Après l’incendie criminel qui a détruit leur récolte, Younes et sa famille ont été contraint de quitter leurs terres pour gagner Oran où le père espère trouver un travail permettant de subvenir à leurs besoins.

Mais la vie y est âpre et le travail harassant… C’est pourquoi le père de Younes décide de confier son fils à son frère, pharmacien marié à une française… Rebaptisé Jonas, fréquentant les mêmes écoles que les roumis, les français vivant en Algérie, et doté d’un physique avantageux et de magnifiques yeux bleus, il est vite accepté par cette communauté aisée… Une solide amitié va se nouer entre lui et trois autres colons tandis qu’il va tomber amoureux d’Emilie…

Mais, au fil des années, les légitimes revendications indépendantistes se font de plus en plus prégnantes tandis que Jonas ne peut que constater la misère dans laquelle sont contraints de vivre les algériens…

Avec son titre touchant et poétique, le roman de Yasmina Khadra s’avère un album envoûtant et édifiant qui nous donne à comprendre les prémisses les légitimes besoin de liberté des algériens, annonciateurs de la Guerre d’Algérie…

Porté par une écriture mélodieuse, son récit nous entraîne dans la jeunesse d’un jeune algérien qui allait grandir, écartelé entre deux mondes que tout oppose… D’abord trop jeune pour comprendre le comportement dominateur des français, il va peu à peu ouvrir les yeux lorsqu’il sera victime de racisme de la part de cette petite fille qu’il pensait aimer mais qui le rejette violemment sitôt qu’elle apprend que, malgré ses beaux yeux bleus, il est algérien… L’amitié unissant Jonas, Jean-Christophe, Fabrice et Simon est formidablement retranscrite dans ce roman graphique adapté par Stella Lory. On se laisse entraîner par les destins croisés de ces gamins venus d’horizons si différents et qui vont, ensemble, grandir, vieillir, découvrir l’amour et perdre leurs illusions… Mais gardant l’amour de l’Algérie chevillé au corps…

Si on retrouve dans ce récit toute la bienveillance, de tolérance et l’humanité du romancier, le dessin épuré et sensible de Marion Duclos n’y est pas étranger. Son trait faussement enfantin, la douceur de ses couleurs, et sa façon de donner à ressentir les émotions du jeune Younes est confondante de justesse et rend la narration particulièrement touchante. Difficile de ne pas être bouleversé par cette histoire simple qui nous permet d’effleurer l’âme de l’Algérie et de comprendre le drame qui s’est noué avant la guerre d’indépendance, et le ressenti des algériens et des roumis qui ont aimé le même pays mais vécu côte à côte sans se connaître et se comprendre…




Après l’excellent film de Alexandre Arcady, ce que le jour doit à la nuit, roman poétique et bouleversant de Yasmina Khadra fait l’objet d’une adaptation en bande-dessinée, éditée par Philéas qui enchaîne les remarquables adaptations de romans incontournables…

Assurée avec sensibilité par Stella Lory, la transposition de l’histoire de Younes s’avère mis en scène par le trait délicat et la douceur des couleurs de Marion Duclos qui redonne vie à l’Algérie d’avant la guerre d’indépendance et que l’on découvre à travers le regard d’un enfant que l’on va voir grandir, écartelé entre deux cultures, celle des roumis et celle des algériens…

Aussi passionnant que bouleversant, cet album nous donne à voir la beauté et la complexité d’un pays qu’ont aimé, à leurs façons, algériens et français… Une poignante histoire d’amitié et d’amour(s) qui traverse le temps et qui ne laissera personne indifférent…

Si tu veux pleurer, pleure, si tu veux espérer, prie. Mais de grâce, ne cherche pas de coupable là où tu ne trouves pas de place à ta douleur.l’oncle de Younes