Frappée par la malédiction de la glaire noire, la planète O'Zhinn agonise… Jadis, tous les deux siècles, les Géants sortaient de leur longue torpeur et entamaient une longue migration vers le nord… Mais ils ont été décimés par les hommes qui les jugeaint responsables des malheurs qui les accablaient…
Mais un jour, celui qui pourrait être le dernier des géants s’éveille et entame son long périple, aussitôt traqué par les hommes pour être mis à mort… Mais Odette, vieille dame excentrique considérée par beaucoup comme une folle, se met en route pour le retrouver… Accompagnée par Childebert, un orphelin albinos qu’elle a recueilli, elle est intimement persuadée que la glaire noire qui ravage le royaume qui ne tient que grâce à le fragile barrage de Glanaé est inextricablement liée à leur disparition…
Elle aura fort à faire car Erec, le pire des chasseurs de géant avec qui elle a eu maille à partir par le passé, est déjà sur sa trace…
Fichtre, que la couverture est belle, avec cette vieille dame et ce garçon a la peau laiteuse chevauchant une étrange créature sur une colline battue par le vent derrière laquelle se détache la silhouette d’un géant entouré d’oiseaux magnifiques… Evoquant les univers poétiques de Hayao Miyazaki, elle donne dès le premier regard l’envie de son plonger dans cet univers et ce récit d’aventure qui mêle onirisme, action, aventure et écologie de façon inextricable…
Difficile de ne pas se laisser happer par l’univers imaginé par Augustin Lebon que le scénariste met en place avec maestria, de même que par ses personnages hauts en couleur, du pauvre Childebert qui, parce que différent, se fait maltraiter par les gamins de son âge dès qu’il met le nez dehors en passant par Odette, attachante vieille dame exubérante et bougonne qui, consciente de la menace qui plane sur O'Zhinn, se lance dans une dangereuse et passionnante aventure… Chaque protagoniste de l’histoire semble être parfaitement à sa place, de l’antipathique Eroc à sa fille Yseult qu’il élève à la dure en passant par Grand, le géant qui va devoir tracer sa route vers les confins du royaume, dans un monde hostile où les hommes s’apparentent de plus en plus à des ennemis…
Un autre scénariste qu’Augustin Lebon aurait pu tisser un tel récit sans prendre le temps de travailler avec soin ces personnages et les liens les unissant…
Mais pas lui… Et c’est ce qui donne toute sa force à cette histoire d’heroic-fantasy teinté d’écologie : les liens anciens unissant Odette à Eroc, source de rancunes, l’éducation d’Yseult sans oublier le celui existant entre les hommes et la nature que les premiers s’appliquent à détruire sans comprendre que, ce faisant, ils creusent leur propre tombe… Sans oublier les secrets anciens qui refont surface et densifient le récit… Ainsi, si le récit s’adresse à la jeunesse, il captivera tout autant les plus grands…
L’autre atout de cet album réside indéniablement dans le somptueux dessin de l’impressionnante Louise Joor avec qui Augustin Lebon avait déjà travaillé sur la tétralogie
Résilience qui traitait déjà d’écologie. Ses planches mettent en scène une nature fascinante mais meurtrie par l’homme alors que les différentes créatures auxquelles elle donne vie densifient l’univers de façon confondante. Mais ce sont bien évidemment sa façon d’animer des personnages pleins de vie qui subliment le récit en les rendant très attachants qui rendent la lecture particulièrement entraînante, d’autant que ses couleurs lumineuses et envoûtante subliment ses compositions…
Augustin Lebon retrouve Louise Joor avec qui il avait signé Résilience pour signer un récit mêlant avec art écologie et univers d’heroic-fantasy…
Il y a bien longtemps que les géants ne marchent plus sur O'Zhinn, exterminés par les hommes… Lorsqu’elle apprend qu’un géant, le dernier peut-être, vient de s’éveiller, la vieille Odette, considérée par beaucoup comme une vieille folle, aidée du craintif Childebert, se lance sur sa trace, persuadée que la disparition des géants est la cause des maux qui ravagent le royaume… Mais des chasseurs sont déjà sur sa trace pour l’occire…
Rehaussé par ses couleurs envoûtantes et lumineuses, les somptueuses compositions de Louise Joor mettent en scène les personnages fascinants et l’univers imaginé par le scénariste, tissant une fable écologique passionnante riche en révélations et en secrets anciens…
Au final, ce Grand Migrateur s’avère être un album jeunesse à mettre entre toutes les mains !
Pfff… Ils me traitent tous comme une vieille folle. Ce sont eux les fous ! Ils ne voient pas que le monde s’écroule ! La sécheresse ! La famine ! Et cette saleté de glaire noire qui a déjà englouti une partie d’O'Zhinn. Pour l’instant, le barrage de Glanaé parvient à stopper son avancée. Mais combien de temps résistera-t-il encore ? S’il venait à céder, la glaire noire anéantirait tout sur son passage… Je suis sûr que c’est lié à leur disparition. L’histoire d’O’Zhinn ne mentionne aucune mer de glaire noire, avant ça. Devaient-ils achever leur migration ? Accomplir quelque chose ? Leur mort a-t-elle causé notre perte ?Odette