Et voilà le second opus de l’Ombre de l’Echafaud, servi par le tandem Masbou – Cerqueira qui ont embarqué Siel sur leur bicyclette pour seconder le dessinateur pour la colorisation… Cette série s’inspire allégrement de Fantomas, d’Arsène Lupin, des Brigades du Tigre et de toute la littérature qui florissait aux début du siècle dernier et glisse de plus en plus vers le fantastique avec ce second opus…

Les auteurs jonglent ici encore et avec une aisance peu commune avec l’horreur des scènes sanglantes et les répliques burlesques à la manière du Grand Gignol crée par Oscar Méténier…

Le dessin de Cerqueira, toujours aussi riche et fouillé, parvient à plonger lecteur dans l’ambiance de la France de la Belle Epoque où se côtoient superstitions campagnardes, spiritisme et génies du mal… Les personnages auquel il donne vie et les décors semblent tout droit sortis de notre imaginaire, puisant sans vergogne dans les clichés, les trognes et les lieux qui nous hantent lorsqu’on fait référence à cette époque… Le tout servi par un lettrage particulièrement soigné, style Art Nouveau…

Mais le point fort de cet album se situe au niveau de la narratif. Les évènements ne sont pas racontés de façon linéaires. Il n’y a pas à proprement parler de personnages principaux mais de multiples personnages dont on suit la vie, par bribe, à la manière des romans feuilleton, pour tenir le lecteur en haleine. La multiplicité des personnages, et donc des intrigues, contribue à immerger le lecteur dans cette Belle Epoque décalée où le fantastique n’est jamais loin… La gageure pour les auteurs étant de maintenir le rythme de l’album en alternant points de vues, intrigues et personnages… Pari réussit !

L’utilisation de l’Ombre de l’Echafaud, journal à sensation faisant ses gros titres sur les faits divers populaire vient rythmer l’album. Mise en scène de façon théâtrale à la façon de celle du Petit Journal qu’il parodie, ses « unes » accentuent l’immersion dans l’univers étrange et fantastique de la série.
Une bonne BD dont on attend une fois de plus la suite avec impatience!



Créé à Pigalle en 1897 par Oscar Méténier le Grand-Guignol avait pour objectif d’introduire prostituées et malfrats au-delà du rideau rouge, lequel était voué à être éclaboussé du sang des scènes les plus violentes et les plus gores… Le tout en suscitant le rire compensateur d’un public habilement mis en condition par l’excès même des rituels du crime annoncé au premier degré…



Evidemment, l’ambiance de la BD rappelle cette de Maléfices, le jeu qui sent le souffre, récemment revenu à la vie… Il est d’ailleurs intéressant de savoir que le scénario de l’Ombre de l’Echafaud était avant tout un scénario de jeu de rôle, certes remanié, mais conservant ses principaux personnages…