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Toute la beauté du Monde
Toute la beauté du Monde



Fiche descriptive

Roman Graphique

Thomas Azuélos

Thomas Azuélos

Thomas Azuélos

Futuropolis

11 Janvier 2023


25€

9782754830935

Chronique
Toute la beauté du Monde
Les vestiges de la Beauté

Mars 1939. Cerbère, à la frontière entre la France et l'Espagne. Les trains ne circulent plus. Les transbordeuses - les «orangères» - ne chargent plus les oranges qui pourrissent sur place.

Sur la corniche, un hôtel, «le phallus de l'arrogance et de l'argent», est abandonné. Seuls trois hommes hantent les lieux:José de Villalobos, «peintre officiel», cherche la beauté pour sa grande fresque. Il croit l'avoir trouvée chez Montse, une orangère fière et farouche, qui fait passer des armes aux derniers résistants républicains. Carles Bartomeu Altaió a survécu à la défaite de la Catalogne face aux troupes franquistes. Il est épuisé. Walter Bermann est arrivé à l'hôtel tenant serré entre ses mains un manuscrit. Un «antidote à la folie des hommes», dont Staline veut se saisir, à tout prix.

Carles donnera la vie en cuisinant, José traquera la beauté avec une ferveur folle, Walter, accro à la morphine, sombrera peu à peu : trop juif, trop allemand, trop communiste, trop dissident... Où trouver la beauté? Chez Montse, la résistante? Dans la mort ou dans la vie?
un excellent album!


Les vestiges de la Beauté
Toute la beauté du Monde, planche de l'album © Futuropolis / AzuélosCerbère, Mars 1939. Les trains ne circulent plus et les « orangères » ne chargent plus les oranges qui pourrissent sur place. La guerre civile espagnole a pris fin mais le pays en porte encore durablement les stigmates.

Dans ce qui fut jadis un luxueux hôtel, surplombant la ville et la Grande Bleue, trois hommes vont se côtoyer alors que le spectre de la guerre s’étend sur l’Europe. Le premier, José de Villalobos, est un peintre qui cherche à saisir la beauté du monde en travaillant sur une fresque qui le fait peu à peu sombrer dans la folie… Le second, Carles Bartomeu Altaió, qui a défendu Barcelone aux côtés des républicains avant la trahison des communistes et jusqu’à sa chute en janvier 1939, voit dans cet hôtel hors du temps un havre de paix, loin de la guerre qui s’annonce… S’il savait… Le troisième, Walter Bermann, malade du cœur et drogué à la morphine, est persuadé que son traité philosophique critiquant la civilisation industrielle moderne pourrait être l’antidote à la folie des hommes…


Toute la beauté du Monde, planche de l'album © Futuropolis / Azuélos
un récit contemplatif envoûtant et irréel
Avec ce récit, Thomas Azuélos joue à estomper les frontières entre le songe et la réalité.

Il y a quelque chose d’éminemment théâtral dans ces trois personnages auquel il convient d’ajouter celui de Montse, pasionaria au caractère affirmé et passeuse d’arme pour les républicains espagnols qui sert de modèle et de muse à José de Villalobos, ou la Moussière, vieille dame sage et lucide qui semble tisser les fils du destin et qui n’est pas sans évoquer la figure de la sorcière. S’il n’y a pas unité de lieu, certaines scènes se déroulant à l’extérieur, l’essentiel de l’action prend place dans l’hôtel abandonné et décrépit, distillant une ambiance fin du monde qui rappele, par bien des aspects, celle, tout aussi envoûtante et irréelle, qui régnait dans le fascinant Bunker Palace Hôtel, premier long métrage d’Enki Bilal.

Le dessin de Thomas Azuélos s’avère tout aussi envoûtant que l’est son récit. Epuré mais d’une rare élégance, son trait met en scène avec art cette galerie de personnages iconoclaste qui cherche tous à saisir ou préserver toute la beauté évanescente du monde. Toute la beauté du Monde, planche de l'album © Futuropolis / AzuélosL’artiste joue avec finesse avec les contrastes, rehaussant parfois ses cases de subtiles couleurs ou de discrets lavis pour composer des planches où la folie des hommes côtoie la beauté…

Alors que l’Europe s’apprête à basculer dans l’abîme de la guerre, entre rêves et illusions perdues, une poignée d’hommes et de femmes vont se côtoyer, cherchant chacun à saisir ou préserver tout ce qui reste de la beauté évanescente du monde…

Un peintre sombrant dans la folie, une passionaria qui achemine des armes pour continuer le combat, un républicain désabusé lancé sur les routes après la chute de Barcelone, un philosophe juif persuadé d’avoir écrit une arme contre la folie des hommes vont ainsi se côtoyer et se croiser dans un luxueux hôtel désaffecté surplombant Cerbère, ville située à la frontière franco-espagnole où les trains ne circulent plus et ou pourrissent les oranges…

Thomas Azuélos signe avec Toute la beauté du Monde un récit contemplatif et irréel aussi sublime qu’envoûtant…


Mon peintre foi. Tu penses encore à dessiner ? Avec toutes ces guerres qui arrivent…Montse

Le Korrigan




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