


Alors que son canasson a calenché, Dunnrak s’enfonce dans des marécages nauséabonds pour échapper à ses poursuivants qui le traquent depuis des heures…Mais il n’est pas orc à se rendre sans combattre et plus d’un de ces chasseur d’orcs tombera avant qu’il ne mette genoux à terre… Mais à un contre sept, la lutte était par trop inégale et l’orc est assommé, par derrière…
Lorsqu’il se réveille avec un sacré mal de crâne, il est ligoté, à la merci des chasseurs qui semblent être à la solde d’un mage… Mais ce dernier n’est qu’un croque-mort désireux d’en savoir davantage sur un mystérieux pendentif en possession de Dunnrak et qui aurait le pouvoir de prédire la mort d’autrui…
Ce dernier leur raconte alors son histoire, celle d’un orc différent de ses congénères qui, alors qu’il pêchait paisiblement, trouve un étrange médaillon scintillant au fond d’un lac poissonneux…
Chroniqueur des Terres d’Arran depuis ses origines, Jean-Luc Istin nous propose avec
Dunnrak un scénario à la structure délicieusement alambiquée… La traque ouvrant l’album immerge sans fioritures inutiles le lecteur au cœur même de l’action, présentant avec une redoutable efficacité le héros de l’album qui est comme de coutume le narrateur de sa propre histoire…

La découverte du pendentif au fond de l’eau par Dunnrak n’est pas sans évoquer celle que fit une autre créature avant que d’être tué par son cousin Sméagol, attiré par l’étrange anneau qui exerçait déjà sur lui une étrange et malsaine fascination… Cette référence nous fait considérer avec méfiance la trouvaille de l’orc, accentuant le savoureux sentiment de malaise qui assaille par moment Dunnrak qui ne sait si ce bijou auquel il semble lié est un fardeau ou une bénédiction… Le récit de ses aventures qu’il conte au croque-mort, parfois interrompu par ce dernier ou par les coups de ses sbires, s’avère particulièrement entraînant, révélant par petite touche la personnalité complexe de cette peau verte qui avait un temps rejeté la violence avant de rejoindre une compagnie et qu’un savoureux twist final va faire apparaître sous un nouveau jour…
Tout déroulant son récit, Jean-Luc Istin l’inscrit dans la trame que lui et ses co-auteurs développent et qui sert de fil rouge à ces nouvelles saisons, esquissant le portrait d’une organisation tentaculaire qui patiemment tisse sa toile et laissant augurer un développement captivant qui étoffera le déjà foisonnant univers des Terre d’Arran…
Alex Sierra fait partie de ces dessinateurs barcelonais au talent impressionnant que beaucoup avaient découvert avec son impressionnant
Hel'Blar, diptyque scénarisé par Sergio A.Sierra et dans lequel l’artiste faisait déjà montre d’un saisissant talent pour composer des planches, retranscrire l’intensité d’une scène d’action ou mettre en images des scènes plus contemplatives… Talent et virtuosité qui ne font que se confirmer dans ce dixième opus d’
Orcs et Gobelins, album par ailleurs remarquablement mis en couleur par un J. Nanjan, comme de coutume très inspiré…

L’album est complété par un somptueux mais trop court cahier graphique qui permet de prendre la mesure du talent d’Alex Sierra à travers des recherches de couverture ou de character design…
Jean-Luc Istin, arpenteur infatigable et chroniqueur émérite des Terre d’Arran nous entraîne une fois encore à la suite d’un personnage haut en couleur alors qu’une guerre est en passe d’éclater entre ses différents peuples…
Depuis son plus jeune âge, Dunnrak se sentait différent des autres membres de son peuple et il n’aspirait qu’à échapper à un destin dénué de violence et de sang… Mais lorsqu’il trouve au fond d’un lac un pendentif orné d’une pierre, son destin bascule de façon irréversible… Car la pierre est habitée d’une étrange magie qui a tout d’une malédiction : le nom d’une personne allant mourir sous peu s’y grave, mystérieusement… Fort de cette connaissance, l’orc comprend qu’il peut empêcher ladite mort à condition d’y substituer une tierce personne…
Mis en image par le trait puissant de Alex Sierra, ce dixième tome d’Orcs & Gobelins s’avère particulièrement captivant de par sa narration alambiquée parfaitement maîtrisée…
A priori, le pendentif ne voulait pas être perdu. Il traçait sa fichue voie vers moi. Pourquoi ? J’aurais aimé le savoir.Dunnrak