Fiche descriptive
15€95
Chroniques | ![]() ![]() |
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Le conseiller du Ministre des Travaux Publics, l’Inspecteur Général des Ponts et Chaussées et un Conseiller Municipal devisait sur l’engeance socialiste qui gangrènent la capitale à bord d’une rame de métro fraîchement inaugurée lorsqu’un individu le visage à demi-caché par une longue écharpe rouge saute sur le toit et fait irruption ans de leur wagon l’arme à la main. Devant les trois pontes médusés, il ouvre une trappe du plancher masquant le système électrique et y jette une grenade avant de sauter… La rame déraille dans un fracas assourdissant, causant la mort des trois notables… Aux côtés des victimes, l’Inspecteur Gosselin, chargé de l’enquête, trouve un Louis d’Or… Ce meurtre spectaculaire sera la premier d’une longue série et de nombreux notables seront retrouvés morts avec dans leur bouche un Louis d’Or… Bien vite, il apparait que le mystérieux assassin est en cheville avec l’une de ces bandes d’apaches qui terrorisent les bourgeois… ![]() l’obole de Charon L’Enfer pour Aube fait partie des albums que nous attentions avec une impatience fébrile… Tout d’abord pour la période historique : la Belle Epoque faisant partie de mes époques de prédilections… Il y avait ensuite le nom des auteurs : au scénario, on retrouve le talentueux Philippe Pelaez qui avait su nous captiver avec son Pinard de Guerre, son Maudit sois-tu ou son dans mon village on mangeait des chats ou plus récemment avec son aventureux Bossu de Montfancon… Au dessin, l’impressionnant Tiburce Oger donc chaque nouvel album est un enchantement graphique et scénaristique. Si l’auteur excellent dans le western, témoins son Buffalo Runner, son poétique Ghost kid ou son incroyable Go West Young Man, il s’avère tout aussi bougrement doué pour les récits plus intimistes, tels son Ma guerre - de la Rochelle à Dachau qui nous raconte la vie de son grand-père durant les années sombres de l’occupation… Ajoutons à cela les différents extraits publiés par le dessinateur sur sa page Facebook ou sur les forums dédiés au neuvième art n’ont fait qu’accentuer l’impatience qui fut nôtre…![]() Le scénario ciselé de Philippe Pelaez s’appuie comme on s’en doute sur une solide base historique. Son intrigue délicieusement alambiquée prend place dans un Paris tout en contraste où se côtoient l’opulence et la misère. Cet ancrage social confère une composante naturaliste et une force indéniable à ce premier tome, alors que les stigmates de la Commune n’ont pas encore cicatrisé et que, si l’on en croit les bourgeois, l’insécurité semble régner en maître dans la capitale. Grâce à des récitatifs ciselés, on comprend rapidement que les racines de ces tragiques et sanglants événements plongent dans le sang de la Commune et on suit l’intuition de l’Inspecteur Gosselin qui comprend bien vite que ces différents crimes sont le fait d’une vengeance… Dans sa folie meurtrière, l’assassin n’est pas sans évoquer l’inquiétant Fantomas de Pierre Souvestre et Marcel Allain. ![]() La couverture de l’album est en tout point remarquable. L’illustration nous plonge d’emblée dans l’ambiance qui baigne le récit alors que la maquette impeccable est rehaussée par des dorures du plus bel effet. Les compositions de Tiburce Oger sont impressionnantes de maîtrise. L’artiste parvient à trouver des cadrages vertigineux qui dynamise l’action de façon saisissante. Son encrage souple est réhaussé par un lavis somptueux où ne pointent que quelques rares touches de rouge qui évoquent le drapeau arboré par les insurgés de 1832, 1848 et surtout par les communards qui en firent leur drapeau officiel. L’assassin voltigeur impressionne dès sa première apparition, juste avant qu’il ne saute sur une rame aérienne du métro. Son chapeau à large bord, son long manteau ample et son écharpe rouge semblent empruntés à l’Aristide Bruant tel que l’a immortalisé Toulouse Lautrec. ![]() ![]() S’inscrivant dans une veine poétique et littéraire avec des récitatifs ciselés qui rythment le récit et naturaliste dans le portrait contrasté que les auteurs esquissent du Paris de la Belle Epoque, ce premier tome s’avère d’autant plus passionnant qu’il est mis en scène par les crayons virtuoses de Tiburce Oger. Son encrage souple et dynamique et ses lavis somptueux où ne percent que quelques rares touches de rouge évoquant le drapeau de la Commune sont de toutes beauté… Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux auteurs étaient clairement faits pour se rencontrer… Au final, cette histoire d’implacable vengeance riche en surprises et en rebondissements n’a qu’un seul défaut : elle trouvera sa conclusion dans le second tome… Nonobstant cette petite imperfection, l’Enfer pour Aube est l’un des meilleurs albums de ce premier trimestre… - Tu les connaît bien n’est-ce pas ? Je me suis toujours demandé comment un gars comme toi avais pu devenir flicard.
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