Voilà trois siècles déjà que le puissant empire romain n’est plus. Petit-fils de Charles Martel, fils de Pépin le Bref, Karolus est en passe de se tailler un empire… Artza d’Ossau, fils du défunt Duc de Vasconie lâchement assassiné par son frère, Irrumendi, est désormais protégé la mystérieuse et influente Confrérie de l’Ours.
A la tête de sa puissante armée, Karolus poursuit sa conquête des terres situées au-delà des Pyrénées. Pour se faire, il pense pouvoir s’appuyer sur la farouche saxonne Brunhilde von Bruck, l’une de ses Messi Dominici, et sur Marwan Al-Wisigotha, un wisigoth converti à l’islam qui devint le plus proche conseiller et l’émissaire du Calife de Bagdad, Al-Mahdi, auprès du Roi Karolus à qui il apporte sans coup férir Barcelone et Huesca.
Mais Karolus doit faire face à l’affront de Soulyeman, Gouverneur de Saragosse qui trahit la promesse faite Mewan et refuse de lui livrer sa cité pour qu’il en fasse la capitale de la Marche d’Hispanie.
Après un premier tome épique et entraînant, Jean-Claude Bartoll et Eon poursuivent leur récit plein de fureur et de sang dans le sillage du puissant Roi Karolus qui se rend dans le en terre hispanique pour accroître son futur empire et assoir sa puissance.
Ce nouvel épisode prend place alors que le futur Karolus Magnus s’apprête à s’emparer de la puissante Saragosse, tandis que la possible menace de prise en tenaille par les troupes de l’Emir de Cordoue n’était pas encore connue, avant donc, le fameux épisode du passage du Col de Roncevaux où l’arrière garde menée par le Comte Roland, turbulent neveu de Karolus, allait être décimée par les troupes vasconnes. Le scénariste met en scène des personnages barbares et violents qu’il fait évoluer dans des âges sombres, tel cet irascible conte Roland, si prompt à s’en prendre à Brunhilde ou le mystérieux Artza qui apporte une touche de fantastique à l’ensemble… Sans oublier le puissant et charismatique Roi Karolus qui semble bien moins sages que dans les chroniques de son règne, chroniques il est vrai assez peu objectives car entièrement consacrée à sa gloire…
Jean-Claude Bartoll n’en prend pas moins quelques libertés avec l’histoire pour accentuer l’aspect romanesque de son récit, comme le fit Dumas avant lui. Multipliant les récits parallèles, le récit est certes rythmé mais ces récits alternés rendent difficile à chacun de ses multiples personnages de s’incarner pleinement. L’auteur saute peut-être trop vite d’un personnage à l’autre, et, ne prenant pas le temps suffisant pour développer plus avant les enjeux de chaque scène, l’album laisse aussi un peu le lecteur sur sa faim…
Le trait puissant d’Eon Joseph Viglioglia, alias Eon, est toujours impressionnant de maîtrise et constitue sans nuls doute le principal atout de la série. Il accentue avec force la dimension épique de l’histoire. Ses cadrages audacieux dynamisent indéniablement ses planches en leur conférant une dimension très cinématographique. Joliment chorégraphiées, ses scènes de combats sont impressionnantes de maîtrise mais peut-être est-il dommage d’avoir cherché à mettre ces nombreuses séquences où des femmes lascives très légèrement vêtues se pâment béatement devant des mâles à la puissante musculature… sans que cela n’apporte grand-chose à l’histoire.
Jean-Claude Bartoll et Eon nous entraînent au-delà des Pyrénées, à la suite du Roi Karolus et de sa puissante armée…
Alors que Barcelone et Huesca vient de tomber grâce à l’ambassade de Marwan Al-Wisigotha, l’Empereur a à présent jeté son dévolu sur Saragosse dont il compte bien faire la capitale de sa Marche Hispanique. Mais de sombres complots s’ourdissent en coulisse et, après celle du Gouverneur de Saragosse, d’autres trahisons semblent se profiler alors que la bataille de Roncevaux se profile en filigrane…
Le dessin puissant d’Eon Joseph Viglioglia est indéniablement l’atout principal de cette série épique et romanesque. Mais les récits alternés sur un rythme trop soutenu empêchent le lecteur de se laisser vraiment entraîner par cette histoire tout en empêchant les personnages historiques ou fictionnels de s’incarner pleinement.
- Le Wali Souleyman ne devrait pas être long à se présenter à vous, Majesté.
- Il me tarde qu’il m donne cette belle cité aux puissants remparts ! Je veux poursuivre la conquête des terres de l’Emir de Cordoue qui s’étendent au sud de l’Elbe.dialogue entre Brunhilde von Bruck et le Roi Karolus