


Ayant comme les autres nations dû fuir une Terre ravagée pour trouver une planète plus accueillante, les Russes tentent de s’installer sur Adonaï, une planète recouverte par une jungle dense, poisseuse et humide où se cache un ennemi invisible. Les russes les ont baptisés les caméléons de par leur aptitude à se fondre dans la nature et surgir là où on les attend le moins pour conduire des raids meurtriers…
Alors qu’il menait ses hommes dans une nouvelle mission dont moins de la moitié sans doute reviendront, l’escouade du sous-lieutenant Orlov se retrouve coupé de leurs lignes, sans moyen de communication… Leur chance de survie déjà proches de zéro semblent réduites à néant lorsque l’un de ses hommes pète littéralement les plombs et ouvre le feu sur un village d’autochtones, provoquant un bain de sang…
Il y a indéniablement un air de guerre du Vietnam dans ce nouvel opus de
Conquête, orchestré de main de maître par Nicolas Jarry et Jean-Luc Istin. Respectant les codes du genre, les auteurs immergent d’emblée le lecteur dans une jungle inquiétante d’où la mort peut surgir à tout moment…

On s’attache à ce sous-lieutenant lucide et désabusé jeté dans une guerre d’usure éprouvante avec une escouade montée en hâte sur ordre de ses supérieurs. C’est pourquoi il est contraint de ratisser large et de racler les fonds de tiroirs pour s’entourer de soldats, hommes ou femme, parfois borderline, façon douze salopards… L’un d’eux notamment, ancien soldat d’élite et sociopathe patenté, leur donnera pas mal de fil à retordre et les entraînera au cœur même de l’enfer… Mais il est loin d’être le seul !
Mais le scénario s’avère bien plus tortueux qu’on pourrait le croire au prime abord, prenant des détours plus politiques et reléguant du même coup les caméléons au second plan… La fin, s’avère particulièrement cynique et sombrement désespéré, ce qui n’est pas pour nous déplaire…
S’appuyant sur un storyboard de Kyko Duarte, Benoît Bertrand signe des planches percutantes qui nous immergent avec force sur la planète Adonaï. Ses cadrages subtils renforcent le sentiment d’oppression qui planent sur cette jungle luxuriante d’où peut surgir, à tout moment, l’ennemi alors que son découpage virtuose, alternant plan larges et plans resserrés, s’avère redoutable dans les scènes d’action virevoltantes du scénario.

Olivier Héban joue avec art avec la lumière et soigne les effets pyrotechniques avec des couleurs impressionnantes de maîtrise…
Un nouveau cycle de Conquêtes s’amorce avec ce sixième opus qui voit la flotte russe s’enliser dans la jungle de la planète Adonaï…
Utilisant les codes du genre, Nicolas Jarry et Jean-Luc Istin tissent un récit de science-fiction particulièrement sombre et cynique dont l’ambiance n’est pas sans évoquer celles des films ayant trait à la guerre du Vietnam.
Le trait puissant de Benoît Bertrand et sublimé par une mise en couleur impressionnante d’Olivier Héban alors que le découpage ciselé et les cadrages virtuoses de Kyko Duarte, qui signe le storyboard de l’albuù, accentuent le sentiment d’oppression savamment distillé par le scénario qui prend peu à peu une coloration plus politique qui confère à Adonaï sa dimension tragique…
La région sur laquelle on allait arquer était un point chaud qu’il fallait nettoyer avant qu’i nous pète à la gueule. J’en avais des nœuds au bide, surtout parce qu’il s’agissait de ma première sortie en tant qu’officier responsable. Et je me leurrais pas. Je pouvais m’estimer heureux si la moitié de mes gars en revenait.sous-lieutenant Alexï Orlov