Nous sommes en -24 avant le Donjon mais ça, les protagonistes de l’histoire l’ignorent… Mené par l’éminant Professeur Rovela, d’apprentis magicien s’en vont dans la forêt pour un cour de magie en plein air, malgré la menace des cochons qui rôdent…
En parlant de cochon, Blaise Pilossi, un ado cochon planqué dans les buissons est repéré par Jérôme, un élève calamiteux qui se met en tête de l’immobiliser à l’aide d’un sortilège inopérant que son adversaire récite à la perfection, sans faire plus d’effet… Surpris de voir l’intrus maîtriser les formules, le Professeur lui propose un duel de magie contre Jérôme afin d’éprouver ses compétences… Porteur de l’artefact de Pirzuine, il fait montre d’une maîtrise si impressionnante que Rovela lui propose d’intégrer son école de magie.
Contraint par Horous, son père, à devenir son ami à cause d’un comportement particulièrement honteux, Eric se voit obligé de traîner avec Blaise… Jérôme et lui se mettent dans l’idée de former une société secrète dont les membres prendraient à contre-pied chacune des règles de l’école, sans s’interroger nullement sur leurs raisons d’être… Comme on pouvait légitimement s’y attendre, leur comportement chaotique et irraisonné n’allait pas tarder les mettre dans une merde innommable puisqu’ils vont purement et simplement libérer un démon qui va pouvoir mettre en œuvre un plan démoniaque pour dominer le monde, comme toute créature infernale qui se respecte…
Conscients du danger, et plus que jamais convaincus de la bêtise d’Eric et Jérôme, Blaise et Pirzuine vont tenter de remédier aux conneries de leurs deux nouveaux amis… Mais vu l’ampleur du désastre, il n’est pas évident qu’ils y parviennent…
C’est avec un réel bonheur que l’on se replonge dans cette série tentaculaire et déjantée qui nous entraîne dans l’histoire d’un Donjon, lieu oh combien emblématique du vénérable ancêtre des Jeu de Rôle, j’ai nommé Dungeons & Dragons…
Joann Sfar et Lewis Trondheim étoffent donc leur fresque azimutée d’heroic-fantasy avec un tome jubilatoire totalement barré mais néanmoins parfaitement maîtrisé… Pour ces deux auteurs chevronnés, par ailleurs rolistes vétérans, Donjon semble plus que jamais être un formidable bac à sable où ils semblent s’amuser comme des petits fous et dans lequel ils entraînent le lecteur avec une facilité désarmante… Ils mettent une fois encore en scène des personnages déjantés (voir, pour certains, carrément décérébrés) dont certains seront déjà connus dans les albums précédent mais dans le futur de cet album (le genre de phrase aussi étrange qu’improbable mais qui fait pourtant sens… si, si…) telle Pirzuine, qui deviendra une émérite shamane draconiste et aura, dans quelques années, une relation et plusieurs enfants avec le célébrissime Marvin…
Le dessin souple et formidablement expressif de Juanungo (alias Juan Sáenz Valiente) s’avère d’une indéniable et redoutable efficacité pour mettre en scène les personnages totalement stupides, d’autres un tantinet désabusés, particulièrement inquiétants ou, pour certain, carrément démoniaque… Leurs trognes sont au diapason des dialogues décalés, irrésistibles et déjantés concocté par les deux scénaristes. Renforcé par des couleurs douces et chatoyantes, son trait faussement enfantin s’avère être formidablement dynamique et le sens du mouvement de l’artiste argentin fait une fois encore merveille, accentuant de façon percutante le comique de situation…
Et voilà le 217e album de la série Donjon et consorts. Certes, j’exagère une peu… Mais relisez cette chronique dans quinze ans et il est plus que probable que je serai en dessous de la vérité…
Joann Sfar et Lewis Trondheim retrouvent donc leur terrain de jeu favori pour tisser une nouvelle aventure de Donjon Monsters où l’on croisera une poignée d’apprentis magicien, leurs ennemis héréditaires cochonnesques et un démon inquiétant qui, une fois libéré, ne cherche qu’à faire ployer le monde sous son joug méphitique…
Totalement loufoque et azimuté, mais néanmoins parfaitement maîtrisé, et porté par une poignée de personnages dont certains feront date tant ils sont décérébrés, les poupoutpapillonneurs (un titre pareil, il fallait oser) s’avère follement irrésistible et vous fera passer un très agréable moment, que vous soyez ou non fan de la série et de ses multiples tentacules (???)…
- Donc, tu veux créer une société de comiques spécialisés dans l’imitation.
- Non. On pourrait faire le contraire !
- Un club de pas comique et qui n’imite aucun prof ?
- Non ! Un groupe qui va PROUVER que la magie, c’est « Poupoutpapillon » !
- J’ai rien compris.
- C’est simple, on prend TOUTES les règles qu’enseignent les professeurs, on fait l’inverse, et on voit ce que ça donne.dialogue entre Blaise, Eric et l’indécrottable Jérôme
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