Son patron vient de remporter la primaire et sera le candidat de son parti pour la présidentielle qui s’annonce…

Apparatchik du parti, il a tout sacrifié pour ce moment et ce combat à venir et pensait connaître parfaitement son rôle jusqu’aux nécessaires compromis et renoncements… seule comptait la victoire… Mais il la campagne allait être plus âpre encore qu’il le pensait…

Un mystérieux informateur affirme avoir les preuves de fraudes et malversations qui aurait entaché la primaire, remettant de fait en doute la légitimité même de son candidat… Son adversaire songe à une candidature dissidente et il va falloir enquêter sur cette source et ces possibles bidouillages électoraux pour ne pas compromettre la victoire de son parti…

L’éclectique Philippe Pelaez s’empare du roman éponyme de Gilles Boyer et Edouard Philippe pour signer un album fascinant qui s’inscrit dans la droite ligne du Baron Noir de Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon… Il faut dire que les deux romanciers connaissent les rouages de la politiques et les coulisses d’une élection, tous deux ayant été des apparatchiks dans l’équipe d’Alain Juppé, l’un étant devenu depuis maire puis premier ministre d’un certain Emmanuel Macron… Et l’on sent que l’un comme l’autre maîtrisent leur sujet et ont truffé leur histoires d’anecdotes crédibles qui permettent de comprendre ce qui peut se jouer au cœur d’un même parti lors d’une élection majeure.

Le scénariste a su conserver l’ossature et les lignes de force du récit originel et surtout en retranscrire toute l’intensité dramatique, la tension qui va crescendo alors que les différentes étapes de la présidentielles sont franchies une à une, de la date limite de dépôt de candidature en passant par la campagne, le premier tour et l’ultime résultat du second tour… Des étapes qui sont autant de couperets… On comprend comment ces hommes de l’ombre sont des rouages essentiels d’une campagne présidentielle et comment leur action s’avère déterminante pour la victoire finale… surtout lorsqu’il s’agit de déminer un terrain parfois piégé par des hommes et des femmes appartenant au même parti… Avec ce récit, Philippe Pealez nous esquisse un tableau lucide, cynique et implacable du microcosme politique où l’on peut être emmené à travailler avec des gens que l’on méprise ou que l’on sait prêt à nous poignarder à la première occasion…

Une fois encore, Cedrick Le Bihan impressionne par sa capacité à adapter son trait au récit qu’il met en scène et ne pas s’enfermer dans un style donné. Sobre et épuré, son trait se fait clinique et va à l’essentiel, écartant les effets de manches et d’esbrouffe graphiques pour ne garder que l’os… Son approche confère à l’ensemble à l’album une dimension quasi documentaire alors que l’histoire, si elle s’appuie néanmoins sur l’expérience de deux routards de la politique, propose une trame fictionnelle, même si elle s’avère froidement crédible et cohérente. La couverture de l’album est quant à elle particulièrement efficace avec ce cadrage subtil est parfaitement raccord avec la thématique…

Plus ramassée que celle du roman, l’intrigue de l’album s’avère peut-être plus nerveuse et efficace que celle du roman dont il conserve l’ossature et les lignes de force…

Ecrit par Gilles Boyer et Edouard Philippe, deux anciens hommes de l’ombre d’Alain Juppé dont l’un est depuis devenu Premier Ministre d’Emmanuel Macron et aspire à de hautes fonctions, le récit est truffé d’anecdotes qui sonnent justes et esquissent un portrait cynique et désabusé mais sans nul doute lucide du microcosme politique où l’on peut travailler avec des gens que l’on méprise ou que l’on sait prêts à nous faire trébucher si l’occasion se présente…

Le dessin clinique et épuré de Cedrick Le Bihan appuie joliment cette saisissante adaptation signée par l’éclectique Philippe Pelaez… Amateurs de thriller politique nerveux et bien ficelés, dans l'ombre est clairement fait pour vous !

- Moi je surveille Texier.
- Je croyais que vous étiez amis.
- Non, c’est une ordure. Mais il a un vrai talent. C’est un apparachik qui a choisit de devenir député, et si Trémeau avait gagné, il aurait été ministredialogue entre deux hommes de l’ombre