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Sangoma, les damnés de Cape Town
Sangoma, les damnés de Cape Town



Fiche descriptive

Policier

Caryl Férey

Corentin Rouge

Corentin Rouge, Alexandre Boucq

Glénat

24X32

3 novembre 2021


25€

9782344034200

Chronique
Sangoma, les damnés de Cape Town
Sombre et violent

En Afrique du Sud, une vingtaine d'années après l'Apartheid, les cicatrices laissées par l'ancien système peinent à se refermer. Le racisme n'est plus institutionnalisé mais les inégalités toujours présentes et la population divisée entre les propriétaires blancs et les ouvriers noirs. Dans ce contexte, Sam est retrouvé mort sur les terres de la ferme des Pienaar, ses employeurs.

Le lieutenant Shepperd - esprit léger, avisé autant que séducteur et tête brûlée - est chargé de saisir les enjeux qui auront mené au drame. L'enquête s'alourdit bientôt d'éléments disparates : conflits et secrets familiaux, recours à la sorcellerie, disparition d'un bambin dans le voisinage... Tandis que Shane Shepperd lutte tant bien que mal contre les silences et les mensonges de ses interlocuteurs, en toile de fond, le parlement est le théâtre d'oppositions rongeant la nation sud-africaine...

La réforme agraire visant à redistribuer les terres usurpées du temps de l'apartheid provoque les débats et souligne les tensions des partis radicaux. Bientôt, les deux camps en appelleront à la violence.
un chef d'oeuvre!


Sombre et violent
Sangoma, les damnés de Cape Town, planche de l'album © Glénat / Rouge / Férey / BoucqAfrique de Sud. Si l’Apartheid n’est plus depuis près d’un quart de siècle, elle a laissé des blessures béantes dans la société. Le racisme n’est plus institutionnalisé mais des inégalités criantes persistent : les riches propriétaires restent les blancs et la population noire n’a d’autre choix que de travailler pour eux, souvent dans des conditions indignes…

Alors que les débats sur la réforme agraire destinée à redistribuer les terres usurpées au temps de l’Apartheid créent de vives tensions dans la société, des fermes sont, incendiées exacerbant les haines entre les communautés et provoquant de vives altercations au sein même du parlement.

C’est dans ce contexte explosif que Sam, un ouvrier noir travaillant dans le vignoble des Pienaar est retrouvé mort. Le lieutenant Shepperd, est chargé de l’enquête, louvoyant entre secrets de famille, sorcellerie et conflit entre les communautés pour démêler cet écheveau en apparence inextricable.


Sangoma, les damnés de Cape Town, planche de l'album © Glénat / Rouge / Férey / Boucq
Un polar sombre et angoissant qui brosse le complexe portrait d’un pays déchiré
Auteur de polar reconnu et qui couronné du Prix SNCF du polar en 2005 pour Utu et du Grand prix de littérature policière pour Zulu en 2008, Caryl Férey est connu pour ancrer ses histoire, sombres et complexes, dans un contexte social et politique particulièrement tourmenté, de la Nouvelle-Zélande à l’Argentine en passant par la Colombie et le Chili. Sangoma, les damnés de Cape Town marque tant le retour du romancier en Afrique du Sud que dans le neuvième art qu’il avait déjà exploré, notamment avec Maori dessiné par Giuseppe Camuncoli. Pour l’occasion, il associe sa plume aux cayon de l’impressionnant Corentin Rouge qui, outre d’excellents westerns, a signé de remarquables polars, tels Rio ou Juarez

Pour les amateurs de polars, l’association de ces deux pointures dans leurs domaines respectifs ne pouvait qu’aiguiser notre attention… Comment ne pas être impressionné par la somptueuse couverture de l’album, avec une scène ancrée de prime abord dans une réalité bien définie, alors que le regard du haut de la couverture fait planer sur la scène une atmosphère étrangement dérangeante, étrangement irréelle et chargées de maléfices. Dès la première séquence, le dessin réaliste de Corentin Rouge pose avec force une atmosphère oppressante et retranscrit la violence une qui innerve une société qui peine à panser ses plaies.

