui l’on doit l’intimiste et dérangeant Dans mon village, on mangeait des chats, l’horrifique et glaçant Maudit sois-tu ou le jubilatoire Un peu de tarte aux épinards…) est tout à la fois captivant, solidement charpenté et formidablement mis en image par l’impressionnant Laval NG qui travailla sur la Ballade au bout du monde et signe les dessins de l’Effet Miroir dont nous vous reparlerons sous peu…

L’élégante réédition de ce récit, jadis paru aux défuntes éditions Sandawe, rajoute un délicieux petit plus, donnant l’illusion de vivre dans une réalité alternative…

- Tu fais des cauchemars la nuit, n’est-ce pas ?
- Non, uniquement le jour. Des cauchemars… éveillés. Ils sont… horribles. Leurs visages est comme brûlé. Ils n’ont pas de lèvres, pas de paupières… Leurs vêtements ont fondus sur l peau et ils sont… transparents.
- Que font-ils ?
- Ils passent à côté de nous sans nous voir. Ils sont surtout autour du Pont de Brooklyn et ici, dans Manhattan. Ils errent… à la recherche de nourriture, je pense… Ils se battent parfois.dialogue entre le Professeur Stenrich et Stephen Kassidy