    8 septembre 1961, à Pont-sur-Seine. De Gaulle échappe à un attentat revendiqué par un groupuscule se réclamant de l’OAS. Les services de renseignements sont persuadés que le groupe est encore en activité et fomente un nouvel attentant contre la « Grande Zohra».
Ce sera le fameux attentat du Petit Clamart qui aura lieu le 22 août 1962. Ce jour-là, le destin de la France aurait pu basculer mais De Gaulle et les autres passagers de la voiture, sa femme, son gendre et le chauffeur, échappèrent miraculeusement à la mort… Les conspirateurs, des soldats perdus rêvant de l’Algérie française, furent arrêtés un à un, jugé et condamné à la réclusion ou à mort, avant d’être graciés par De Gaulle… Seul le chef du commando, le lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry, fut fusillé, après avoir refusé qu’on essaye de le faire évader…
Et si les membres du commando arrêtés n’étaient que la partie émergée de l’iceberg et que l’affaire était bien plus tortueuse qu’il n’y parait ?
Plus encore que celui de Pont-de-Seine, l’attentat du Petit-Clamart (septième tentative d’attentat contre De Gaulle en un mois !) s’avère l’un des plus connu du grand public, les « petites » phrases du général (« Cette fois c’était tangent », après s’être redressé, indemne), de son gendre (« Père, couchez-vous ! ») ou de sa femme (« J’espère que les poulets n’ont rien ») faisant désormais partie de l’histoire…
Mais, alors que les acteurs du drame ont été pour la plupart arrêté et condamnés, des zones d’ombre subsistent…  Et si Bastien-Thiry n’était pas un simple soldat perdu de l’OAS mais un agent de l’OTAN, alors les Etats-Unis voyaient d’un mauvais œil le projet de de Gaulle de s’affranchir de sa tutelle en quittant l’OTAN et en se dotant de l’arme nucléaire ? L’hypothèse est vertigineuse mais… plausible !
S’appuyant sur une solide documentation citée en fin d’album, Simon Treins tisse un récit captivant et tortueux où il présente les membres du commando en les mettant en scène dans leurs tentatives ratées d’attentats ayant précédé celui du Petit-Clamart… Plus que des soldats aguerris, certains sont de vrais bras cassés qui font péricliter chacun des plans pour des raisons souvent hallucinantes d’amateurisme…
L’édifiant scénario est mis en scène par le trait élégant de Munch qui met en scène cette galerie de personnages qui auraient pu faire basculer l’histoire de la toute jeune Cinquième République. Usant du vocabulaire cinématographique, il compose des planches bougrement efficaces et dynamiques, nous immergeant au cœur de la France des années 60 tout en nous donnant l’impression de suivre un excellent polar aux dialogues ciselés et percutants…
 Simon Treins et Munch referme leur passionnant diptyque en nous entraînant dans les coulisses du fameux attentat du Petit-Clamart où il s’en est fallu d’un cheveux pour que le Général de Gaulle ne soit assassiné…
Au soir du 22 août 1962, alors qu’il faisait route vers l’aéroport de Villacoublay pour s’envoler vers Saint-Dizier pour se rendre à Colombey-les-Deux-Églises, la voiture où se trouvait le Général de Gaulle, sa femme, son gendre et son chauffeur, un commando lourdement l’attend de pied-ferme au Petit-Clamart pour le tuer… Si on accuse rapidement l’OAS et les soldats perdus de l’OAS, tout laisse à penser que l’affaire est bien plus complexe et tortueuse qu’il n’y parait…
Le dessin précis de Munch et la colorisation soignée de Scarlett nous immerge dans cette France des années 60 et animent la formidable galerie de personnages du scénario précis et solidement documenté de Simon Treins, des bras cassés du commando aux agents des services secrets en passant par les politiques en général et par De Gaulle en particulier… Ce diptyque s’avère tout aussi édifiant que captivant et ravira les amateurs d’histoire contemporaine…
- Je me suis laissé dire que tout le monde n’aimait pas De Gaulle à la CIA.
- Tout le monde le déteste, à commencer par John McCone, son directeur… Il pense qu’il met l’OTAN en danger face aux soviets.
- C’est idiot, De Gaulle n’a aucune espèce d’affection pour les communistes !
- Non, peut-être, mais il ne porte pas non plus les américains dans son cœur.
- C’est exact, mais est-ce une raison pour le combattre ?
- Qui le combat ?
- Prenez Monnet… Ce brave Jean Monnet ne recommandait-il pas à Roosevelt de liquider De Gaulle ?dialogue entre Monsieur Melnik et Monsieur Brown
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