Second opus du cycle bleu, deuxième saison de TIME Stories, Une nuit d’été évoque par le visuel féérique de la boîte la fameuse comédie fantastique et onirique de William Shakespeare… Signées par Julien Carette, le talentueux dessinateur du Bourreau (sur un scénario de Mathieu Gabella, paru aux éditions Delcourt), les illustrations du jeu sont de toute beauté…

Désormais indépendante, chaque nouvelle boîte contient le matériel nécessaire pour jouer… On retrouve ici plusieurs decks de cartes de différentes tailles (carte Histoire, cartes Commune et cartes Personnelles), une réserve de cristaux d’Azrak et 1 planche de jetons (à garder face cachée, comme les cartes d’ailleurs ! Sous peine de s’auto divulgâcher le scénario)…

Parmi les cartes, on retrouve de superbes réceptacles définis par son nom, ses caractéristiques et son histoire (qui est loin d’être anecdotique !) ainsi qu’un niveau initial de sa réserve d’Azrak et de… Magie…

Le livret de règles (20 pages) présente de façon claire et fluide les différents mécanismes du jeu, parfois inextricablement liés à ce scénario (le setting notamment), lui conférant ainsi une saveur toute particulière puisque la mécanique s’adapte à l’histoire que vous allez vivre… On apprécie particulièrement le glossaire permettant aux nouveaux joueurs de se familiariser avec les nombreux termes techniques régissant le jeu…

Contenu de la boîte :1 planche de jetons, 107 cartes Histoire, 60 cartes Communes, 60 cartes Personnelles et 26 jeton d’Azrak

Sans entrer dans les détails, une partie se déroule en une succession de tours découpés comme suit :

1Phase du Time Capitaine durant laquelle ce dernier choisira, après concertation, le lieu à visiter qui sera alors exposé et introduit par la lecture de la carte « A » associée…

2Phase de découverte durant laquelle les joueurs vont effectuer des repérages, communiquer par télépathie (i.e. en parlant, sans se montrer les cartes) et effectuer des actions (exploration, épreuve ou temporisation) en dépensant, au besoin, de précieux cristaux d’Azrak…

3Phase d’Entre-Lieux durant laquelle les joueurs quitte le lieu actif et vont se préparer pour le tour suivant en effectuant une mise à jour standard (optionnelle), des échanges (optionnels) et un changement de Time Capitain.

Si TIMES Stories - Cycle Blanc avait littéralement révolutionné le jeu de société en proposant une expérience de jeu novatrice avec cette usine à rêve envoûtante et jubilatoire… Le premier opus du cycle bleu nous avait lui aussi particulièrement enthousiasmé, estompant avec audace et efficacité la frontière existant entre le jeu de rôle et le jeu de société alors que les règles s’effaçaient devant la narration et que le carcan des tours de jeu volait en éclat…
C’est donc avec un réel plaisir que nous nous sommes lancés dans cette nouvelle aventure, d’autant que la référence au sublime Songe d’une Nuit d’été n’était pas pour nous déplaire…

Une fois encore, nous allons tenter de jouer les équilibristes en ne dévoilant (presque) rien du déroulé du scénario tout en parlant du plaisir ressenti en jouant cette aventure tout juste jubilatoire…

Dès l’amorce du scénario, Antonin Merieux et Manuel Rozoy s’amusent à casser les codes en balançant d’emblée les joueurs au cœur d’une action… dont ils ignorent tout ! Les voilà donc, errant dans le royaume des fées sans rien savoir des raisons qui ont poussées le T.I.M.E. à les y envoyer… Ce subtil changement de paradigme est à même de brouiller d’emblée les repères des agents les plus blasés…

Mais ils sont loin, bien loin d’être au bout de leurs surprises ! Car l’aventure se poursuit sur le même mode… Ignorant jusqu’à la raison de leur présence, les joueurs vont peu à peu se laisser entraîner dans cette histoire à la lisière des songes, et tenter, au fil des péripéties et des rencontres aussi savoureuses qu’impromptues, de percevoir, au-delà du voile des illusions, la nature de leur mission en ces lieux étranges et pour le moins déstabilisants… Et ce d’autant plus que les auteurs s’amusent à tordre sans vergogne les mécanismes du jeu pour servir au mieux leur narration, telle la présentation des lieux qui envoie valser nos automatisme de vétérans de l’agence T.I.M.E…

L’aventure offre des sensations de jeu réellement grisantes et les cartes Mystères viennent subtilement accentuer l’aspect délicieusement narratif du jeu pour une expérience de jeu plus immersive… Car les auteurs ne se contentent pas d’explorer l’envoûtante pièce de Shakespeare et s’offre de savoureuses et truculentes digressions littéraires, rendant cette flânerie onirique plus envoûtante encore… Le final est une petite merveille scénaristique qui s’inscrit parfaitement dans la délicieuse et vertigineuse mise en abîme de la pièce originelle, éclairant d’une lumière nouvelle l’aventure que les joueurs viennent de vivre… et donnant la furieuse envie de reparler du déroulé de cette histoire envoûtante et délicieusement déstabilisante...

S’inspirant de Songe d’une Nuit d’été, comédie poétique et onirique de William Shakespeare, Antonin Merieux et Manuel Rozoy signent un scénario aussi féérique que déstabilisant. Dans une Nuit d’été, les auteurs prennent un malin plaisir à jouer sans vergogne avec les règles et les codes bien établis pour brouiller les repères et bouleverser les habitudes des agents les plus blasés…

Truffée de clins d’œil littéraires, l’aventure qui nous est proposée s’inscrit dans l’esprit de la pièce du dramaturge élisabéthain avec cette délicieuse et vertigineuse mise en abîme que l’on retrouve dans le dénouement de cette Nuit d’été…

Fan de TIME Stories depuis sa sortie, ce second épisode du cycle bleu, en estompant la frontière entre jeu de société et jeu de rôle, nous a littéralement envoûté…



le scénario onirique, envoûtant et délicieusement déstabilisant
les sublimes illustrations de Julien Carette
la frontière entre jeu de rôle et jeu de société qui s’estompe
les nouveaux rouages au service d’une narration plus immersive encore
le final en osmose avec l’esprit de la pièce



Rien, on est sous le charme !