Connu de son seul nom de code, B est un être mi-homme, mi-dieu né à l’aube de l’humanité, et sujet à des accès d’ultraviolence qu’il doit extérioriser pour ne pas sombrer dans la folie.

Héros durant l’antiquité, il fut de toutes les guerres qui ont ravagé l’humanité mais dut se faire discret pour en pas attirer l’attention sur lui, poursuivant néanmoins sa frénésie de combats, de violence et de sang. Pour tenter de comprendre sa raison d’être et donner un sens à sa trop longue existence, il accepte de devenir le sujet d’études scientifiques tout en prenant part à des missions dangereuses dont il se sort toujours indemne…

Il rêve de devenir mortel pour avoir une existence semblable à celle des autres, pour pouvoir vivre, aimer et mourir… Car immortel par essence, il ne peut donner la vie et se voit condamné à voir ses compagnes vieillir et mourir… Mais il ignore ou feint d’ignorer que les scientifiques qui l’étudient lui cachent une partie de la vérité…

Voir Keanu Reeves devenir (co)scénariste de BD était en soit suffisamment intrigant pour qu’on s’intéresse de près à son BRZRKR, titre imprononçable inspiré des Berserk, guerriers à même de rentrer dans une fureur guerrière sacrée… Après un premier tome violent mais suffisamment intrigant pour devenir captivant, il nous tardait de lire ce second opus mettant en scène un demi-dieu amnésique désireux de se souvenir du secret des origines de sa vie, espérant y trouver le moyen d’y mettre un terme… Son existence n’est pour lui qu’une succession de combats sans fin, comme s’il cherchait dans la fureur des batailles à s’empêcher de réfléchir sur sa véritable nature, se dépouillant au fil des siècle des sentiments et des émotions qui faisait de lui un être humain pour n’être plus que le guerrier parfait et immortel qu’il semble être devenu aujourd’hui et qui fut jadis vénéré comme un dieu…

Le second opus de la série remplit toutes nos attentes mais s’avère néanmoins particulièrement frustrant puisque si l’intrigue progresse et si le portrait de ce personnage surhumain se densifie au fil des pages, le rendant plus intéressant encore que dans le premier tome, l’ambivalence des scientifiques qui en ont fait leur sujet d’étude et le rôle qu’ils lui prête dans les avancées technologiques de l’humanité nous donne furieusement envie de connaître le fin mot de l’histoire…

Doit-on chercher dans cet étrange récit une part d’autobiographie ? Keanu Reeves a incarné des hommes d’action dans de nombreux films ou saga à succès et est ainsi parvenu à une sorte d’immortalité…S’est-il lui-même lancé corps et âme dans ces blockbusters pour oublier ses tourments et ses blessures ?

Si le scénario écrit à quatre mains avec le talentueux Matt Kindt, par ailleurs scénariste de l’excellent Mister Mammoth, est aussi efficace, le formidable travail graphique de Ron Garney, qui plus est sublimé par la colorisation fascinante de Bill Crabtree, n’y est clairement pas étranger… Porté par un découpage tout à la fois dynamique et résolument moderne, ses planches posent avec art l’atmosphère de chaque scène, des scènes intimises propices aux révélations aux scènes de combat frénétiques chorégraphiées comme un formidable film d’action… L’album est par ailleurs complété par des cover art de différents artistes particulièrement talentueux…

BRZRKR est une trilogie troublante et envoûtante qui met en scène un être mi-homme, mi-dieu né à l’aube de l’humanité…

Immortel amnésique sujet à des crises d’hyper violence, il est devenu le guerrier ultime et œuvre désormais pour le compte du gouvernement américain. En échange, il devient le sujet d’études scientifiques pour comprendre sa nature et lui donner la possibilité de mourir, ce qu’il souhaite ardemment…

Le scénario concocté par Keanu Reeves et Matt Kindt s’avère bien plus subtil et nuancé qu’on pouvait le croire au prime abord et les talents conjugués de Ron Garney au dessin et de Bill Crabtree à la couleur le mette en scène avec une redoutable efficacité, que ce soit dans les scènes d’action virevoltantes ou dans celles plus intimistes, propices aux révélations… Il nous tarde de connaître la conclusion de ce fascinant récit qui pourrait être l’histoire allégorique de l’acteur qui a accédé à l’immortalité avec ses films à succès……

- Tu… Tu a vu tellement de guerres. Pourquoi tu as choisi notre camp ?
- Défoncer des rochers et des arbres pour calmer le Berserker, ça ne dure qu’un temps. Et quand bien même, ça revient toujours, plus intense que jamais… Les protocoles m’aident à gérer ça… Les temps de paix sont durs. Je veux juste être anonyme. Je me noie dans la violence.dialogue entre Jim et B