Fiche descriptive Anticipation Claudio Alvarez Geraldo Borges Arthur Hesli Drakoo 02 Mars 2022 15€90
9782382330524 Chronique The Last Detective Cold Case |
Dans un futur proche, une nouvelle drogue de synthèse dérivée du vitrum fait des ravages dans toutes les couches de la société de l’état de New Amazonia. Une seule prise suffit à vous donner, pour quelques jours, la vie, dont vous rêvez : pouvoir, gloire, plaisir, beauté, elle vous offre tout cela et bien plus encore… Mais cela a un prix : cinq jours plus tard, vous mourrez dans d’atroce souffrance. A la tête des forces de l’ordre, la Commissaire Madureira a immédiatement fait le lien avec une affaire irrésolue vieille de vingt ans. Et pour cause ! Sa sœur, elle-même policière, a été abattue par Black Joao, le malfrat à la tête du trafic… Et tout cela à cause de Joe Santos, une légende de la police, qui a été incapable de la protéger… A contre-cœur, Madureira se laisse convaincre que seul Santos est à même de reprendre l’enquête et de mettre Black Joao hors d’état de nuire… Encore faut-il le retrouver ! Car après avoir été reconnu par la justice comme responsable de la mort de sa coéquipière et condamné à une lourde peine, l’ex-flic est parvenu à s’enfuir, sans doute avec la complicité d’anciens collègues… une enquête nerveuse dans un monde sombrement dystopique. Quelle surprise que de voir un comics intégrer le catalogue des dynamiques éditions Drakoo… Ce n’est certes pas la première incursion de l’éditeur dans le polar futuriste, Terence Trolley ayant inauguré le bal. Et lorsqu’on sait que Christophe Arleston, fondateur de Drakoo, fonctionne au coup de cœur, rien ne peut vraiment nous étonner !Le récit d’anticipation de Claudio Alvarez, auteur chilien jusque-là inconnu sous nos latitudes, s’inscrit clairement dans la mouvance dystopique cyberpunk, avec des implants cybernétiques venant pallier aux déficiences physiques ou améliorer les performances, des androïdes possédant une formidable capacité de calcul et d’analyse, des gangs mafieux qui se disputent les quartiers et la violence et la drogue irrigant les sombres ruelles des mégapoles. Mais l’auteur y apporte une note d’exotisme en transposant la mégapole où se déroule l’histoire au cœur de la jungle amazonienne. L’univers esquissé par le scénariste possède ainsi une composante exotique particulièrement dépaysante, d’autant que des coupures de presse viennent l’enrichir et le densifier, éclairant le lecteur sur ses spécificités ou sur le passé de tel ou tel personnage, sans nuire au déroulé du de l’intrigue. Les dialogues, souvent savoureux, s’inscrivent dans la plus pure tradition des buddy cop movies avec ce tandem d’enquêteur formé par un flic brut de décoffrage et un androïde un brin procédurier. Si l’enquête s’avère intéressante et cohérente, The Last Detective fait clairement la part belle à l’action échevelée, parfois au détriment de la crédibilité… Le scénario fonctionnerait tout aussi bien si la drogue de synthèse se contentait de donner l’illusion de beauté, gloire et autres fantasmes. Mais dans cet album, elle modifie réellement l’apparence des individus pour la correspondre aux canons de beauté ! Mais qu’importe en vérité, une fois accepté ces étrangetés scénaristiques, l’ensemble fonctionne à merveille et l’on suit avec un réel plaisir cette ancienne gloire de la police, indocile, bougon et au comportement limite suicidaire, dans son ultime enquête qui réserve bien des surprises… et de coups d’éclat ! Sans divulgâcher l’intrigue, les amateurs de cyberpunk apprécieront tout particulièrement l’approche de la robotique et la proximité au final très cohérente entre les membres cybernétiques et les androïdes… Le dessin de Geraldo Borges, bien connu des amateurs de comics, est quant à lui d’une efficacité redoutable. Son sens de la mise en scène et la composition impeccable de ses planches dynamisent le récit. Maîtrisant des codes du comics comme du polar à la perfection, l’artiste signe des séquences d’actions pour le moins explosives, à grands renforts de cadrages incisifs et percutants et d’effets pyrotechniques ébouriffants. Notons que la colorisation impeccable d’Arthur Hesli renforce et met joliment en valeur le travail de l’artiste. Premier comics édité par Drakoo, The Last Detective nous entraîne dans un récit nerveux et dynamique s’inscrivant dans la mouvance cyberpunk. Dans un monde sombre et futuriste, une ex-gloire de la police en rupture de ban va reprendre du service pour tenter d’arrêter le sinistre Black Joao, fabriquant d’une drogue de synthèse mortelle et meurtrier de son ancienne coéquipière et amante. Le tandem formé par les chiliens Claudio Alvarez et Geraldo Borges, respectivement scénariste et dessinateur du polar, fait la part belle à l’action, sans jamais négliger les personnages et l’exotique background, densifié et enrichit par les coupures de presse et autres rapports de police qui rythment le récit. Porté par des dialogues percutants et délicieusement décalés, le scénario n’en est que plus entraînant et l’enquête bougrement intéressante… D’autant que sa conclusion s’avère pour le moins inattendue ! Au final, The Last Detective s’avère être un excellent polar d’anticipation qui pourra servir de canevas pour tisser un excellent scénario pour les JdR COPS ou Cyberpunk… - Vous avez un casier bien rempli, depuis l’accident, même s’il date d’il y a vingt ans, vous êtes encore un fugitif. Ma proposition est simple : coopérez et on oublie tout. Plus de raids chez vous, plus d’exil dans la jungle, ok ?
|
||||