Pleine de malice, la couverture donne la tonalité de ce conte uchronique qui nous entraîne dans un Grand Siècle imaginaire drôlement rafraîchissant. Le titre délicieusement intrigant et l’élégance de l’édition de cet album confère d’emblée l’envie de s’y plonger. La lecture s’avère des plus entraînante et le découpage aéré, à grands renforts de plans en pied qui permettent de mieux apprécier l’action virevoltantes de l’héroïne et rendent la lecture de l’album particulièrement entraînante…

L’histoire est centrée sur le personnage pétillant et plein de vie de Sérine, jeune fille malicieuse et facétieuse vivant dans une famille noble désargentée. Ses frasques anticonformistes font la joie de ses cinq frères mais désespèrent sa mère rigoriste qui, depuis la mort du père, ne pensent qu’à la marier…

Mais Sérine n’est pas du genre à se laisser enfermer et la voilà qui quitte le château familial pour monter à la capitale et devenir demoiselle de compagnie de la reine… Son imagination débordante, la vivacité de son esprit et son sens de la répartie enchantent la cour mais attise les jalousies de ses collègues… Et même l’inimité du secrétaire du roi…

Le récit rocambolesque des aventures de Sérine tisse une satire jubilatoire de la vie à la cour ou un bon mot peut faire plus de dégâts qu’une lame affûtée. Auteur bicéphale, Kerascoët signe une pétillant comme une lifrejole du roman de Flore Vesco, et on suit avec un réel plaisir les péripéties virevoltantes de Sérine, bien décidée à ne pas se laisser dicter sa conduite par quiconque… Les auteurs parviennent à conserver ce qui faisait le charme du roman originel à savoir le rythme endiablé et les dialogues irrésistibles, drôlatiques et inventifs à souhait qui sont l’une des grandes forces de ce conte joyeusement déjanté qui joue avec les codes du genre pour surprendre le lecteur, le happer et ne plus le lâcher qu’à la dernière case de la dernière page…

Espiègle et malicieuse, Sérine attire indubitablement la lumière… Mais ce personnage aussi exubérant qu’attachant maniant le verbe avec une aisance jouissive n’aurait pas cet attrait sans ces multiples seconds rôles, tous plus gentiment perchés les uns que les autres, qui sont autant de faire valoir pour notre délicieuse héroïne… De cette reine capricieuse et antipathique à ce roi débonnaire à la santé vacillante, ce bourreau bien trop humain pour faire ce sinistre métier ou son fils sympathique mais un brin dérangeant car fasciné par l’art de la torture, sans oublier une nuée de serviteurs trop serviles, une ribambelle de courtisans obséquieux et un intrigant complotant dans l’ombre à la perte du monarque débonnaire et vous obtenez une comédie loufoque joyeusement barrée pour petits et grands…

Débordant d’énergie et follement rafraichissant, le dessin de Kerascoët (pseudo dont se parent Marie Pommepuy et Sébastien Cosset) est un enchantement pour les mirettes. Aussi libre et généreux que l’est la pétillante Sérine, leur découpage est d’une saisissante souplesse et d’une folle inventivité. Leur sens du mouvement l’expressivité de leur dessin donne vie à une formidable galerie de personnages, donnant au lecteur la furieuse impression d’assister à une pièce de Molière portée par des acteurs délicieusement caricaturaux et une actrice principale aussi irrésistible qu’attachante. Leurs envoûtantes aquarelles débordent d’énergie et rendent leurs compositions somptueuses et la lecture de l’album particulièrement entraînante.

Cette enthousiasmante adaptation du chef d’œuvre de Flore Vesco s’avère tout aussi jubilatoire et rafraîchissante que l’était le roman…

Auteur bicéphale au trait délicieusement enfantin, Kerascoët fait une nouvelle fois montre de ses talents de dessinateur pour mettre en scène l’attachante et malicieuse Sérine désireuse de s’arracher au carcan familial pour devenir dame de compagnie de la reine… Sa joie de vivre et sa vivacité d’esprit vont lui attirer les faveurs de sa capricieuse majesté mais aussi l’inimité de courtisans qui dans l’ombre ourdissent de sombres complots pour destituer un monarque débonnaire…

Jouant avec art avec les codes du genre, de Cape et de Mots est un conte entraînant aussi fascinant dans son fond que dans sa forme… Et, s’il se destine à la jeunesse, parents, n’hésitez pas à l’emprunter à vos bambins, vous ne regretterez pas le voyage dans ce Grand Siècle délicieusement azimuté !

Serine avait pris sa décision. Plutôt que de laisser sa mère lui choisir un époux, elle tenterait sa chance au palais. Son programme était simple : se faire remarquer de la reine, obtenir les faveur de la cour et redorer le nom de sa famille. Et qu'importe si elle faisait son entrée dans le monde sans pécune, sans recommandation ni protecteur, et même sans garde-robe !page 7