14 mai 1610. Le carrosse royal s’engage dans la rue de la Ferronnerie où un homme armé d’un poignard l’attend patiemment. Lorsque le carrosse est bloqué par un encombrement, l’homme saute sur le marchepied et poignarde par trois fois le bon roi Henri… Son nom ? François Ravaillac. Fort heureusement, le vert galant n’était pas dans le carrosse, remplacé par un mannequin de paille…Prestement arrêté, Ravaillac meurt sous les coups d’agresseurs bien décidés à venger le régicide… ou à le faire taire…
Jean-François Rapine et un bien étrange abbé vont mener l’enquête et tenter de démêler les fils de cet écheveau complexe et tortueux qui le mèneront bientôt dans les alcôves du pouvoir : et si l’instigatrice de ce vingt-cinquième attentat contre le Roi Henri n’était autre que son ancienne épouse, la Reine Margot ?
Le tragique épisode de l’assassinat d’ Henri IV par Ravaillac, fervent catholique à la santé mentale vacillante, fait partie des images d’Epinal de l’Histoire de France.
Lors de son procès, on a conclu à l’acte isolé d’un fanatique mais bon nombre d’historien se sont engouffré dans la brèche pour y voir un complot politique où tremperaient quelques puissants du royaume…
Fidèle à l’esprit de Jour J, série fascinante, Fred Duval et son comparse Jean-Pierre Pécau revisitent ce tragique évènement sous forme d’une uchronie où le meurtrier aurait échoué… S’en suit alors une enquête ciselée qui révèlera un complot tout autre que celui auquel on aurait pu penser… Alternant enquête et scène d’action, le récit met en scène deux investigateurs interlopes : Jean-François Rapine, un ancien assassin devenu agent du roi, et un mystérieux abbé qui sait, quand il le faut, manier l’épée avec efficacité et une dextérité confondante… Par le truchement de flashbacks, les auteurs nous entraînent dans les coulisses de l’histoire, de l’assassinat manqué contre l’Amiral Coligny du 22 août 1572 dont ils éclairent le mystère au massacre de la Saint Barthélémy qui s’en suivit… Fidèle à ce qu’aurait pu être l’histoire si Henri IV n’avait pas succombé à la lame de Ravaillac, ils mettent en scène la guerre que préparait me souverain qui, prétextant quelques querelles avec les Habsbourg, s’apprêtait à marcher sur Bruxelles pour coucher dans son lit la jeune Charlotte de Montmorency qui y avait trouvé refuge avec son mari…
Cet enchevêtrement d’éléments fictionnels et historiques confère tout son sel et toute sa cohérence à ce quarante-cinquième opus du Jour J. Les auteurs nous proposent par ailleurs un dénouement inattendu à l’Affaire Ravaillac, jouant avec l’image de coureur de jupons qui colle à Henri IV dans l’imagination populaire alors que la fin tragique de l’album lui confère une dimension sombrement romanesque.
Signée par Ugo Pinson et Fred Blanchard, la couverture est, on pouvait s’en douter, de toute beauté. Il faudrait un jour réaliser une exposition des couvertures réalisée par Ugo Pinson tant elles s’avèrent somptueuses.
Rehaussé par les couleurs soignées de Scarlett Smulkowski, Marco Bianchini nous livre un album généreux porté par un découpage efficace qui nous entraîne dans les rues boueuses du Paris de l’aube du XVIIe siècle. Malgré quelques rares erreurs (tel ce carrosse rouge et noir censément tiré par quatre chevaux ne l’est que par deux… à moins que, s’étant cogné à un madrier trop bas ait vu ses souvenirs embrumés), la narration est impeccable et ses scènes de combats, incisives et mortelles, posent une savoureuse atmosphère, inscrivant le récit dans la plus pur tradition des récits de cape et d’épée.
Fred Duval et Jean-Pierre Pécau associent leur plume à Marco Bianchini pour nous entraîner à l’aube du XVIIe siècle.
L’album s’ouvre sur l’assassinat manqué d’Henri IV par Ravaillac qui sera tué peu après. Jean-François Rapine et son ami l’abbé vont mener l’enquête pour en connaître les commanditaires.
Mêlant sans vergogne figures historiques et personnages fictifs, les auteurs tissent un récit de cape et d’épée alternant scènes d’enquêtes et scènes d’action sur un rythme effréné. Entraînant le lecteur dans les coulisses de l’un des crimes les plus emblématiques de l’histoire de France pour une savoureuse uchronie, L’Affaire Ravaillac s’avère être un excellent titre de la collection Jour J…
- Votre opinion, curé ?
- On voulait couvrir sa fuite… ou le faire taire…
- Ou encore faire justice.
- Ca ne fait guère que la vingt-cinquième fois qu’on veut trouer la panse de Navarre, on devrait avoir pris l’habitude.dialogue entre Rapine et l’Abbé