Paria parmi les parias, Qâa est le Mal-Né, fruit des amours interdits du roi et d’une femme du peuple… Pourtant, il est proche du Prince Abo-Sybel, héritier du Trône Solaire, et tous deux se rencontrent secrètement pour conjurer leur trop grande solitude. Il a même bravé les interdits de la Reine en assistant, dissimulé dans l’ombre, à la cérémonie durant laquelle les Prêtresses de Keleb allaient éveiller les mémoires de son demi-frère, dans le sanctuaire du Lac Souterrain d’Amenrâ…

Mais un soir que Qâa venait retrouver Abo-Sybel au cœur du palais royal, ce dernier, plus effrayé encore par la réaction de sa mère, la Prêtresse-Mère Adishalep, lorsqu’elle découvrirait qu’il bravait ses interdits, a préféré précipiter son demi-frère par une haute fenêtre surplombant les entrailles de la cité… Manquant de s’y noyer, ce dernier est sauvé par la malicieuse Aménopée qui semble connaître tous les passages dérobés du palais…

Peu à peu, il va croiser Osyram, le Maître d’Armes de l’empereur que son père a chargé de faire de lui un guerrier alors qu’il recevra l’enseignement de Maître Ashedept qui a enseigné aux plus brillantes esprits de Korunka… Qâa l’ignore encore, mais son destin est sur le point de basculer alors qu’il sent son amour pour Aménopée grandir de jours en jours…

Après nous avoir fait visiter les Terres d’Arran à la suite de valeureux héros dont certains sont devenus des légendes, il était temps d’explorer l’autre grand continent des Mondes d’Aquilon : les Terres d’Ogon… Sur ce continent dont les cultures évoquent celle de l’Afrique, d’autres héros attendent leur heure et c’est à Nicolas Jarry qu’incombe la charge de nous conter les aventures de Qâa, fils Bâtard d’un puissant monarque dont la civilisation évoque celle de l’Egyptien antique… Mais, bien que fils de roi, le personnage central de l’histoire est un paria : fils aîné d’une épouse illégitime, né quelques instants avant celui qui devait hériter du trône, il est haï par la reine et semblait rejeté par son père…

Pourquoi après l’avoir laissé vivre seul une enfance miséreuse, son père semble à présent désireux de lui donner la formation à laquelle il n’a jamais eu droit ? La question hante le lecteur alors qu’on voit le jeune homme apprendre l’art du combat avec le Maître d’arme de son père et dévorer un à un les livres de la riche bibliothèque royale… Puis, sans prévenir, la révélation tombe comme un couperet… un twist particulièrement vertigineux qui laisse le lecteur reste totalement abasourdi et vient chambouler de fond en comble sa perception des évènements qui viennent de lui être relaté… Impossible d’en dire plus sans gâcher la surprise… Parfaitement maîtrisé, ce récit de Nicolas Jarry s’avère passionnant, montrant à quel point ce nouveau continent est devenu lui aussi un formidable terrain de jeu pour les bardes des Mondes d’Aquilon…

Révélé par son travail sur Yiu Premières missions (sur un scénario de Téhy, alias Jim), Vax signe un album magnifique. Son trait envoûtant nous fait goûter aux charmes de l’Orient en soignant décors et costumes pour mieux nous entraîner au cœur de la puissante cité d’Amenrâ… L’architecture de ses bâtiments est somptueuse et le soin apporté au découpage et aux cadrages de ses planches dynamise les scènes d’actions comme les scènes intimistes… Le lien qui se tisse entre Qâa et Aménopée est esquissé avec tendresse et subtilité alors que le combat final nous offre des visuels incroyables qui retranscrivent avec force la violence des combats… Posant avec art les ombres et les lumières, la colorisation soignée de l’impressionnant J. Nanjan souligne avec finesse l’atmosphère mystérieuse et inquiétante du lac souterrain ou celle, majestueuse, de la cité comme les fastes du palais ou les ambiances de la bibliothèque royale, propice à l’étude… Difficile de ne pas s’attacher à ce gamin des rues agile et débrouillard qui aurait pu prétendre à de hautes fonctions s’il n’avait été chassé du palais par la Reine qui, désireuse de protéger son fils, tua la mère de Qâa, lui-même ne devant sa survie qu’à l’intervention de son père.

Se déroulant dans les Terres d’Ogon, nouveau terrain de jeu des bardes des Mondes d’Aquilon, Mystic nous conte le destin peu commun d’un bâtard du roi de la puissante Amenrâ…

Après avoir été tenu à l’écart de la cour et avoir dû survivre dans les ruelles tortueuses de la cité, Qâa va, à la demande de ce royal père qu’il ne connaît pas, suivre les enseignements de son Maître d’Arme et de Maître Ashedept qui forma les plus brillants esprits du royaume… Pourquoi un tel revirement ? Aura-t-il comme son frère, le Prince Solaire, héritier du trône et récemment initié par les prêtresses de Keleb, un rôle à jouer dans l’avenir du Royaume ?

Le scénario de Nicolas Jarry est une fois encore remarquablement bien mené avec deux parties bien distinctes articulées par un twist aussi vertigineux que fascinant qui nous donne à revoir le début de l’album avec un saisissant changement de paradigme… Très efficace, le dessin de Vax est quant à lui mis en valeur par la colorisation subtile de J. Nanjan qui soigne les ambiances et sublime les planches de l’album…

- T’approche pas !
- Oooh tout doux Qâa ! Je suis Osyram, le Maître d’Arme de de l’Empereur. Je t’attendais.
- Mon père veut faire de moi un soldat ?
- « Un soldat » ? Tu me vexes. Je ne forme pas de soldats. Je forme des guerriers. Je forge des esprits forts et indépendants.
- Ça doit pas plaire aux prêtresses, ça… Déjà qu’elle me détestent !
- Si elles te détestent, moi, je vais leur apprendre à te craindre.dialogue entre Qâa et Osyram