777. Fils de Pépin le Bref et petit fils de Charles Martel, Karolus Magnus a considérablement accru le royaume dont il a hérité.
Sollicité par un émissaire de Suleyman ibn al-Arabi, Wali de Barcelone, alors en rébellion contre l'émirat de Cordoue, le roi Franc décide de mener son armée de l’autre côté des Pyrénées lors du Champ de Mai de Chasseneuil. Mais, pour ce faire, il va devoir franchir les territoires vascon où beaucoup ne reconnaissent pas l’autorité de Karolus Magnus et rêvent de remettre sur le trône ducal son héritier légitime…
Beaucoup garde de Charlemagne l’image d’Epinal : l’empereur à la barbe fleurie couronné à Rome à l’an 800 et à qui on doit d’avoir dû, enfant, aller perdre son temps sur les bancs de l’école… sans oublier le fameux épisode de Roland et de sa fidèle Durandal… Jean-Claude Bartoll balaye comme il se doit les clichés et entraîne les lecteurs au cœur d’une époque violente, sombre et barbare…
La somptueuse couverture de l’album donne d’ailleurs d’emblée le ton : le récit sera violent, ou ne sera pas…
Difficile de ne pas être impressionné par le trait puissant d’Eon qui signe pourtant avec
L’Otage Vascon son premier album… Son découpage pertinent rend la lecture de l’album particulièrement fluide alors que les couleurs lumineuses qu’il signe avec Simona Rossi soulignent efficacement les différentes ambiances qui baignent le récit… Le dessinateur redonne vie aux différentes civilisations qui se rencontre et s’affrontent, des palais francs aux Etats pontificaux avec une petite escale à Bagdad… On pourra cependant s’étonner que Karolus Magnus trône vêtu d’une côte de maille et coiffé d’un heaume… mais l’ensemble semble néanmoins crédible et cohérent…
Côté scénario, l’histoire tissée par Jean-Claude Bartoll nous donne à voir la complexité d’une époque où se nouent des alliances à priori contre nature… A partir de motifs historiques avérés et quelques approximation (Paderborn, capitale du royaume Franc ?), le scénariste tisse un récit fictionnel dans l’esprit de Dumas, introduisant le personnage Artza d’Ossau, héritier du duché Vascon qui fut retenue comme otage par Charlemagne avant qu’il ne parvienne à s’enfuir du monastère où il fut enfermé à l’âge de huit ans…
Comprenant que ses terres et son peuple vont être pris entre le marteau franc et l’enclume sarrasine, il n’aura de cesse que de regagner ses terres pour organiser leur défense… Ce récit fictionnel s’inscrit parfaitement dans la trame historique avec les deux armées franques qui s’apprêtent à franchir les Pyrénées pour converger faire Saragosse dont, on le sait, les portes resteront closes… Remontant vers la Francie, son arrière-garde sera attaquée et s’en suivra le fameux épisode de la Bataille de Roncevaux, relatée par Éginhard dans sa
Vita Karoli Magni…
Transportant le lecteur dans une période aussi méconnue que sombre et violente, le scénario de Jean-Claude Bartoll met en scène un Charlemagne désireux d’agrandir son royaume et d’étendre son influence sur l’Europe occidentale…
Mêlant faits historiques et récit fictionnel dans la plus pure tradition dumasienne, Karolus Magnus, l’empereur des barbares est mis en image par le trait puissant d’Eon qui signe un premier album parfaitement maîtrisé… Dans ce premier opus, les auteurs parviennent à retranscrire l’instabilité et la complexité d’une époque…
Les armées du grand Charles progressent vers les Pyrénées… L’histoire est en marche et bientôt, à Ronceveau, résonnera le cor de Roland, préfet de la Marche de Bretagne…
Vous entendez l’abbé ? Les contes et les ducs des marches du Royaume arrivent pour l’assemblée des hommes libres. Venez nous y rejoindre et vous connaîtrez ma réponse à sa saintetéKarolus Magnus