




Dans
Suburbia, les joueurs vont développer leur ville, construisant des zones résidentielles, des commerces, des bâtiments administratifs ou industriels pour en faire la plus attractive des métropoles.

Règles et matériel

Pour la petite histoire, cette nouvelle version de
Suburbia est la réédition du jeu éponyme publié dans la langue de Molière par Ystari en 2013… Le matériel a lui été modernisé et repensé pour le rendre plus attractif et ergonomique… Les tuiles hexagonales des bâtiments sont ainsi plus grandes et l’iconographie s’avère visuellement plus efficace que dans les précédentes éditions du jeu, ce qui n’est pas inutile puisque chaque tuile contient une foule d’informations qu’il faut être capable d’intégrer en un coup d’œil… Et les dépunchers frénétiques seront aux anges avec ces multiples planches de tuiles, jetons et marqueurs à dépuncher…
Le plateau de score a été étrangement revu en proposant une piste non linéaire, ce qui peut perturber quelque peu l’avancée du pion score… Mais c’est parce qu’elle est réversible et que chacun pourra utiliser la face du plateau qui lui plait le plus… On ne s’en est rendu compte qu’après avoir pesté contre le cheminement lors de notre première partie

.
L’ensemble du matériel s’avère d’autant plus attractif que l’éditeur propose un thermoformage fort bien pensé qui s’avère très pratique pour ranger le foisonnant matériel du jeu et rendre sa mise en place plus aisée… Un petit défaut : les couvercles ne tiennent pas très bien et il n’est pas impossible qu’ils s’entrouvrent si vous rangez le jeu en position verticale.
La densité du livret de règles (8 pages) pourra faire peur à des joueurs occasionnels. Mais il s’avère clair et si bien rédigé que les différentes mécaniques s’intègrent facilement… Les aides de jeu fournies pouvant par ailleurs servir de support à leur explication…
Contenu de la boîte : un plateau marché réversible, 1 plateau population (lui aussi réversible
), 1 marqueur Premier Joueur, 1 tuile Un tour restant, 20 tuiles Objectif, 32 tuiles A, 36 tuiles B et 32 tuiles C, 30 jetons 1#, 20 jetons 5€, 20 jetons 10€, 4 tuiles Faubourg, 4 tuiles Parc Municipal, 4 tuiles Site Industriel et, pour chacun des 4 joueurs : 1 plateau Bourg, 1 meeple Population, 3 marqueurs Investissement, 1 Marqueur Réputation, 1 marqueur Revenu et 3 tuiles de base (Bourg, Site Industriel et Parc Municipal).

Déroulement d’une partie
Mise en place
Passée la première partie, la mise en place s’avère plutôt fluide : chacun installe son bourg de base et reçoit 2 tuiles Objectif personnels dont ils prendront secrètement connaissance, en conserveront un et défausseront l’autre… 4 Objectifs commun seront dévoilés et le Marché de l’Immobilier rempli.
Enfin, les piles de tuiles A, B et C sont constituées avec un nombre de tuiles dépendant du nombre de joueurs…
Déroulement
A son tour de jeu, un joueur réalise dans l’ordre les 4 actions suivantes
1
Acquérir et placer une tuile du Marché Immobilier (une rivière), parmi les tuiles basiques ou transformer une tuile en lac en s’acquittant de son coût. Dans tous les cas, une tuile du Marché est défaussée (en s’acquittant éventuellement du surcoût). La tuile est posée dans sa ville : il active l’effet immédiat et d’éventuels effets déclenchés par sa pose. Il peut à la place choisir de placer un marqueur Investissement et réactiver une tuile déjà posée en repayant son coût.
2
Collecter ses revenus selon la position de son marqueur revenu. S’il dit perdre des sous qu’il n’a pas, il recule d’autant son marqueur sur la piste Population.
3
Ajuster son marqueur sa Population selon la position de son marqueur réputation. S’il doit perdre une population qu’il ne possède pas, il perd de l’argent.
4
Ajuster une nouvelle tuile sur le Marché Immobilier en faisant glisser les tuiles vers la droite (leur coût baisse) et en plaçant la nouvelle tuile à gauche.
A tout moment de la partie, si, en déplaçant son marqueur sur la piste Population, le meeple d’un joueur franchit une ligne rouge, il baisse ses Revenus et sa Réputation de 1. S’il la franchit en reculant, il augmente ces deux jauges de 1.
Fin de Partie
Lorsque la tuile « un tour restant » est dévoilée, on finit le tour en cours puis on joue un dernier tour. Chaque joueur réalisant son objectif marque les points indiqués. Seul un joueur peut réaliser un objectif commun, en cas d’égalité, ils sont ignorés. Enfin, chacun converti son argent en Population (à raison de 5€ pour 1).
Le joueur totalisant le plus de points remporte la partie. La Réputation, puis les revenus et enfin la Monnaie départageront d’éventuelles égalités…

l’Avis de la Rédaction
Avec la masse de jeux édités chaque année certains pourraient s’interroger la pertinence de rééditer un jeu datant de près d’une dizaine d’années tant de nombreux mécanismes ludiques ont modernisé le genre… Pourtant,
la fluidité des mécanismes au service d’une thématique forte et cohérente conjuguée à
la profondeur du jeu en font un excellent jeu qui n’a pas pris une ride…

