2122. Le monde tel que nous l’avons connu n’est plus un souvenir mais une légende… La Terre est devenue aride et brûlée par le soleil et la civilisation a laissé place au chaos. Les villes semblent avoir disparu et de petites communautés se réorganisent tant bien que mal pour tenter de survivre et palier à la raréfaction de l’eau, préoccupation de tous les instants…

Joshua a grandi sans mère dans l’une de ses communautés, protégée des agressions extérieures par un ancien barrage… Il est amoureux de Margot qui l’aime en retour… Mais le frère de cette dernière, un adolescent cruel et brutal persuadé d’appartenir à l’élite, refuse qu’elle se compromette avec le jeune homme issu d’une caste inférieure…

Pendant ce temps, au-delà du mur, d’étranges évènements se produisent qui risque de mettre en danger cette fragile communauté…

Parmi les nombreux albums publiés en ce début d’année, ce premier opus d’Elecboy attire d’emblée l’attention grâce à une couverture tout juste somptueuse tout à la fois magnifiquement bien dessinée que superbement composée… Et les planches de l’album intriguent autant qu’elles exercent une étrange fascination… Tant et si bien qu’il est difficile de ne pas être pris du désir de se plonger dans ce récit post-apocalyptique étrangement teinté de mysticisme…

Après avoir mis en image des récits écrits par d’autres (Julien Blondel et Christophe Bec, excusez du peu), l’impressionnant Jaouen Salaün signe pour la première fois une série dont il assure scénario, dessin et colorisation… Et le fait est que le talent de conteur de l’auteur impressionne d’emblée par sa capacité à tisser un récit choral dense et foisonnant tout en esquissant les contours d’un univers aussi original que déstabilisant. Car si le lecteur pourra se trouver en terrain connu et balisé pour le versant post-apo du récit, de nombreux éléments viennent bouleverser nos repères, tels ces étranges I.A. aux apparences fluides et protéiformes qui semblent poursuivre une mission qui nous dépasse… Et le cliffhanger qui referme l’album chamboule plus encore les quelques repères que l’on s’était forgé au fil de la lecture… L’album se teinte d’un étrange mysticisme qui rend la lecture de l’album plus déstabilisante encore…

Si le scénario surprend et titille la curiosité des lecteurs, graphiquement, c’est clairement une grosse claque… Les planches de l’album sont somptueuses et il se dégage des compositions de Jaouen Salaün une atmosphère impressionnante… Ses subtils jeux de lumières et sa palette de couleurs donne à ressentir la chaleur étouffante qui règne alors sur Terre alors que son trait précis et réaliste fait la part belle aux émotions ressentis par les différents personnages auquel il donne vie avec virtuosité… Complexe et intrigant, le personnage de Joshua, autour duquel semble graviter le récit, s’avère particulièrement attachant, rendant le récit plus dense et envoûtant…

Pour son premier album solo, Jaouen Salaün signe l’amorce d’une série post-apo aussi intrigante qu’entraînante.

L’auteur joue avec art avec les codes du genre pour ancrer son récit en territoire connu, dépeignant le quotidien d’une petite communauté qui tente de survivre sur une Terre aride brûlée par le soleil où l’eau est devenu la plus précieuse des ressources… Mais dans le même temps, il brouille tous nos repères avec d’étranges créatures baptisées I.A. par les autochtones et qui semblent missionnées pour retrouver quelqu’un sur cette Terre dévastée et hostile…

Mais ce qui impressionne, c’est indéniablement la virtuosité de Jaouen Salaün qui met son art au service de son récit de façon saisissante, soignant ses compositions avec maestria tout en usant avec art de la couleur pour faire ressentir au lecteur l’atmosphère étouffante qui règne sur Terre en 2122…

Premier tome d’Elecboy, Naissance amorce un récit choral troublant et captivant dont on ne sait où il va nous mener… Et cela ne fait qu’accroître ses charmes !

- Tu ne t’es jamais demandé ce qu’il pouvait y avoir au loin ? Là où la Terre rejoint le ciel ?
- Si, comme tout le monde. Mais il n’y a rien… A part du sable, des ruines, et peut-être des gens comme nous qui se posent la même question.
- Humm… Je voulais parler de quelque chose de pus… Comment dire… ? De plus mystique…dialogue entre Joshua et Ed