Shota, Ikari et Osman, seul homme du clan, sont membres des puissantes Lames d’Ashura, une bande de pirates nomades qui sillonnent les vastes steppes de Kalandra pour mener d’impitoyables raids sur de riches convois ferroviaires…
Ashura, chef de leur clan, considère chacune comme ses filles… Elle compte faire un ultime coup avant de prendre sa retraite et abandonner le commandement à Shota et Ikari… Mais elle meurt dans ce dernier assaut après avoir été trahie par l’une de ses filles…
Désormais orpheline, Ikari prend la tête du clan et n’aura de cesse que de venger celle qu’elle considérait comme sa mère, entraînant son clan dans une odyssée vengeresse dont personne ne sortira indemne..
Après de saisissante apparitions dans les pages de
Doggybags ou de
Midnight Tales et deux ans après son impressionnant
Golden Path, le talentueux Baptiste Pagani est de retour pour un récit d’aventure entraînant et rythmé qui nous entraîne dans son imaginaire foisonnant…
Difficile de ne pas être impressionné par la désarmante facilité avec laquelle le scénariste nous entraîne dans son univers, creuset où se mêlent et s’entremêlent plusieurs civilisations et cultures… Son récit est si bien construit qu’on a l’impression de ne voir que la partie émergée de l’iceberg et que le monde original dans lesquels se déroule son histoire est bien plus riche, dense, complexe et cohérent que ce que les quelques motifs et éléments qu’il utilise dans l’album peuvent nous le laisser croire…
Mais plus encore, c’est la façon dont il tisse un à un les fils qui composeront sa tapisserie scénaristique qui force l’admiration… Patiemment, avec une indéniable délicatesse, il met en place des personnages forts et attachants, mettant en lumière leurs caractères bien trempés, leurs fêlures, leurs rêves et leurs aspirations tout en précisant la force des liens qui les unissent. Ce faisant, le drame à venir n’en est que plus bouleversant, prenant clairement une dimension tragiquement shakespearienne… Et si le scénario de Baptiste Pagani est truffé de scène d’actions violente et sanglantes qu’il chorégraphie avec une virtuosité confondante, le scénariste fait la part belle à l’émotion et au ressenti de chacun de ses personnages, donnant à son récit une dimension étrangement poétique et une ampleur plus qu’apréciable…
Une poésie que l’on retrouve dans le dessin à la fois puissant et fragile… Inspiré du manga et doté d’une forte personnalité, son trait souple et virevoltant anime avec art cette formidable galerie de personnage qu’il fait évoluer dans des décors somptueux qui ne sont pourtant qu’esquissés mais que l’on ressent, presque viscéralement…
Avec Les Lames d'Ashura, Baptiste Pagani fait une nouvelle fois montre de ses talents de conteurs et de metteur en scène…
L’auteur y esquisse les contours d’un univers dense et foisonnant dans lequel il faut évoluer des personnages complexes et cohérents sur lesquels il fait reposer une tragédie où se déchaînent les passions… Alternant avec art scènes d’action virevoltantes chorégraphiées avec une folle inventivité et séquences plus contemplatives, l’auteur signe un récit joliment orchestré aux accents délicieusement shakespeariens…
Après son saisissant Golden Path, ce nouvel album confirme tout le bien que l’on pensait de l’auteur…
Osman, mon fils… Par pitié… Enfuyez-vous vite, et fais tout ton possible pour protéger tes sœur… Quelles que soient les voies qu’elles empruntent…les derniers mots d’Ashura