Avec l’appui des maléfices de Morgane, la puissante armée de l’empereur Agramant s’apprête à attaquer l’imprenable cité d’Ys tenue par le roi Kaarl. Désireuse de rétablir les anciennes croyances éclipsées par l’avènement d’un dieu unique, la magicienne a juré la perte de Kaarl et détourné Roland de sa furie amoureuse qui l’avait poussé à occire celui qui fut son rival, Garalt, alors considéré comme le meilleur chevalier du monde…

Mais le chevalier a été rendu à la vie par l’amour que lui portait Alcyna, la sœur de Morgane… Grâce à l’aide du puissant Myrddin, Garalt va tenter de comprendre les puissants mystères de son retour de l’Outre-Monde et appréhender le rôle qu’il sera le sien dans cette guerre qui s’annonce et où se jouera semble-t-il le destin du monde…

Epique et violent autant que fascinant, le premier mouvement de ce fascinant diptyque nous a avait particulièrement convaincu par la façon dont Philippe Pelaez s’était emparé du chef d’œuvre de l'Arioste pour en signer une audacieuse et saisissante adaptation… Neveu de Charlemagne, Roland s’est imposé dans l’imagerie populaire comme une figure emblématique de la chevalerie européenne grâce aux récits attribués à Turold qui ont forgé sa légende…

A la croisée des mondes celte, scandinaves et chrétien, son récit s’avère être particulièrement romantique avec des personnages animés par des passions irraisonnées et exacerbées, écartelés entre folie, haines et amours inexpugnables. Alors que Roland marche lentement sans encore le savoir vers son tragique et sublime destin au col de Roncevaux, on sait qu’un ultime duel l’opposera à Garalt. Son travail sur les personnages et les liens qui les unissent s’avère fascinant, de ceux reliant Garalt à celle qu’il aima de son vivant ou ceux l’unissant à ce fils qu’il ne connaît pas… sans oublier le contentieux qui existe entre lui et Roland et qui ne pourra s’éteindre qu’à la mort de l’un d’entre eux.

Ce Furioso emprunte des motifs aux anciennes sagas et aux tragédies antiques, évoquant les fresques wagnériennes avec ces hommes manipulés par les dieux pour servir leurs desseins, Morgane et Myrddin tirant les ficelles en coulisse, l’une pour restaurer l’ancien monde, l’autre, sachant leur temps révolu, pour qu’un nouveau puisse naître des ruines de l’ancien.

Rythmée et solidement charpentée, cette fresque s’avère d’autant plus impressionnante qu’elle est mise en scène par les crayons virtuoses d’un artiste au sommet de son art. Les planches composées par Laval NG, avec qui Philippe Pelaez avait signé son remarquable fascinant Alter (récit incontournable pour tout fan de SF), sont de toutes beauté, balayée par un souffle épique saisissant. Son dessin acéré et ses cadrages vertigineusement virtuoses accentuent avec force la dramaturgie de chaque séquence alors que les superbes couleurs de l’impressionnante Tanja Wenisch les nimbent d’une aura fantastique sublime et ténébreuse. Son trait sait se faire sensuel lorsqu’il s’agit de suggérer les amours passionnés qui unirent Garalt Garalt à Alcyna mais aussi âpre et violent pour figurer la formidable bataille entre les armées du roi Kaarl et celles de l’Empereur Agramant sous les murailles de la cité d’Ys, tout comme l’ultime et tragique duel entre ces anciens frères d’armes.

Avec leur Furioso, Philippe Pelaez et Laval NG nous livrent une fascinante adaptation de l’Orlando Furioso de Ludovico Ariosto, plus connu sous le nom de l’Ariosto.

A travers ce récit épique et violent mettant en scène deux hommes qui se haïssent au-delà même de la mort, et deux armées lancés furieusement l’une contre l’autre, les auteurs nous content la guerre que se livre Morgane et Myrddin, l’une pour restaurer l’ancien monde, l’autre pour que naisse le nouveau…

Mis en scène par le trait acéré et virtuose de Laval NG, lui-même sublimé par les somptueuses couleurs de Tanja Wenisch, ce ditpyque ayx accents wagnériens s’achève sur un final ébouriffant…

Je suis ici pour faire le lien entre deux univers et deux cultures, Garalt…Myrddin