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BRZRKR [1/3]
BRZRKR



Fiche descriptive

Aventure

BRZRKR

Tome 1

Keanu Reeves, Matt Kindt

Ron Garney

Bill Crabtree

Delcourt

Contrebande

15 Mars 2023


16€95

9782413045144

Chroniques

L'homme connu uniquement sous le nom de B est un guerrier immortel. Il est sujet à des accès d'ultraviolence... au détriment de sa raison. Après des siècles d'errance, B a accepté de travailler pour le gouvernement américain en prenant part à des missions trop dangereuses pour des mortels.

En échange, B espère obtenir la vérité sur les origines de son existence... et surtout comment y mettre fin !
un excellent album!


Ni homme ni dieu
BRZRKR, planche du tome 1 © Delcourt / Garney / Reeves / Kindt / CrabtreeUne ville, de nos jours, extérieur nuit… Une pluie diluvienne bat le pavé. Seul sur un banc, un homme est assis, le dos vouté, comme écrasé par un trop lourd fardeau… Une voiture s’arrête près de lui. Une voix sort de l’habitacle : « c’est l’heure »… L’homme jette à son interlocuteur un regard triste et désabusé…

Autre séquence, autre ambiance. L’homme est dans un hélicoptère. Son regard est sombre et menaçant. Lourdement armé, il s’apprête à sauter sur sa cible… Sans parachute… S’amorce alors un combat sanglant d’une rare violence. Le corps de l’homme est meurtri de blessures toutes plus mortelles les unes que les autres mais il reste debout, presque imperturbable, véritable machine à tuer, chien de guerre massacrant tous ceux qui se dressent sur sa route… A la fin du combat, l’homme, défiguré, n’est plus que lambeaux de chair sanguinolente…

Tacoma, base secrète du gouvernement américain… Subissant une batterie de tests, le corps de l’homme est analysé dans ses moindres détails par une équipe de scientifiques, tous des pointures dans leur domaine… Ses blessures semblent guérir d’elles-mêmes. Il est né il y a quatre-vingt mille ans et ne peut pas mourir… On comprend pourquoi le gouvernement américain s’intéresse de très près à cet homme, sobrement nommé B., qui semble fait pour la guerre…


BRZRKR, planche du tome 1 © Delcourt / Garney / Reeves / Kindt / Crabtree
l’arrivée tonitruante de Keanu Reeves dans le neuvième art
Outre son titre imprononçable faisant référence aux berserker ivres de violence et de combat de la mythologie scandinave et la présence surprenante de Keanu Reeves en tant que scénariste, BRZRKR est un album violent et déroutant… Mais, passé la première séquence, pourtant nécessaire, l’histoire s’avère bien plus subtil qu’il n’y paraissait au prime abord. Pour l’occasion, l’acteur-scénariste associe ta plume à l’incroyable Matt Kindt, scénariste du brillantissime Mister Mammoth et coscénariste du time 4 du fascinant Black Hammer.

Mais il est certain que l’ultra-violence de la première séquence de l’album (si on met pour un temps de côté la courte séquence d’ouverture avec cet homme abattu sur ce banc) met au mieux mal à l’aise et donne au pire la nausée, même si on ne peut qu’être impressionné par la façon dont la combat est orchestré… Car la mise en scène époustouflante, avec un sens du rythme incroyable qui donne au lecteur la furieuse impression de visionner un film d’action dont on devine les mouvements virtuoses de caméra, les ralentit ou les fugaces arrêts sur image, avant que l’action ne reprenne de plus belle sur un rythme plus haletant encore… Et le fait que Keanu Reeves prête ses traits au personnage central du récit ne fait que renforcer cette impression grisante. BRZRKR, planche du tome 1 © Delcourt / Garney / Reeves / Kindt / CrabtreeLe travail de Ron Garney s’avère en tous points remarquable, par sa façon de rendre le personnage central de l’histoire particulièrement antipathique, voir révulsant, avant de nuancer son dessin et de le rendre presque… touchant… par sa façon de chercher sa place, de tenter de percer les secrets de ses origines ou d’analyser avec une froide lucidité la façon dont le gouvernement américain utilise ses talents guerriers…

un récit plus subtil et nuancé que l’utra-violence de première séquence pouvait le laisser penser
Mais c’est surtout lorsqu’on remonte à sa naissance que le récit et le personnage prennent réellement de l’ampleur : les prières qui ont présidé sa naissance, son père qui l’a aiguisé comme une arme pour en faire une foudre de guerre, ses agissements en apparence suicidaires alors qu’il ne cherche pas la mort mais juste à percer les mystères et les secrets de son immortalité pour pouvoir y mettre un terme… La relation au père s’avère douloureuse, par son désir de lui plaire et de répondre à ses attentes, lui faisant croire qu’il tue pour sauver son peuple alors qu’il n’agit que pour servir les rêves de pouvoir de celui qu’il pense être son géniteur… Par un contraste saisissant, les liens qui l’unissent à la mère qui souhaite qu’il cesse de souffrir, le rattachent à l’humanité… Ecartelé entre cette mère aimante et son père qui l’exploite, ce personnage ambivalent s’avère bien plus intéressant que la sanguinolente séquence d’ouverture de l’album pouvait le laisser augurer… et c’était oublier un peu vite cet homme ployant sous un fardeau invisible, sur ce banc…

BRZRKR, planche du tome 1 © Delcourt / Garney / Reeves / Kindt / CrabtreeA noter que l’album est complété par un passionnant dossier où les co-scénaristes commentent les planches du premier fascicule de l’édition US, soulignant à juste titre le talent de metteur en scène de Ron Garney…

Porté par un dessin aussi hallucinant que virtuose, une mise en couleur cinglante qui souligne avec maestria la violence des émotions exacerbées de B., ce premier tome de BRZRKR amorce une série fascinante et ambitieuse…

Si la première séquence où Ron Garney lâche la bribe à son inventivité graphique pour une séquence hallucinante et ultraviolente parfaitement orchestrée, le propos se nuance, esquissant le portrait d’un être immortel qui ne parvient pas à retenir ses pulsions meurtrières et qui est doté de l’immortalité d’un dieu alors qu’il aspire à n’être qu’un homme…

Pour son premier album de BD, Keanu Reeves, associé pour l’occasion au prolifique Matt Kindt (par ailleurs scénariste du brillantissime Mister Mammoth) pour tisser un récit puissant et subtilement dérangeant dont on brûle de connaître la suite…


Je vous l’ai dit, je ne veux pas mourir. Je veux juste pouvoir mourir.B.

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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