Il y a longtemps, le monde d’Ipra était baigné par la lumière de l’astre solaire… Mais un jour, le ténébreux oiseau Kest Ke Belenus, jalousant l’adoration que vouaient les habitants au soleil, décida de l’avaler… Le peuple des Galduriens poursuivirent le monstre et finirent par le vaincre, l’enfermer et lui reprendre les lumières du soleil qui éclairent encore le monde de nos jours… Telle est l’histoire que raconta son grand-père à Béa lorsqu’elle n’était qu’une enfant encore innocente et craignait le retour de Kest…

Les années ont passé et, à la suite d’une bataille épique, l’Oiseau Kest s’est emparé de la dernière flamme, menaçant de plonger à jamais Irpa dans les ténèbres…

A l’instigation de son grand-père, la jeune Béa et Cad, son acolyte Galdurien, dernier représentant de son peuple, partent à la recherche de Lorgon, mythique esprit des eaux, seul à même de les aider à vaincre le trop puissant Kest, Destructeur du Soleil. Mais son existence même est sujette à caution et, quand bien même existerait-il, pourquoi leur apporterait-il l’aide qu’ils demandent ? Leur quête est-elle dores et déjà vouée à l’échec ?

Le premier tome de Lightfall avait, à juste titre, profondément marqué les lecteurs par son dessin généreux et lumineux, ses personnages attachants et a quête entraînante de la jeune Béa… Et ce peu dire que le second opus de cette aventure épique comptait parmi les albums les plus attendus de cette rentrée littéraire, même si la série se destine à la jeunesse.

Une fois encore, on ne peut que se laisser envoûter par les charmes distillés par l’auteur dans ses planches baignées d’une lumière fascinante et portées par une narration rythmée et entraînante qui alterne les récits parallèles avec un indéniable talent de conteur… Avec art, Tim Probert continue de développer l’univers foisonnant et cohérent qui sert de cadre à la quête de Béa pour empêcher le monde d’Irpa de sombrer dans les ténèbres… Le duo qu’elle forme avec Cad le Galduriens fonctionne à merveille : lui, emporté et désireux d’en découdre pour venger son peuple et devenir un héros, elle qui doute de sa mission même et qui sent, encore confusément, que les choses sont bien plus complexes et alambiquées qu’il n’y parait. Sans que l’on sache pourquoi, elle se sent proche de Kest dont elle perçoit la solitude et souffrance…

Si le récit est impeccablement construit, le dessin est loin d’être en reste, le dessin généreux de l’artiste est une petite merveille d’élégance et d’efficacité. Avec une facilité désarmante, l’artiste met en scène différents peuples dotés de trognes improbables qu’il anime avec maestria grâce à un sens saisissant du cadrage et du mouvement. Baignées d’une lumière fantastique et irréelle, ses paysages sont de toutes beauté et évoque parfois le charme de ceux imaginés par Hayao Miyazaki pour la poésie, parfois sombre, qui s’en dégage…

Après un premier tome particulièrement entraînant, nous attendions avec impatience la suite de cette saga aventureuse et fantastique… et le moins que l’on puisse dire c’est que ce second opus comble nos plus folles attentes !

Le scénario est une fois encore remarquablement bien conduit, et si le propos est plus sombre (normal me direz-vous, l’Oiseau Kest a bouloté les flammes ), les dessins énergiques et lumineux de Tim Probert font une fois encore merveille pour animer des personnages subtils et attachants et poser le décor foisonnant de cet univers qui ne cesse de s’enrichir au fil des tomes…

Les interrogations de la jeune héroïne rendent le récit plus profond et captivant encore et la victoire en demi-teinte sur laquelle s’achève l’album induit chez le lecteur une délicieuse frustration… Et c’est bien là la seule fausse note de la série : devoir attendre de longs mois avant de pouvoir lire la suite ! Mais n’est-ce pas là la marque des grandes séries ?

- Qu’est ce que c’était ?
- L’ombre de quelque chose.
- L’obscurité pure. Ces créatures-là nous pourchassaient. Après le soleil, avant les lumières. Mais celle-ci est hors d’état de nuire à présent. dialogue entre Béa et ses compagnons