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Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti
Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti



Fiche descriptive

Contes et Légendes

Matthew Tobin Anderson

Jo Rioux

Jo Rioux

Rue De Sèvres

16 septembre 2020


20€

9782810217403

Chronique
Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti
La légende d'Ys revisitée

« Pour ériger les remparts qui protègent Ys des flots tumultueux, la reine Malgven a eu recours à la magie. Sa mort brutale et mystérieuse laisse ses deux filles inconsolables et les éloigne l'une de l'autre.

Rozenn, héritière du trône, entre en communion avec la nature et s'apaise dans les landes ; Dahut, la cadette, se délecte de la vie fastueuse de la cour et se compromet dans ses intrigues. Mais derrière les murs immenses de la cité se cache un passé lourd de sombres secrets.

Le jour où le lien entre les soeurs se rompt définitivement, elles entraînent dans leur chute le destin d'Ys, et les monstres tapis dans l'ombre surgissent alors en pleine lumière. »
un bon album !


La légende d'Ys revisitée
Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti, planche de l'album © Rue de Sèvres / Rioux / Tobin AndersonPour bâtir la magnifique cité d’Ys et pour ériger les remparts qui la protègent des flots tumultueux, la reine Malgven a eu recours à la magie. Mais, épuisée par cette magie noire, elle meurt prématurément laissant derrière elle un mari éploré et deux filles inconsolables. En grandissant, elles s’éloignent l'une de l'autre : Rozenn, l’héritière du trône, entre en communion avec la nature et s'apaise dans les landes ; Dahut, la cadette, se délecte de la vie fastueuse de la cour et se compromet dans ses intrigues.

Le jour où le lien entre les sœurs se rompt définitivement, elles entraînent dans leur chute le destin d'Ys, le passé lourd de terribles secrets et les monstres tapis dans l'ombre peuvent alors surgir...


La légende d’Ys : « une mosaïque à trous »
Deux auteurs américains, MT Anderson et Jo Rioux, revisitent la célèbre légende. Le scénariste se présente en effet comme un amoureux de la Bretagne qui avait été d’ailleurs été le décor de son premier roman graphique : l’adaptation d’«Yvain le chevalier au lion ». Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti, planche de l'album © Rue de Sèvres / Rioux / Tobin AndersonEn reprenant la légende d’Atlantide version celtique, MT Anderson a voulu rendre hommage à cette région. Comme il est fin mélomane et apprécie l’opéra de Lalo « le Roi d’Ys », il a décidé d’ajouter à la version courante qui met en scène Dahut et son père seulement, un troisième personnage : Rozenn la sœur aînée. Ainsi est né « sœurs d’Ys ».

Le titre marque l’importante de la relation sororale et le sous-titre éclaire sur la dimension légendaire et tragique du récit (« la malédiction du royaume englouti »). Le texte de 4eme de couverture insiste sur la symétrie et la différence entre les deux sœurs. La couverture est très attrayante : avec un lettrage en marquage à chaud, la recréation dans les courbes du motif du triskell breton, un beau vert celtique et les visages des deux sœurs placées de manière symétrique et opposée. Ce bel objet livre est complété d’une bibliographie et d’un cahier graphique. Ne soyez pas rebutés par l’épaisseur du volume car si la pagination est généreuse, la mise en page est très aérée avec de nombreuses pages muettes et de grandes cases (souvent pas plus de 3 vignettes par planche).

La légende d’Ys « était une mosaïque à trous » d’après le scénariste. Il a donc comblé ceux-ci et a voulu par exemple élucider la raison pour laquelle on a ouvert les portes de la ville ou développer le choc affectif qui a crée la rupture entre les deux sœurs.

Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti, planche de l'album © Rue de Sèvres / Rioux / Tobin AndersonLe point fort de cette adaptation du conte est le portrait contrasté des deux sœurs qui nous interroge sur les choix que l’on peut faire et l’attrait du pouvoir. En outre ce récit nous interpelle sur les temps actuels : notre rapport à la course aux innovations, aux ravages qu’on fait à la nature …

Entre livre de contes et bande dessinée
Le dessin est particulier mais très expressif. Jo Rioux est principalement illustratrice jeunesse et cela se voit. Le monstre marin de Dahut est original et semble rendre hommage au Gruffalo de Julia Donaldson (un classique de la littérature enfantine anglosaxonne). Son trait est simple, rond et doux mais très expressif et elle joue avec splendeur du clair-obscur. La scène des funérailles vikings de la reine Malgwen (avec le bûcher sur la mer) est ainsi de toute beauté. Elle crée un fort contraste entre les lumières de la nature et l’obscurité des mondes marins et citadins.

