Paris, 1642… Après son séjour au Nouveau Monde, Ariane de Troïl est de retour dans la capitale du Royaume de France, accompagnée de son mari, Beau-Ténébreux, de son Amant, Germain Grandpin et de son père, Gabriel de Troïl qui, en d’autres temps et en d’autres lieux, porta le masque de l’Epervier…
Alors qu’elle cherchait à renouer contact avec Ninon de L’Enclos, la fille qu’elle a conçu avec Germain, Gaston, turbulent frère du Roy apprend à Ariane que son fils, né d’une éphémère passion avec Louis le Treizième et qui lui avait été arraché le jour même de sa naissance, était toujours en vie… Dès lors, l’indomptable jeune femme et ses compagnons n’auront de cesse que de retrouver ses deux enfants, qui ignorent tout de leur ascendance…
Sans le savoir, Ariane et ses compagnons allaient se retrouver mêlés à un vaste complot visant le Premier Ministre du Roy, l’éminent Cardinal de Richelieu…
A l’heure où les héros du neuvième art étaient incarnés par des hommes, souvent virils, Ariane de Troïl était déjà une héroïne… Née dans les pages de Pif Gadget sous le fameux et élégant masque-rouge, elle a donné le goût de l’histoire aux jeunes lecteurs, avant de se poursuivre dans les 7 Vies de l’Epervier qui se déclinent désormais en plusieurs cycles…
S’inscrivant dans la tradition dumasienne, Patrick Cothias inscrit son histoire en mage de la Grande Histoire, mélangeant avec audace personnages historiques et fictionnels pour créer une série aux multiples ramifications qui ne cesse de nous surprendre et de nous envoûter… Rares sont les séries se déroulant sur une si longue période et offrant à ses personnages la possibilité d’évoluer, de changer, et de s’affirmer, dans un monde souvent hostile… Après avoir subi les évènements dans les premiers cycle, la désormais Baronne de Troïl semble prendre enfin son destin en main, pour le meilleur… mais aussi pour le pire…
En talentueux conteur, Patrick Cothias sais charmer son auditoire avec un récit choral parfaitement orchestré qui voir Ariane et ses compagnon de mésaventure se séparer pour servir sa cause : tandis qu’elle fait route vers Narbonne pour y rencontrer le Roy, l’un part pour l’Italie pour recueillir les dires de la Reine Mère, Marie de Médicis; l’autre se rapproche du Cardinal de Richelieu alors que le troisième va tenter de tirer les vers du nez de la Reine… tous s’efforçant de recueillir des informations sur ce royal bâtard… A travers ce récit d’une exquise lenteur, le scénariste nous peint un portrait saisissant d’une époque troublée riches en complots…
André Juillard signe une nouvelle fois un album en tous points remarquable. Chargée de mélancolie, la couverture montrant Ariane de Troïl désabusée devant ces massacres inutiles, est une petite merveille de composition qui met en exergue le titre de l’album qui paraphrase les derniers mots de Cinq-Mars sur l’échafaud, immortalisés par Alfred De Vigny. Ses planches sont comme de coutume somptueuses, portées par un trait d’une rare élégance et une mise en couleur subtilement nuancée. Le superbe cahier graphique qui referme l’album donne la mesure du talent de cet artiste hors norme qui s’apprête à passer la main au talentueux Milan Jovanovic dont les premières esquisses aperçues sur le net ne peuvent que nous ravir.
Amorcée à l’aube des années 80, la série des 7 Vie de l’Epervier constitue indéniablement une des grandes œuvres du neuvième art…
Avec cette série mêlant avec art petite et grande histoire dans l’esprit romanesque d’Alexandre Dumas, Patrick Cothias a étendu des ramifications dans de multiples séries et fait subtilement évoluer ses personnages au fil des tomes… L’album est somptueusement mis en image par le trait élégant et les couleurs subtiles d’André Juillard. Marqué par les sceaux du drame et de la tragédie et baigné d’une sombre atmosphère de complots savamment orchestrés, Qu’est-ce que ce monde se déroule sur un rythme délicieusement lancinant, entraînant les protagonistes dans les coulisses d’une exécution annoncée…
Ce treizième opus des 7 Vies de l’Epervier s’avère d’autant plus mélancolique qu’il sera le dernier signé par André Juillard… L’artiste tire sa révérence et passe le relais au talentueux Milan Jovanovic… Une page se tourne… mais l’aventure continue !
L4histoire a commencé comme un conte de fées… Il était une fois un triste souverain de 20 ans, malheureux en ménage, et une jolie baronnette du même âge, aux allures de garçon manqué…Gaston d’Orléans
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