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Rouges Estampes
Rouges Estampes



Fiche descriptive

Histoire

Jean-Louis Robert, Carole Trébor

Nicola Gobbi

Nicola Gobbi

Steinkis

04 Mars 2021


19€

9782368463536

Chronique

Paris, mars 1871. Raoul Avoir, un artiste graveur, s'est engagé dans la garde nationale pour défendre Paris contre les Prussiens pendant l'automne 1870. Lors de la Commune, il est nommé à la tête du commissariat du XIVe arrondissement et se trouve confronté à une série de meurtres atroces.

Il commence à mener l'enquête parallèlement à ses devoirs envers la Commune. Son sens de l'observation et du dessin l'aident à trouver des pistes. Et la découverte du coupable devient peu à peu pour lui une obsession.
un excellent album!


L’artiste et l’assassin
Rouges Estampes, planche de l'album © Steinkis / Gobbi / Robert / TréborAprès la cinglante défaite de Napoléon III, les Prussiens ont assiégé la capitale et obtenu du gouvernement provisoire de défiler dans Paris en vainqueur… Récemment réélue, l’Assemblée décide de s’installer à Versailles et met fin au moratoire les taxes et les loyers ainsi qu’à l’indemnité journalière de la Garde Nationale qui s’était porté volontaire pour défendre la capitale, exacerbant les tensions… L’atmosphère s’échauffe et, le 18 mars 1871, lorsque Thiers tente de reprendre les canons financés par les parisiens, ces derniers s’y opposent fermement et les soldats refusent de tirer sur le peuple… Quelques jours plus tard, la Commune de Paris sera proclamée…

Raoul Avoir, artiste graveur, s’était engagé dans la Garde Nationale pour défendre Paris contre les Prussiens pendant l’automne 1870. Nommé à la tête du commissariat du XIVe arrondissement avec l’avènement de la Commune, il est chargé de faire appliquer les premières mesures sociales prises pour améliorer le quotidien des parisiens tout en traquant un assassin qui profite du désordre occasionné par la Commune pour tuer et mettre en scène ses meurtres de façon particulièrement macabre…


Rouges Estampes, planche de l'album © Steinkis / Gobbi / Robert / Trébor
roman graphique en rouge et noir
L’historien et professeur Jean-Louis Robert associe sa plume à celle de Carole Trébor, que l’on connaît surtout pour son travail en littérature jeunesse, pour tisser une enquête policière qui nous entraîne au cœur même du Paris de la Commune…

Alors que l’on célèbre à pas très feutré le 150e anniversaire de ce soulèvement populaire qui a vu en quelques semaines des avancées sociales qu’il aura parfois fallu attendre des décennies avant qu’elles ne s’inscrivent dans la durée, cet album s’avère particulièrement édifiant… Car, non content de signer un polar inquiétant avec un sériel-killer aux mises en scènes artistiques et sanglantes, les auteurs esquissent le portrait d’hommes et de femmes qui ont pris part à la Commune et, ce faisant, brossent le portrait saisissant d’une époque où tout semblait possible…

La structure narrative rend l’album plus immersif encore : le narrateur n’est autre que Raoul Avoir qui, après la Semaine Sanglante qui marque la fin de la Commune. L’homme ne regrette rien de ses engagements et, attendant son jugement sur le ponton d’un navire prison mouillant dans la rade de Brest, écrit à sa mère pour lui relater son engagement et montrer que, bien que renié par son père pour avoir abandonné ses études et frayé avec les communards, il est resté un homme de bien, avec des convictions de justice et d’égalité chevillées au corps. Rouges Estampes, planche de l'album © Steinkis / Gobbi / Robert / TréborSon quotidien est rythmé par les évènements qui deviendront historique, donnant à voir la Commune à hauteur de ceux qui l’ont rêvé et bâti…
Les auteurs mettent l’accent sur les artistes, qui furent nombreux à prendre fait et cause pour la Commune, et sur les femmes célèbres ou anonymes qui s’y investirent avec cœur et conviction pour avoir enfin droit de cité… La Victorine que l’on croise dans l’album est-elle la même que celle dont Raphaël Meyssan, l’auteur des Damnés de la Commune cherche à retrouver la trace ? On a envie de le croire… D’autant que Jean-Louis Robert travailla comme conseiller historique sur le film d’animation tiré de la trilogie…

Le dessin de Nicola Gobbi, dont nous avions apprécié son travail sur Rouge passé, histoire d'une rédemption, est d’une délicatesse confondante. Le dessinateur italien a su conserver toute la force et l’énergie des crayonnés avec un travail de hachures saisissant qui structure chaque case. Son usage parcimonieux de la couleur s’avère un temps déroutant mais apparaît comme particulièrement subtil une fois l’œil habitué… Son trait redonne vie à ce Paris insurrectionnel et à la misère dans laquelle vivaient de nombreux parisiens… Le soin apporté aux décors lui permet de retranscrire avec précision leur quotidien, rendant leur destin plus poignant encore… D’autant que l’artiste parvient à retranscrire avec force les émotions qui sont les leurs : la tendre complicité entre Raoul et Nathalie, sa compagne institutrice, la nonchalance gavrochienne du Piaf ou l’horreur que l’on peut lire dans les yeux de l’artiste quand il découvre chaque scène de crime…
Rouges Estampes, planche de l'album © Steinkis / Gobbi / Robert / Trébor
Mêlant évènements et personnages fictionnels et historiques, Rouges Estampes entraîne le lecteur au cœur de la Commune de Paris pour une enquête sordide…

Les auteurs, Carole Trébor et Jean-Louis Robert, historien passionné par la période, tissent un récit captivant qui dépeint le quotidien des parisiens à travers les yeux de Raoul Avoir, artiste graveur devenu commissaire du XIVe arrondissement… Attendant son sort sur le ponton de l’Austerlitz, bateau prison mouillant dans la rade de Brest, il rédige une lettre à sa mère pour revenir sur les évènement dont il a été l’acteur et le témoin : des réformes sociales édictée par l’éphémère Commune en passant par cette série de crimes sanglant sur laquelle il du enquêter… Vif et délicat, le dessin de Nicola Gobbi confère à l’album une identité graphique forte tout en faisant avec art et finesse leur part d’humanité…

Un album édifiant et captivant qui ravira les amateurs d’histoire et de polars… Mais aussi et surtout les lecteurs désireux d’en apprendre plus sur cette période peu étudiée à l’école…


C’est étonnant que la presse n’ait pas parlé de ce crime… Peut-être la police a préféré rester discrète. J’en parlerai aux copains, y’en a peut-être qui connaissaient cette jeune femme ?Raoul Avoir

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.