Youri, Fourmille et Sigisbert sont à Pékin pour recruter des artistes de cirque pour un monter le plus grand show chinois jamais monté à Broadway… Youri est littéralement subjugué par les contorsionnistes se produisant sur scène lorsqu’un leprechaun leur explique que ce spectacle n’est que de l’esbrouffe comparé aux talentueux des Shaolin du Temple du Papillon de Jade…

Lorsqu’ils ont l’opportunité de se rendre à ce fameux temple, nos trois agents artistiques sautent sur l’occasion et entament un long voyage vers les portes du Tibet à bord d’une jonque propulsée par Dragon-Serpent.

Mais, arrivés à destination, le fantôme du monastère prend possession du corps de Fourmille qui doit cohabiter avec cet esprit obsédé (entre autre) par l’idée de finir une mythique partie de Go commencée trois siècles plus tôt à Pékin…

Chaque nouveau tome d’Ekhö (ou presque) nous entraîne dans une partie inexplorée de ce monde foisonnant, miroir déformé de notre réalité où tout trouve sa déclinaison à la sauce fantasy… Cette fois-ci, Arleston nous entraîne au cœur de l’Empire du Milieu à la recherche de moines Shaolin qu’il ne sera pas facile de convaincre de se produire à Brodway, soucieux qu’ils sont de ne pas dénaturer leur art millénaire…

Pour l’occasion, l’auteur change de paradigme : s’il est encore question d’âme prenant possession de Fourmille, ce n’est nullement un celle d’une personne fraîchement décédée dont il est question mais d’un fantôme ancien hanté ( ) par le désir d’achever une mythique partie de Go qu’il a commencé contre l’Empereur Yao que certain considèrent comme le mythique inventeur du Go. La cohabitation entre la pétillante Fourmille et le fantôme s’annonce particulièrement délicate et truculente à souhait, Blanc-Caillou-Pok (tel est le nom du fantôme) étant quelque peu facétieux, un brin obsédé et plutôt entêté… Comme de coutume, le scénariste détourne sans vergogne les clichés et le folklore local pour tisser un récit follement azimuté et délicieusement rafraîchissant…

Alessandro Barbucci met en scène avec élégance et inventivité le scénario débridé d’Arleston. Sublimée par les subtils pinceaux de Nolwenn Lebreton, ses cases foisonnent de détails, immergeant les lecteurs dans une Chine fantasmée tout à la fois exotique et envoûtante… Le trait expressif de l’artiste italien est une petite merveille d’expressivité et sa façon de mettre en scène la tendre complicité (teinté d’une subtile mais prégnante pointe de jalousie) de Fourmille et Youri participe indéniablement au charme de la série…

Poursuivant sur la lancé des neuf premiers opus, un Fantôme à Pékin nous propose une aventure follement rafraîchissante qui nous entraîne aux portes du Tibet dans l’Empire du Milieu…

Fourmille va se retrouver, bien malgré elle, obligée de partager son corps avec un fantôme obsédé et facétieux désireux d’achever une partie de go commencée il y a trois siècle… Tordant sans vergogne mais avec inventivité les clichés, Christophe Arleston et Alessandro Barbucci tissent un récit drôle et entraînant porté par des personnages vraiment attachants, un irrésistible sens du comique de situation et un dessin follement dynamique et plein d’élégance…

Miroir déformé de notre réalité, l’univers d’Ekhö est décidemment un formidable terrain de jeu pour auteur et dessinateurs inventifs dans lequel on retourne avec un plaisir jubilatoire… Comme il nous tarde de retrouver Fourmille, Youri et Sigisbert dans de nouvelles aventures !

- Fourmille n’a plaissé sa place! Ils sont tous deux en même temps !
- C’est… impossible !
- Oh, vous savez, moi, depuis que j’ai pris cet avion à Roissy et que j’ai atterri sur ce monde dans ce qui était finalement un dragon, je relativise beaucoup le mot « impossible ».dialogue entre Youri et Sigisbert

(*) nom d’un coup au go