![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Dès lors, il se donne pour mission de parcourir le Royaume d’Espagne, protéger les faibles et les opprimés et combattre le mal qui ne manquera pas de se dresser sur son chemin… Chevauchant son famélique Rossinante, il engage Sancho Panza pour être son écuyer, lui promettant un poste de Gouverneur d’un obscur archipel qu’ils ne manqueraient pas de conquérir durant leurs aventures. Sacré chevalier par un aubergiste, il combattra de terrifiants géants et jurera fidélité à la seule femme digne d’être aimée de lui : la belle et noble dame Dulcinée del Tomboso. Son écuyer se rend bien compte que son maître n’a plus toute sa tête et voit des géants là où il n’y a que des moulins à vent et des princesses en chaque femme qu’il croise… Mais il n’était rien et le voilà désormais écuyer d’un chevalier errant ! Pourquoi tenter de dissiper ses visions fantasmagoriques ? ![]() une somptueuse et fascinante adaptation d’un chef d’œuvre de la littérature espagnole signé par les frères Brizzi Après leur hallucinante adaptation de l’Enfer de Dante, Gaëtan et Paul Brazzi revisite avec brio le chef d’œuvre de Miguel de Cervantes : Don Quichotte de la Mancha…Venu de l’animation, après avoir, entre autre, travaillé pour les studios Disney, ces deux frères jumeaux sont des artistes dont le trait envoûtant et protéiforme n’a pas fini de nous envouter, que ce soit pour mettre en image la fascinante Cavale du Dr Destouches (alias Céline) ou leur jubilatoirement loufoque et surréaliste Automne à Pékin. Abandonnant pour l’essentiel leur approche qui évoquer le formidable travail d’un Gustave Doré de leur Enfer, les deux frères adoptent un style plus léger et plus enjoué pour mettre en scène ce pathétique mais sublime personnage qui ne rêve rien de moins que de ressusciter la chevalerie errante ! Sans doute l’homme est-il fou en voyant des choses que lui seul voit, en se lançant dans des combats perdus d’avance contre des géants transformés en moulins à vent par le cruel enchanteur Freston ou contre des malandrins, en fait des gens d’armes, qui conduisent sans vergogne de pauvres voleurs sans le sou aux galères… ![]() Les frères Brazzi font une nouvelle fois montre d’une inventivité graphique saisissante. Adoptant un trait follement rafraîchissant pour mettre en scène leurs personnages, de Don Quichotte à Sancho en passant par le curé ou le barbier qui vont s’efforcer de raisonner l’hidalgo… S’ils disparaissent dans certaines cases pour mieux mettre en valeur les acteurs de cette irrésistible comédie dramatique, les décors n’en restent pas moins somptueux tandis que certaines cases, plus travaillées que d’autres nous rapprochent à nouveau des gravures qui pouvaient orner les différentes éditions du roman de Cervantès… Mais c’est surtout l’usage fascinant de la couleur qui s’avère être une trouvaille ingénieuse et sublime : elle nous donne à voir le monde tel que le voit Don Quichotte : point d’auberge miséreuse mais un château aux puissantes murailles; point de moulins mais de dangereux géants aux bras démesurés; point de paysanne ou de serveuses mais de nobles princesses; point de cheval de bois mais un puissant destrier ailé; pas d’enterrement dans un obscur petit cimetière mais des funérailles dignes du chevalier errant qu’il fut… Paul est Gaëtan Brizzi se sont emparés de l’œuvre de Cervantès pour en faire un somptueux chef d’œuvre sublime et envoûtant, retranscrivant avec finesse les errances de ce vieil homme qui n’est fou que parce qu’il voit le monde différemment des autres… ![]() ![]() Leur approche graphique s’avère tout à la fois brillante et sublime. Le trait se fait vif et énergique pour souligner la dimension loufoque et pathétique de l’histoire et de ce personnage d’hidalgo désargenté à qui la lecture frénétique de romans de chevalerie a donné le désir fou de ressusciter la chevalerie errante et de parcourir le monde pour en redresser tous les torts… Mais il peut aussi évoquer les gravures de Gustave Doré dans certaines planches ou case et se nimber de couleur lorsqu’il s’agit de nous montrer le monde tel que le voit Don Quichotte… Remarquablement bien écrit, superbement mis image par deux artistes hallucinants et qui plus est superbement édité, ce Don Quichotte de la Manche a su capter et retranscrire l’esprit de l’œuvre originale… A l’instar de leur Enfer, le Don Quichotte des frères Brazzi est indéniablement un chef d’œuvre qui fra date ! - Adieu donc, ma dulcinée !
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