A son tour, on doit
acquérir, poser et appliquer les avantages et inconvénients de la nouvelle tuile. Simple, efficace et sans fioritures inutiles… Et pourtant… les
choix sont clairement
cornéliens, dictés tant par notre trésorerie (l’argent est le nerf de la guerre et des projets immobiliers) et d’autre part par les objectifs personnel ou communs que l’on pense pouvoir réaliser… Et cela est d’autant plus délicieux que la physionomie de chaque nouvelle partie s’avère subtilement différente de la précédente ! Car les tuiles utilisées durant une partie sont en quantité limitée… Impossible de compter sur un combo dévastateur avec certitude ! Chaque joueur devra se la jouer opportuniste, tout en planifiant ses achats en fonction des orientations qu’il souhaite donner à sa ville et aux objectifs aléatoires tirés en début de partie…
Mais si le choix de chaque tuile doit être finement étudié, sa pause doit l’être plus encore… Et parfois, cela relève du
véritable casse-tête lorsqu’on souhaite optimiser au mieux le gain de Revenu ou de Réputation… et minimiser les pertes ! Car certaines tuiles ont des effets de pose pour le moins négatifs… Tout en permettant, sur le long terme des gains substantiels ! Car si certaines tuiles activent des pouvoirs lorsqu’elles jouxtent des tuiles d’un type donné, d’autres verront leur effet (positif ou négatif !) augmenter en fonction du nombre de bâtiments de tel ou tel type déjà construits dans sa ville ou dans celles de tous les joueurs ! Et, bien sûr, au fil des piles Bâtiments utilisées (A, B puis C), les bâtiments deviennent de plus en plus intéressants et… de plus en plus couteux ! Autant de paramètres à prendre en compte !
On appréciera que l’auteur ait pensé aux lacs et aux tuiles basiques qui peuvent permettre de débloquer une situation inextricablement figée en permettant au joueur d’engranger quelques monnaies sonnantes et trébuchantes… Sans oublier
la brillante idée de l’investissement qui permet de réactiver un bâtiment et donc de bénéficier de ses gains substantiels une seconde fois… Mais les joueurs sont limités à 3 investissements par partie… C’est peu… Mais, utilisé à bon escient, c’est bougrement efficace et lucratif !

Mais le centre névralgique du jeu repose sur les deux jauges que sont
les Revenus et la Réputation… Ce sont
de puissants leviers de développement… et des entraves indéniables si elles restent trop longtemps en dessous de zéro ! L’avancée des marqueurs sur chacune d’entre elle constitue un objectif en soi… Mais ne doit en aucun cas détourner les joueurs de leur objectif principal : accroître la population de leur cité !
Et l’interaction me direz-vous ? On aurait tôt fait de la croire réduite à sa portion congrue : les objectifs communs, le choix des tuiles… Certes… Mais il y a aussi les lacs qui permettent aux joueurs de s’emparer parfois à vil prix de certaines tuiles qui, entre les mains d’un adversaire, pourraient s’avérer trop lucratives…
Aussi, si les règles sont simples et fluides,
Suburia est un jeu profond et exigeant où chaque erreur se paye durement… Et il faudra plus d’une partie pour en apprécier (et plus encore en maîtriser !) toute la richesse et les subtilités…
Deux modes avec des bots plutôt bien pensé permettront de pratiquer la construction de ville
en solo… Elle est pas belle la vie de maire ?
Réédité dix ans après sa localisation par Ytari, Suburbia n’a pas pris une ride… Il faut dire que la mécanique fluide et abordable masque un jeu d’une grande richesse et d’une grande profondeur…
Pour l’occasion, le matériel a été retouché : des plateaux plus élégants, des tuiles Bâtiment plus grandes et une iconographie revue et corrigée et vous obtenez un jeu bien plus lisible que ne l’était sa première mouture… On ne peut que s’en réjouir !
Avec ses interactions à fleuret mouchetés, les possibilités vertigineuses de développement, les choix cornéliens de sélection et de pose de tuiles, les jauges de Réputation et de Revenus, les objectifs communs ou secrets, la sélection aléatoire de tuiles utilisées rendent ce jeu aussi captivant qu’exigeant et chaque partie unique…

On aime...

les règles simples, fluides et cohérentes avec la thématique

une richesse et une profondeur impressionnante

des parties aux physionomies très différentes

des choix éminemment cornéliens

On n'aime pas...

il faudra clairement plus d’une partie pour le maîtriser
