Fiche descriptive Policier Vincent Zabus Thomas Campi Thomas Campi Delcourt Hors Collection 22 Septembre 2021 18€95
9782413036654 Chronique Autopsie d'un imposteur La (tragi)comédie humaine |
1957. Né dans une famille pauvre, Louis Dansart rêve de faire partie de grande bourgeoisie. Dans sa chambre mansardée, il étudie le droit avec acharnement, à peine distrait par sa voisine qui se donne parfois à lui tandis qu’elle se vend aux autres. Chaque jour, arpentant les quartiers chics de la ville, il observe avec envie les bourgeois et leurs délicieuses manières, scrutant le moindre de leurs tics pour pouvoir les reproduire et tenter de leur ressembler et de devenir l’un des leurs… Chaque jour, il rêve de l’exposition universelle de 1958 qui marquera, il le sait, la concrétisation de son rêve… Mais peut-on réellement s’extraire de sa condition ? La sortie d’un nouvel album de Vincent Zabus et Thomas Campi est en soit un petit évènement. Des Petites Gens en passant par les larmes du Seigneur Afghan, du surréaliste Magritte, Ceci n'est pas une biographie en passant par l’intimiste Macaroni !, sans oublier le formidable l’Eveil, ces auteurs ont signé des albums particulièrement originaux et envoûtants… Ils reviennent avec Autopsie d’un Imposteur, histoire d’un provincial ambitieux monté à la capitale avec la ferme intension de faire sa place dans la haute société… Louis Dansart, un Rastignac tragicomique Prêt à tout pour réussir, le jeune Louis Dansart n’est bien sûr pas sans évoquer Eugène de Rastignac de la Comédie Humaine de Balzac, archétype même de l’arriviste… De nombreuses similitudes existent entre le jeune Louis et le héros balzacien. Tous deux étudient le droit, séduisent pour réussir et nourrissent des ambitions démesurées… Mais, alors que tout va sourire à Rastignac, Dansart va aller de désillusions en désillusions, aiguillé par le narrateur qui tente, vainement, de le ramener à la raison… Mais c’est peine perdue… et de renoncements en renoncements, de compromissions en compromissions, Louis va peu à peu hypothéquer ses maigres chances de réaliser son rêve de devenir l’un de ces jeunes hommes élégants de la haute bourgeoisie… Mais ce n’est pas tant la société qui l’empêche de devenir ce à quoi il aspire… mais l’image qu’il a de lui-même et ses certitudes que ses origines humbles se lisent sur son visage et dans ses attitudes… et de n’être, finalement, qu’une imposture…Si le scénario flirte parfois avec le surréalisme avec ce narrateur qui s’adresse directement au héros, brisant à sa façon le quatrième mur, le dessin semi-réaliste de Thomas Campi s’avère une fois encore particulièrement envoûtant. Son trait plein de douceur esquisse avec subtilité le portrait des différents personnages étranges et baroques qui traversent ce récit et vont accompagner Louis dans sa lente ascension comme dans sa chute vertigineuse… Sobre mais efficace, le découpage s’inscrit dans une veine classique, jouant avec art de la temporalité avec des illustrations pleines page qui viennent rythmer l’histoire et poser le décor de la scène qui va suivre, conférant au récit une dimension délicieusement théâtrale. Difficile de ne pas tomber sous le charme des couleurs envoûtantes et lumineuses qui subliment chaque case et la façon dont l’artiste sculpte la lumière pour qu’elle accroche les visages et souligne les silhouettes des différents personnages qui gravitent autour de Louis Dansart et ne semble qu’être les figurants de sa propre vie… Après leur fascinant Eveil, gros coup de cœur de la rédaction, Vincent Zabus retrouve son complice Thomas Campi pour une jubilatoire réinterprétation tragicomique du Rastignac de Balzac… On y suit les tribulations de l’ambitieux Louis Dansart, prêt à tout pour accomplir son rêve de devenir l’un de ces riches bourgeois qui le fascinent et qu’il envie… Mais, contrairement à Rastignac, le jeune homme va aller de désillusions en désillusions sans parvenir à se défaire de ses oripeaux de provincial, voyant ses aspirations se diluer peu à peu… Somptueusement mis en image par l’impressionnant Thomas Campi dont le trait sensible et les couleurs délicates font une nouvelle fois merveille, Autopsie d'un imposteur nous propose un conte amoral aux accents théâtraux flirtant avec le surréalisme dans la forme et délicieusement tragique sur le fond… - Je t’avais prévenu.
|
||||