La mise en page est aérienne : pas de bords francs des cases, gouttières parfois tremblées, vignettes transformées (en forme de poisson par exemple lorsque St Corentin raconte son histoire). Les volutes abondent. On a souvent l’impression que les personnages flottent (vêtements, cheveux) et la ville d’Ys elle-même est faite de courbes. Les crayonnés sont apparents sous l’encrage et créent un dynamisme.

Enfin, les couleurs choisies sont principalement automnales : vert, marron ocre et orange et rappellent les couleurs de la Bretagne. La façon d’apposer les couleurs rappelle le style de l’école de Pont -Aven.

Deux sœurs
C’est une histoire morale sans être moralisante. Tout d’abord parce qu’elle met en scène l’avidité humaine au travers du personnage du roi de Kerne : mégalomane, il n’en a jamais assez et épuise sa femme qui meurt prématurément avec ses demandes de palais, galeries des glaces, jardins suspendus. De plus, il a assis son pouvoir sur l’assassinat du mari de Malgwen et fait prospérer son royaume grâce au pillage des bateaux par les monstres marins et à l’esclavage ….

Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti, planche de l'album © Rue de Sèvres / Rioux / Tobin AndersonEnsuite parce que l’histoire est assez avare de mots et se raconte surtout en dessin : on a ainsi un portrait des deux sœurs sur trois strips en deux pages muettes. Elles sont bien différenciées : Rozenn l’aînée est viscéralement attachée à la nature. Dahut fascine par sa lente descente en enfer. Rozenn est présentée comme terrienne avec des cheveux épais touffus comme des buissons et une coiffure bouffante qui rappelle des nuages. Dahut, la passionnée, est rousse comme il se doit, élancée et fluide comme la mer. Chacune est dotée d’un animal : un petit moineau pour Rozenn, un monstre marin pour Dahut.

MT Anderson ne fait pas nonobstant preuve de manichéisme : on n’a pas la gentille Rozenn d’un côté et la méchante Dahut de l’autre. Elles sont complémentaires et ont hérité de leur mère Malgwen la fée scandinave : l’une a un lien très fort avec la nature, l’autre possède des pouvoirs magiques. Rozenn n’assume pas son rôle d’aînée et fait preuve de lâcheté en s’enfuyant dans la nature ; Dahut prend sur elle la responsabilité d’Ys et de son père et remplit son devoir quoi qu’il en coûte. D’ailleurs c’est lorsqu’elle va faire preuve de pitié qu’Ys va sombrer. Les deux sœurs (et surtout la cupidité de leur père) sont finalement responsables de la malédiction du royaume englouti.

Cet album constitue une très jolie relecture du mythe celtique pour petits et grands …
Soeurs d'Ys - La malédiction du royaume englouti, planche de l'album © Rue de Sèvres / Rioux / Tobin Anderson
Amoureux de la Bretagne, l’américain MT Anderson s’est intéressé à la version armoricaine du mythe de l’Atlantide et a choisi de revisiter la légende de la ville d’Ys. Il est épaulé pour cela par la jeune illustratrice canadienne Jo Rioux.

A eux deux, ils nous décrivent la grandeur et la décadence de cette cité merveilleuse mais font surtout le portrait des deux filles du Roi Gradlon : tout semble les opposer et leur rivalité va avoir des conséquences terribles. La mise en page est aérée et dynamique, les motifs de courbes, de volutes et du triskell breton abondent et la lumière permet de mettre en valeur la richesse de la cité mais aussi de créer des clairs-obscurs qui soulignent les zones d’ombre des personnages.

Une très jolie relecture du mythe celtique et un magnifique objet livre !Un classique à lire à partir de 12 ans.


Prenez-moi pour épouse. Et j’aurai recours à la sorcellerie pour vous bâtir une nouvelle capitale plus belle que toutes les cités bâties par des hommes. Vous me rendrez heureuse. Vous me donnerez des enfants. Pour vous, je repousserai la mer avec des digues, je vous construirai un palais coiffé de dômes et de tours.La fée Malgwen au roi Gradlon

bd.otaku



Inspiration jeux de rôle

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