Marcus travaille comme cuisinier chez un patron fort peu sympathique qui le rabaisse sans arrêt… Mais, malgré sa collègue qui le pousse à réagir, le jeune homme encaisse, sans rien dire… Alors qu’il prenait une pose dans la ruelle attenante, il est bousculé par une jeune femme lancée à la poursuite d’un drogué…
Peu après, il la recroise et exige d’elle des excuses. Cette dernière lui ordonne de s’en aller et semble surprise qu’il ne s’exécute pas… C’est alors que le type qu’elle poursuivait revient pour en découdre avec trois de ses potes… Un combat s’engage et Marcus tente vainement de s’interposer… La jeune femme parvient à se débarrasser de ses agresseurs mais semble gravement blessée… Comme elle refuse d’appeler les secours, Marcus se propose de la raccompagner chez elle…
Ce qu’il ignore c’est qu’elle et ses agresseurs sont des vampires…
Depuis la nouvelle de John Polidori, le vampire n’en finit plus d’inspirer romanciers et scénaristes… Mais si Bram Stoker l’a immortalisé avec son roman épistolaire, la talentueuse Anne Rice l’a modernisé avec ses envoûtantes
Chroniques des Vampires… Ce
Loves Kills de Danilo Beyruth, s’inscrit indéniablement dans la lignée (
) des ouvrages de la romancière américaine en mettant en scènes des vampires tourmentés et puissants unis par des liens complexes dans un contexte délicieusement urbain. Les joueurs de
Vampire la Mascarade, captivant de jeu de rôle où les joueurs incarnent des vampires dans un univers contemporain, apprécieront sans nul doute ce récit qui pourra servir de base à l’écriture d’un scénario captivant…
L’auteur brésilien a su composer le portrait de personnages originaux et tourmentés lancés dans une lutte à mort s’arc-boutant sur cette notion de filiation vampirique chère à Anne Rice. Chacun des vampires qu’il met en scène s’avère particulièrement intéressant, possédant un mode de vie, une manière de se nourrir et un caractère qui lui est associé…
Sous une apparence adolescente, le « jeune » Victor a organisé sa vie d’immortel en dominant une supposée mère qu’on devine fortunée et qui lui sert de garde mangé… Traquée par des vampires aux apparences bestiales, Héléna vit hanté par un poète dont on devine qu’elle fut amoureuse. Elle drague dans les bars pour chasse ses proies et vit recluse dans un appart au cœur d’un immeuble qui lui appartient… La relation étrange qu’elle va tisser avec Marcus, insensible à ses dons vampiriques, est au centre du récit… La coterie qui la traque n’est pas dénué d’intérêt mais c’est surtout Leander, dont le réveil évoque celui des vampires anciens, qui rythme le récit et fait planer sur l’album une atmosphère délicieusement oppressante…
Amateurs de récits vampiriques, nous avons par ailleurs particulièrement apprécié la séquence où Héléna revient sur la damnation vampirique et la notion d’immortalité qu’on attribue à ces créatures de la nuit…
Si le scénario de Danilo Beyruth s’avère particulièrement entraînant, son dessin est lui aussi de haute tenue. L’introduction de l’album l’ancre d’emblée dans un univers très cinématographiques et sa façon de cadrer l’action en jouant sur les différents plans lorgne clairement vers le septième art… A la confluence des comics américains et du manga, son travail est d’une redoutable efficacité. Les scènes d’action et de combats sont chorégraphiées avec soin et l’on devine dans chaque case la dextérité, la célérité, la force et la bestialité de chaque créature de la nuit…
Scènes d’action qui prennent plus d’ampleur encore en écoutant le fameux
Love Kills des Ramones !
On appréciera aussi l’inventivité dont fait montre l’artiste pour donner corps à la Soif qui tiraille les vampires en général et Héléna en particulier, donnant lieu à d’intéressantes scènes lorsqu’elle se trouve en présence Marcus…
S’inscrivant dans l’esprit des Chroniques des Vampires de l’inénarrable Anne Rice qui a modernisé le mythe du vampire de façon audacieuse, Love Kills ravira les amateurs de récits vampiriques contemporain nerveux et solidement charpenté en général et du jeu de rôle Vampire, la Mascarade en particulier…
Mettant en scène des vampires intéressants et bien écrits ce récit de Danilo Beyruth alterne avec art scènes intimistes et scènes d’action débridée pour un récit remarquablement bien construit qui parvient à faire monter la tension pour un final impressionnant riche en surprise… et en émotion…
- Tu as un gros problème on dirait. C’est toujours le même gars ?
- Oui, il est venu avec des amis.
- Cette manie de t’isoler aussi…
- Victor, peux-tu éviter les sermons, là ?... J’ai vraiment besoin de m’alimenter.Victor et Héléna