Après avoir écrasé les barbares aux confins de l’Empire, c’est en général victorieux qu’Araes, fils de sénateur, revient à Xénia la Blanche, capitale de l’empire, pour réclamer son dû.

Acclamé par la foule lors de son triomphe, il exige de l’Empereur qu’il le nomme Premier Général afin de redonner à l’empire son lustre d’antan et n’hésite pas à jeter par-dessus une balustrade du palais impérial un conseiller qui l’accusait de traîtrise. L’Empereur le remercie pour ses services mais lui ordonne de reprendre la mer, conscient qu’il menace son pouvoir. Alors que le Sénat mandate son père pour raisonner son fils, Araes le décapite… L’empereur pose alors un ultimatum aux hommes du général séditieux : ils ont jusqu’à l’aube pour abandonner leur chef et rejoindre les rangs de l’armée impériale, provoquant la colère d’Araes qui décide de lâcher sur la cité impériale les guerriers barbares enfermés dans ses cales. Ces derniers se livrent alors aux pires exactions, devant les yeux horrifiés de Enarya la sorcière qui tente de raisonner son amant… Mais rien n’y fait…

De son côté, Navel, après avoir tenté vainement de renouer avec sa famille, tente de raisonner ses anciens compagnons pour qu’ils arrêtent Araes, mais sans succès… Dans la violence et la fureur qui s’empare de la cité, il s’enfuit avec sa fille, sans savoir que sa femme a miraculeusement échappé au massacre et aux incendies… Leur vie et le sort de l’empire de Némès est en train de se jouer dans une ville impériale ravagée…

Scénariste et romancier à succès, Gabriel Katz s’essaye à la bande-dessinée. Pour sa première série, qui fait partie des albums qui ont inauguré la maison d’Edition Drakoo, il s’inspire de l’histoire antique avec un général victorieux, auréolé de gloire, franchissant le rubicon pour réclamer son dû… Mais si le contexte ainsi dépeint évoque la guerre civile qu’entraîna le coup d’état de César marchant sur la République, le déroulé du récit fait montre des talents narratifs de l’auteur qui structure son récit autour de personnages intéressants, bien que par trop archétypaux.

Mais sa série n’en reste pas moins intéressant avec ces deux personnages de premier plans qui ne vont pas nécessairement occuper les premiers rôles qu’on leur pensait dus… Grâce à des récits alternés bien maîtrisés, le scénariste impulse un rythme pour le moins soutenu à ce troisième tome, avec différentes factions qui vont tenter de prendre le pouvoir, de le conserver ou d’empêcher un cruel général de mettre la ville à feux et à sang. La conclusion de cette tragédie antique qui s’achève dans un déchaînement de violence et de magie, est pour le moins inattendue, redistribuant les cartes à la dernière carte avec la dernière case de la dernière planche… L’Empire de Némès n’est plus mais autre chose est né sur ses ruines encore fumantes…

Stéphane Créty fait une nouvelle fois montre de ses talents de dessinateur en signant un album nerveux et dynamique découpé avec soin. La question se pose cependant : comment fait-il pour sortir tant d’album en si peu de temps ? L’efficacité de sa mise en scène est sans doute dû à son expérience dans l’animation : ses cadrages sont d’une redoutable efficacité et son sens du mouvement lui permet de retranscrire avec force la fureur et la violence des combats qui émaillent le récit. Les sombres couleurs d’Alessia Nocera mettent quant à elles joliment en valeur ses compositions tout en accentuant la dimension tragique et épique du récit.

La marche sur l'Empire referment leur triptyque antique, violent et romanesque signé Gabriel Katz et mis en image par l’impressionnant Stéphane Créty.

Revenu victorieux de la guerre, Araes entend recevoir son dû. Mais l’empereur ne cède pas à ce soldat ambitieux qui pourrait lui ravir le trône et ses provocations provoquent sa colère. Il libère ses prisonniers barbares qui ont tôt fait de déchaîner leur violence sur les habitants de Xénia la Blanche… Alors que Navel, son ancien compagnon d’arme, tente avec ses maigres moyens d’empêcher Araes de prendre le pouvoir, Enarya est horrifié par les massacres perpétrés dans la cité impériale…

Le dessin efficace et percutant de Stéphane Créty donne corps au récit de Gabriel Katz, première incursion du romancier dans le neuvième art et la chute inattendue de l’album lui confère un dimension et une saveur toute particulière…

- Je me demande si on ne devrait pas partir.
- Pour obéir à sa majesté l’empereur ?
- Non, pour éviter la guerre. Il ne cédera pas. Toi non plus. Ça ne peut que mal tourner.
- Je leur ai donné une chance. Si ça tourne mal, ce sera la faute des vieux singes du Sénat, pas la mienne.dialogue entre Enarya et Araes