Alcibiade, magicien gnomoniste, vient trouver Marvin pour lui demander, non pas d’aider le Gardien à reprendre possession de son Donjon, on connaît le contentieux qui les oppose, mais de venir en aide à Horous qui s’épuise à contenir les esprits de Terra Amata libéré du coffre par le sinistre De la Cour pour couvrir sa fuite…

Sitôt arrivé au Donjon, fidèle à son habitude, Marvin fonce dans le tas et en peut que constater que son ami est en bien fâcheuse posture… Ce dernier lui confie qu’il ne pourra plus tenir longtemps et qu’il faut faire alliance avec Blaise Pilozzi, un ancien camarade de classe de sa femme, Pirzuine… Ce n’est pas que Marvin soit du genre jaloux… mais un peu quand même…

C’est avec un réel plaisir que, quelques mois à peine après le précédent opus de Donjon Zenith on retrouve Marvin qui va tant bien que mal tenter de sauver Horous, aux prises avec un ectoplasmique problème, ne se souciant qu’assez peu du sort du Donjon et plus encore de son Gardien… Mais Marvin ne serait pas tout à fait Marvin sans ses interdits draconniques qui l’obligent notamment à porter une sorte d’abat-jour sur sa tête pour ne pas risquer d’apercevoir sa progéniture et qui ne peut frapper ou trucider quelqu’un qui l’aurait préalablement insulté… Et comme cela commence à se savoir, beaucoup commencent toute discussion par une insulte, histoire de prolonger un peu leur vie quelque peu fragile si par mégarde il énervait Marvin… Ces interdits donnent lieu à des scènes improbables et délicieusement burlesques qui contribuent à rendre la lecture de l’album particulièrement jubilatoire…

Menée tambour battant, l’histoire est un subtil mélange d’humour et d’aventure qui se pare des atours du drame avec la triste disparition d’un des monstres formant cette galerie irrésistible et iconoclaste… Difficile de ne pas avoir un petit pincement au cœur à l’avant-dernière planche par son intensité dramatique et l’hommage rendu par le Gardien à… Non mais vous croyez quoi, que je vais vous gâcher la lecture de l’album ? tssstsss… C’est mal me connaître ! Bon, après il y a des pistes dans l’un ou l’autre album de la série… mais chut…

Fidèle à lui-même, Boulet, qui préside à la destinée de Donjon Zenith depuis le tome 5 de ce spin-off, impressionne par son trait et généreux dynamique qui met en scène des monstres expressifs, à commencer par Marvin en proie à ses interdits draconiques qui vont l’obliger à s’autoflageller pour s’infliger des souffrances à même de racheter sa faute et qui s’avère être absolument irrésistible… Riche en action et en rebondissements déjantés, mais parfaitement cohérents, et porté par des dialogues savoureusement décalés signé par Sfar et Trondheim, Formule incantatoire s’avère être un formidable de cette série aussi ambitieuse que fascinante dont les tomes s’enchaînent sur un rythme endiablé…

Ce dixième opus de Donjon Zenith apporte une conclusion à ce triste épisode du coffre aux esprits qui empêchait le Gardien de reprendre possession de son Donjon…

Pour sauver Horous, le gnomiste qui s’applique à maîtriser une horde de fantômes, Alcibiade parvient à convaincre Marvin et Pirzuine de l’accompagner jusqu’au Donjon… Mais pour lui venir en aide, ils vont devoir quérir celle de Blaise Pilozzi, ancien camarade d’étude de Pirzuine, ce qui ne manquera pas d’énerver quelque peu Marvin qui goûte peu l’évocation de leurs souvenirs en commun… Ce n’est pas qu’il soit jaloux mais… si, quand même…

Porté par un sens de la narration et l’inventivité débridé de Joann Sfar et Lewis Trondheim et par le dessin généreux et expressif d’un Boulet très inspiré, Formule incantatoire ravira les fans de la série burlesque et déjantée mais néanmoins parfaitement maîtrisée…

- Mes hommage Pizuine ! Tu as l’air superbe ! Personne ne pourrait croire que tu as enfanté il y a si peu de…
- Perds pas ton temps, Alcibiade, je suis une serpillère et on ne tient pas debout.
- Evite de bouger les chaises, car j’ai appris par cœur la place de chaque chaise.
- Tu veux que je t’aide à le changer ?
- Non, je me débrouille très bien.
- Techniquement, il me semble que tu viens de lui attacher une couche sur la tête. Citation_auteur]dialogue entre Alcibiade, Pizuine et Marvin