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Ô Verlaine
Ô Verlaine



Fiche descriptive

Roman Graphique

Philippe Thirault (d'après le roman de Jean Teulé)

Olivier Deloye

Marie Galopin

Steinkis

15 avril 2021


18€

9782368462652

Chronique

Les derniers mois de la vie de Verlaine... Alcoolique phénoménal, amant frénétique, bigame maltraité, le poète génial oscille depuis toujours entre l'ignoble et le sublime.

À 51 ans, son existence cataclysmique laisse de nombreuses traces : un nombre invraisemblable de maladies (syphilis, diabète, souffle au coeur, cirrhose du foie, pneumonie...), des admirateurs qui ne sont plus qu'une poignée et des contemporains qui l'accablent de leur mépris...

C'est alors, qu'en quelques semaines, la jeunesse du Quartier latin en fait son idole. Ils admirent sa poésie, la force de ses anathèmes, le désordre de sa vie, se battent pour l'écouter dans les cabarets et se ruent à son chevet. Ainsi, encore une fois, le destin du poète le conduira de l'infamie au grandiose.
un excellent album!


Du crépuscule à l’aube
Ô Verlaine, planche de l'album © Steinkis / Deloye / Thirault / Galopin / TeuléTravaillant aux Abattoirs de la Villette, le jeune Henri-Albert Cornuty s’en vient rue Descartes rencontrer son idole : Paul Verlaine… Mais, âgé d’à peine cinquante-et-un ans, le poète n’est plus qu’un vieillard à la barbe hirsute, ruiné, alcoolique, violent et souffrant de multiples maux… Ses admirateurs ne sont plus qu’une poignée et sa gloire d’antan semble s’être dissoute dans les vapeurs d’absinthe…

Pourtant, en quelques semaines, il devient la coqueluche des étudiants du Quartier Latin qui admirent tant sa poésie que ses anathèmes ou sa vie dissolue… Oscillant entre l’infâmie et le grandiose, Verlaine va s’exhumer de l’oubli… Cornuty serait-il son porte bonheur ?


Ô Verlaine, planche de l'album © Steinkis / Deloye / Thirault / Galopin / TeuléBien avant de régler son compte à Baudelaire, Jean Teulé s’intéressa à Paul Verlaine, autre poète maudit, dont il conta dans Ô Verlaine les derniers mois mouvementés d’une vie qui ne le fut pas moins… Philippe Thirault s’empare du roman pour l’adapter en bande-dessinée avec la complicité d’Olivier Deloye qui signa notamment l’adaptation d’Oliver Twist (sur un scénario de Loïc Dauvillier)…

« Dans sa chambre, là-bas derrière le Panthéon,
rue Descartes, où mourut Paul Verlaine. » (Paul Fort)
Jean Teulé est indéniablement un formidable conteur. S’emparant de figures historiques qu’il replace dans leur siècle, il compose des récits jubilatoires. Pour accentuer la dimension romanesque de ses personnages et la dramaturgie de ses récits, il n’hésite pas à prendre quelques libertés avec la réalité… et c’est indéniablement ce qui fait le charme et la truculence de ses romans… En faisant un petit pas de côté, le romancier esquisse un portrait délicieusement décalé des personnages dont il s’empare… et Verlaine ne déroge pas à la règle…

Cette fois-ci, c’est par le truchement d’un jeune admirateur du poète qu’il va nous décrire la fin de vie tumultueuse de celui qui fut l’amant de Rimbaud…Ô Verlaine, planche de l'album © Steinkis / Deloye / Thirault / Galopin / TeuléMais aussi par les regards particulièrement contrastés que portent sur lui ses contemporains, célèbres ou anonymes : On y croise ainsi le Préfet Lépine, grand admirateur du poète, demandant à ses policiers de fermer les yeux sur ses frasques et ses coups de sang. François Coppé, connu pour avoir prononcé un discours lors des funérailles de Verlaine, faisant une critique acerbe de l’homme et de son œuvre. Un critique se disant son ami démonter son dernier recueil. Un chef de clinique envouté par ses vers ou un interne les haïssant…
A travers ces regards croisés, c’est le portrait de Verlaine qui s’esquisse sous nos yeux, alors que le poète se montre tour à tour pathétique, invivable, désespéré et imbuvable, comme s’il avait gagné en laideur la beauté qu’il avait su coucher par écrit dans ses poèmes… Au fil des pages, le lecteur s’interroge sur ces étranges accidents qui arrivent à ceux qui lui veulent du mal, apportant une subtile et impromptue touche de polar au récit…

Rehaussé par les couleurs délicates de la talentueuse Marie Galopin, le dessin généreux d’Olivier Deloye met en scène une foisonnante galerie de personnage, redonnant vie au Paris interlope de la Belle Epoque, des bordels aux troquets en passant par les abattoirs de la Villette et l'hôpital Broussais où fut soigné le poète ou la boutique de Vanier, libraire et éditeur qui publia les œuvres de Verlaine… Ô Verlaine, planche de l'album © Steinkis / Deloye / Thirault / Galopin / TeuléLe découpage original des planches confère à l’ensemble une identité graphique forte. Chaque case semble avoir été réalisée comme une illustration à part entière sans que la narration n’en souffre. Elle s’avère en effet particulièrement entraînante et fluide et les personnages délicieusement expressifs…

Avec Ô Verlaine !, Philippe Thirault et Olivier Deloye signent une remarquable adaptation du roman éponyme de Jean Teulé…

A travers le regard de ses admirateurs et de ses détracteurs, les auteurs esquissent un portrait contrasté d’un Verlaine vieillissant ravagé par l’alcool et rongé par le désespoir… Jouant les équilibriste entre humour et gravité, comme le poète maudit oscille entre infâmie et grandiose, le scénario est mis en image par le trait généreux d’Olivier Deloye, magnifié par les couleurs de la talentueuse Marie Galopin qui n’en finit plus de nous enchanter…


- Qui vous a donné cette adresse ?
- L’éditeur Vanier.
- Ah, celui-là… Eugénie et Esther me détroussent en détail, lui me vole en gros. Mais je m’en fous, je me vengerai. Je lui ai prévu que quand je crèverai, il mourra dans l’année. Vous savez, je suis un peu sorcier.
- A sa librairie, j’ai vu François Coppée. Il n’a pas l’air de vous porter dans son cœur.
- Coppée ! Cette machine à gloire. Avec Rimbaud, quand nous étions jeunes, et qu’on voulait rimer des conneries pour rigoler, on disait : viens, allons écrire des vieux Coppéedialogue entre Verlaine et Cornuty


(*) poème de Verlaine
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

Cette fiche est référencée comme inspi pour 1 jeux de rôle.

Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.