Sangoma, les damnés de Cape Town, planche de l'album © Glénat / Rouge / Férey / Boucq
Un dessin somptueux et réaliste au service d’une histoire ciselée
Remarquablement orchestré, le flashback ouvrant l’album donne d’emblée la tonalité de l’album tant par le remarquable trait réaliste du dessinateur que par son sens du cadrage et de la composition qui donne au lecteur la furieuse impression de visionner un thriller sur grand écran. L’artiste retranscrit de façon saisissante tant les intérieurs luxueux que les ambiances inquiétantes d’un township où la violence est plus prégnante encore qu’ailleurs ou le parlement au sein duquel se joue le destin d’une nation menacée d’implosion. Chacun de ses personnages, qu’ils soient horripilants, attachants, détestables ou inquiétants, s’avère remarquablement bien campé, apportant à ce récit nerveux et immersif cette crédibilité et ce réalisme qui fait les grandes histoires… On ne peut que souligner le formidable travail réalisé à quatre main par Corentin Rouge et Alexandre Boucq dont les couleurs somptueuses sont pour beaucoup dans l’impact visuel et narratif de l’album.

Comme de coutume, Caryl Férey fait montre d’un saisissant talent pour développer un polar solidement charpenté porté par des personnages complexes et remarquablement bien écrits tout en installant de façon précise et détaillée un background riche et foisonnant qui retranscrit toute la complexité d’un pays déchiré et morcelé et offre une résonnance unique à son récit. Explorant les bas-fonds de Cape Town comme celle de l’âme humaine, mêlant avec une habilité diabolique politique, tragédie familiale, meurtre et sorcellerie, le romancier signe un polar solidement documenté aussi dérangeant qu’envoûtant qui tiendra le lecteur en haleine d’un bout à l’autre des 150 de cet album coup de poing…

On s’attache d’emblée à son lieutenant Shepperd que l’on découvre tout d’abord dans une bien fâcheuse posture. Malgré son aspect tête-brûlé qui le mettra parfois dans de bien fâcheuses situations, le policier s’avère particulièrement lucide et s’affirme comme un enquêteur chevronné qui sait exploiter chaque piste pour faire éclore la vérité. Ciselés et percutants, les dialogues et les répliques cinglantes de Shepperd apportent une petite touche humoristique à un récit particulièrement sombre et violent…
Sangoma, les damnés de Cape Town, double planche de l'album © Glénat / Rouge / Férey / Boucq
Pour la petite histoire, Sangoma est le nom donné aux guérisseurs pratiquant la médecine traditionnelle ancestrale dans l’Afrique australe et qui sont de nos jours encore consultés par une bonne partie de la population...

Sangoma, les damnés de Cape Town, planche de l'album © Glénat / Rouge / Férey / BoucqAvec Sangoma, les damnés de Cape Town, Caryl Férey et Corentin Rouge nous entraîne dans une Afrique du Sud post-l’Apartheid pour un polar sombre et tourmenté qui brosse un portrait sans concession d’un pays encore marqué par les stigmates de son passé.

Porté par une mise en scène au cordeau, un dessin réaliste virtuose, des personnages complexes et cohérents, des dialogues percutants et une intrigue chorale finement ciselée, les auteurs signent un excellent polar mêlant politique, sorcellerie, problématiques sociales et secrets de famille sur fond de haine et de racisme…

Au vu des qualités graphiques et scénaristiques de l’album, on ne peut qu’espérer que les deux auteurs conjugueront une nouvelle fois leur talent dans un avenir proche… En attendant, si vous aimez les polars sombres, violents et tourmentés, ne faites pas l’impasse sur celui-ci qui s’avère d’ores et déjà incontournable…


- Je me demande parfois pourquoi je couche avec toi.
- Parce que je suis blanc et que tu as quelque chose à prouver à ton père.
- Depuis quand tu fais de la psychologie ?
- Depuis que tu baises avec des vieux.
- Tu es jaloux ?
- D’un réac comme VDW ? Ça ferait mal. Pourquoi tu t’amuses à ça ? Ton père est un mec bien. Tu imagines s’il apprenait que tu couches avec son pire ennemi ?dialogue entre Amy et Shepperd

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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COPS se propose de vous entraîner dans un proche futur, celui de la Californie des années 2030. Jeune recrue fraîchement émoulue de l'Académie de Police, fils à papa pistonné, ex-fédéral ou vétéran issu de la police ou de l'armée, c'est à vous désormais de combattre le crime sous toutes ses formes au coeur de la Cité des Anges, en intégrant les rangs de l'unité COPS - Central Organisation for Public Security, élite et vitrine d'un LAPD à bout de souffle. ...