De nombreux paisibles retraités ont choisi la Côte d’Azur pour passer leurs dernières années en toute quiétude… Monsieur Vadim aurait sans doute aimé qu’il en soit ainsi… Mais, victime d’une arnaque, il a vu son allocation retraite détournée et se retrouve sans le sou, l’obligeant à quitter sa maison de retraite.
Suivi par une assistante sociale très professionnelle, il espère pouvoir remonter la pente, pas tant pour lui que pour son petit-fils qu’une injonction d’éloignement l’empêche de voir depuis trois longues années… Pour payer les frais d’avocat et défendre une requête en annulation, Monsieur Vadim n’a d’autres choix que de frayer avec la mafia et devenir l’homme de main d’un caïd belge désireux de s’installer dans la French Riviera en se débarrassant d’encombrants concurrents…
Car monsieur Vadim n’a rien du paisible retraité… Ancien légionnaire, il reste un soldat accompli, même s’il a l’âge de ses articulations et que ses réflexes sont quelque peu émoussés…
Un conseil : si vous n’avez pas devant une bonne demi-heure, ne vous lancez dans la lecture de
Arthrose, crime & crustacés, premier opus de
Monsieur Vadim… Car ce nouveau scénario de Gihef n’est pas de ceux que l’on repose avant de l’avoir achevé…
Il faut dire que le personnage principal, atypique et bougon, s’avère d’autant plus attachant qu’il est introduit avec art par l’éclectique scénariste de
Complots,
Greenwich village ou
d’Encre et de Sang… Quand l’album s’ouvre, on pense n’avoir affaire qu’à un gentil petit vieux dont la vie est rythmée par la diffusion des
Coquillages de l’Amour, un soap opera navrant et insipide qui lui vaut bien des moqueries… Difficile de ne pas être touché par le sort de ce vieil homme lorsqu’il est jeté à la rue à cause des malversations d’un pâle type qui a abusé de son grand âge… et l’empathie qui se noue entre lui et le lecteur rend le récit qui va suivre plus entraînant encore…
Le scénario en lui-même s‘avère joliment troussé, avec un prologue qui donne d’emblée le ton, renforcé par des dialogues truculents mettant en scène une galerie de personnages truculents qu’on dirait tous droits sortis d’un excellent polar… Particulièrement rythmé, ce premier opus abandonne le lecteur à a frustration avec un twist aussi savoureux qu’impromptu…
Morgann Tanco nous avait fortement impressionné avec
l’Ivresse des Fantômes qu’il signait avec un certain Wilfrid Lupano… Et son talent de conteur et de metteur en scène n’a cessé de croître au fil des tomes et des années… Et, force est de reconnaître qu’avec ce
Monsieur Vadim, le dessinateur franchit encore un palier… Son trait semi-réaliste campe des personnage crédibles et expressif alors que ses visuels, empruntant au neuvième art, distillent une ambiance savoureuse qui oscille entre drame, comédie, polar et film d’action…
Nouvelle série de l’éclectique et talentueux scénariste de Complots, Greenwich village ou d’Encre et de Sang, Monsieur Vadim est un polar enthousiasmant oscillant entre drame et comédie avec la virtuosité d’un équilibriste…
Porté par une narration impeccable, le récit très rythmé de Gihef est construit autour d’un vieux bonhomme bougon et bougrement attachant qui cache sous ses allures de vieillard semi-grabataire un passé complexe et tortueux… Se retrouvant sur la paille après avoir été arnaqué, il décide de reprendre sa vie en main pour gagner le droit de revoir son petit-fils qu’une mesure judiciaire l’empêche d’approcher…
Le trait semi-réaliste de Morgann Tanco prête vie à une saisissante galerie de personnages, de ce héros vieillissant et touchant en passant par de parfaits salopards qui tueraient père et mère pour quelques liasses de billets…
Parfaitement orchestré, le twist final abandonne le lecteur à sa frustration tant Monsieur Vadim s’avère être un divertissement entraînant et finement orchestré…
Le ket est un peu biesse, mais quand il m’a raconté ce qu’il t’a vu faire hier soir, ça m’en a bouché un coin. Je te dois une fière chandelle. Faut avouer que ce n’est pas commun, un homme de… sauf ton respect, hein ! de ton âge qui dézingue à lui tout seul trois peïs armés. Godverdomme ! T’aurais pas été un peu… tueur à gages où je ne sais quoi avant ?le Belge
(*) extrait de mon Légionnaire d'Edith Piaf