Bayonne, années 70. Deux hommes armés et cagoulés de fusils mitrailleurs font irruption dans un bar et ouvrent le feu. Bilan : deux morts et un blessé grave. Les assassins s’enfuient à bord d’une Opel Rekord grise qui les attendaient. L’un d’eux est blessé à la cuisse. Le Commissaire Pommard et son équipe sont chargés de l’affaire.

Laquelle des deux victimes était la cible du commando ? Iban Calzada, ce qui orienterait l’enquête vers les commandos anti-ETA financés par Madrid ? ou Frankie Van Herke, gérant du Star One, un club privé du quartier chaud, qui fraye avec la pègre. Pommard prend contact avec Aubenas, inspecteur des Renseignements Généraux, afin de glaner des informations sur Calzada et ses liens supposés avec l’ETA alors que le jeune inspecteur Lévêque s’intéresse à l’entourage de Van Herke…

Pendant ce temps, le Commando Noir, formé à la demande de Franco pour éliminer les membres de l’ETA, responsable de l’attentat accueille dans ses rang un nouveau membre croisé par l’un d‘eux en prison… Mais avant d’être accepté dans ses rangs, il va devoir faire ses preuves…

Philippe Richelle excelle dans les récits mêlant histoire et politique. Et cette série-concept en trois volets fait montre de ses talents de narrateur… Librement inspiré d’affaires retentissantes, celle qui nous intéresse ici fait état des liens étroits qui existaient entre extrême droite et grand banditisme dans les années 70.

Mais avant de s’intéresser au scénario proprement dit, force est de reconnaître que la force de la série repose en grande partie sur le soin apporté à chacun de ses personnages qui ne sont pas de simples voyous ou des policiers chevronnés. L’auteur prend le temps de développer chacun d’entre eux, de leur construire une vie, de peaufiner leurs psychologies, leurs faiblesses et leurs points forts, les liens qui les unissent et la façon dont ils s’inscrivent dans leur temps… Bref, d’en faire des personnages à part entière, complexes et cohérents et le travail sur les dialogues vient renforcer cet état de fait… Le rapport qu’entretien le jeune inspecteur Lévêque, héritier de mai 68 portant des Tshirt des Stones et des Sex Pistols ou arborant fièrement le slogan « Sex Drugs Rock N Roll », avec ses collègues plus âgés est symptomatique des seventies. Ce faisant, tout en déroulant un polar impeccablement bien écrit, Philippe Richelle esquisse un tableau subtilement nuancé des années 70…

Composé de plusieurs récits parallèles, alternant notamment entre l’enquête de l’équipe de Pommard et les agissements du Commando Noir, le scénario de ce troisième opus d’Affaires d’Etat-Extrême Droite s’avère tout particulièrement rythmé et entraînant. Solidement charpentée, l’intrigue est complexe et exigeante mais en tous points captivante…

Pour mettre en image ce récit mêlant habilement histoire et politique, Philippe Richelle retrouve le talentueux Pierre Wachs avec qui il avait signé Opération Vent Printanier ,Les Guerriers de Dieu ou Les mystères de la Troisième République. Rehaussé par les couleurs d’Andrea Meloni, son dessin caractéristique entraîne le lecteur dans des années 70 particulièrement convaincantes grâce à un travail soigné sur les costumes, les décors et les accessoires, reflets d’une époque… La composition de ses planches rendent la lecture de l’album particulièrement fluide et entraînante alors que ses personnages s’avèrent crédibles et cohérents.

Ce troisième tome de la série Affaires d'Etat, Extrême Droite, nous entraîne à la suite du commissaire Pommard et de son équipe sur une fusillade dans un bar de Bayonne où furent abattus un membre supposé de l’ETA et un patron d’un club privé frayant avec la mafia… Deux pistes pour une enquête complexe et alambiquée qui pointe la collusion entre extrême droite et grand banditisme dans la France des années 70.

Reposant sur des personnages remarquablement bien écrits et le dessin réaliste de Pierre Wachs qui retranscrit avec efficacité l’atmosphère de l’époque, ce récit complexe et alambiqué s’avère tout aussi exigeant que passionnant… Le cliffhanger refermant l’album laisse augurer d’une suite nerveuse et passionnante…

- Je me demande comment il a réussi l’Ecole de Police…
- Qu’est-ce que vous lui reprochez ?
- Son attitude, sa façon de s’habiller.
- Ce ne serait pas plutôt sa jeunesse et sa belle gueule ?
- Lévêque a un petit côté dilettante. Mais, jusqu’à preuve du contraire, il fait son boulot…dialogue entre Pomard et son équipe