Noepolis, une ville tentaculaire de notre futur. Un virus affecte l’ensemble de la population dès la naissance. Tout rapport sexuel s’avère mortel et est de ce fait formellement prohibé. Garçons et filles sont éduqués dans la haine de l’autre sexe et vivent dans des quartiers séparés par mur gigantesque…

Organisés en gangs possédant leurs règles et leurs codes, chacun vit dans ce statu quo jusqu’à ce qu’apparaisse le N-Dorphin, une drogue révolutionnaire qui, à même de provoquer des orgasmes artificiels, allait attirer bien des convoitises… Pour dénicher cette drogue de synthèse, Sœur Amy envoie Sam, Sœur Gale et Leysla, nouvelle recrue originaire d’Uptown Jungle, de l’autre côté du mur…

Au cours de cette dangereuse expédition, elle va croiser Kenzell, jeune rêveur idéaliste qui se réfugie dans la musique pour échapper à la violence…

Après avoir étudié aux Gobelins et travaillé dans l’animation, Joël Dos Reis Viegas, artiste d’origine canadienne, se lance dans la BD avec une série au format manga qui nous entraîne dans un univers dystopique évoquant tant les années sida que la période de pandémie qui a fortement ébranlé nos société… Il avait cependant déjà fait une discrète incursion dans le neuvième art en signant la couverture du fascinant Last Days of American Crime de Rick Remender et Greg Tocchini.

Graphisme et scénario évoqueront peut-être quelque chose aux amateurs de cyberpunk qui ont pu voir passer il y a un lustre ou deux le pilote prometteur d’une série d’animation canadienne qui avait fait sensation… Mais qui n’a pas eu de suite… Normal, Joël Dos Reis Viegas était déjà aux commandes ! C’est dire si l’histoire lui tenait à cœur !

Le fait est que le trait puissant de l’auteur immerge le lecteur en apnée dans un monde au bord de l’implosion, dominé par la peur et la violence et où le simple fait d’aimer est devenu un crime… Si, s’inscrivant dans le sillage de la mouvance cyberpunk, le contexte est résolument futuriste, la thématique de la série n’est pas sans évoquer celle de Roméo et Juliette, avec ces deux personnages appartenant à deux groupes qui se haïssent et dont l’histoire d’amour potentielle pourrait bien s’avérer aussi funeste que celui des amants de Véronne…

S’il signe son premier album, on peut dire que l’artiste maîtrise parfaitement son sujet. Tout à la fois nerveux et dynamique, son découpage s’avère être d’une redoutable efficacité tandis que ces cadrages aussi improbables que vertigineux nous donnent la furieuse impression de visionner un film d’animation superbement chorégraphié où chaque personnage, tous très charismatiques, semble doté de sa propre gestuelle qui souligne avec force ses traits de caractère.

Venu de l’animation, Joël Dos Reis Viegas fait une entrée remarquable dans le neuvième art en jetant les bases d’un univers dystopique glaçant qui servira de cadre à un récit qui semble emprunter quelques motifs au Roméo et Juliette de Shakespeare…

Dans un futur sombre et désespéré, un virus mortel oblige hommes et femmes à vivre séparés par un mur gigantesque qui écartèle Neopolis… Mais l’apparition de la N-Dorphin, une drogue de synthèse simulant l’orgasme va venir rompre le statu quo et inciter une poigné de punk à s’aventurer à Junk Town, de l’autre côté du mur, pour s’approvisionner…

Porté par un dessin puissant et redoutablement dynamique, des cadrages vertigineux et des personnages charismatiques, ce premier tome d’Urbance amorce une tragédie futuriste aussi intrigante que prometteuse…

Vous êtes les enfants de la contagion, le virus est votre héritage génétique. Il sommeille en vous, prêt à tuer. Restez sur vos gardes.extrait