



Après être tombés par hasard sur une mallette en skaï qu’un dealer devait donner à leur nouveau et horripilant collègue Harry Khan et que ce dernier devait confier à Courtney Balconi, la célèbre et pulpeuse journaliste d’investigation, les calamiteux lieutenants Spoon et White envoient par mégarde leur collègue au cimetière après un malheureux exercice de tir.
Comble de malchance, la mallette que Mickey Spoon avait laissé dans la voiture de patrouille pendant qu’il allait mater un film de Clint vu et revu et dont il connaissait toutes les répliques a mystérieusement disparu… Une course poursuite débridée s’engage alors dans les dangereuses avenues de New-York pour la retrouver et la donner à Courtney Balconi…
Bien évidemment, loin de s’entraider, Spoon et White vont tout enter pour empêcher leur rival de briller aux yeux de la belle et talentueuse journaliste…

C’est toujours avec un réel plaisir que l’on retrouve nos deux énergumènes devenus lieutenant de police par un incompréhensible concours de circonstances au vu de leur formidable capacité à semer le chaos et la désolation sur leur passage… Créé par Yann, Jean et Simon Léturgie au crépuscule des années 90, nos deux héros ont fait une entrée fracassante dans le giron des éditions Bamboo avec un neuvième tome inédit, l’occasion pour l’éditeur de rééditer les premiers tomes des improbables enquêtes de Mickey Spoon et Donald White.
Pour ceux qui ne connaissent pas de duo de choc, le premier est un nabot fan de Disney et de Dirty Harry à la gâchette facile qui ne sort pas sans son magnum et son doudou tandis que le second est un grand échalas, persuadé d’être un tombeur et qui se croit (à tort) particulièrement intelligent… Ce cinquième opus les entraîne donc dans le sillage de Bruce Ali, indic et dealer notoire qui a l’étrange don de s’attirer les pires ennuis et de se mettre dans des situations on ne peut plus dangereuse… Après, le seul fait de connaître Spoon et White suffit à risquer de passer de vie à trépas en un claquement de doigt, surtout si Blaconi pointe sa silhouette sensuelle dans les parages, faisant perdre l’once de neurones que possèdent nos policiers.

La course poursuite à travers New-York pour retrouver cette fichue mallette, véritable MacGuffin Hitchcockien dont le contenu pourrait inquiéter un Sénateur corrompu jusqu’à la moelle, est rythmée par des situations totalement azimutés (mais parfaitement maîtrisée !), des jeux de mots à foison, des références à la pelle et des seconds rôles totalement barrés et formidablement mis en scène par le trait incroyablement dynamique de Simon Léturgie et Franck Isard. L’expression des différents personnages est tout juste irrésistible avec des postures délicieusement archétypales qui viennent renforcer le comique de la situation improbable dans laquelle ils se sont fourrés… La séquence du le squat transformé en culture intensive de Bruce Ali est un moment d’anthologie, de même que la scène de fusillade se déroulant dans la caravane (paix à son âme) de Spoon…
L’album est complété par des crayonnés de recherches et des petites planches de BD proposant une histoire (très courte) et totalement barrée…

Planquez-vous ! Spoon et White, flics totalement décérébrés, sont de retour pour une aventure endiablée qui les entraînera dans les rues animées de New-York à la poursuite d’une mallette au contenu mystérieux dont a urgemment besoin Courtney Balconi pour confondre un Sénateur véreux…
Réédition augmentée de la version publiée il y a près de vingt ans, le scénario déjanté et les dialogues décalés de Yann et Jean Léturgie et les dessins déjantés de Simon Léturgie et Franck Isard n’ont pas pris une ride alors que les références et jeux de mots s’avère aussi efficaces que nos deux Inspecteurs sont débiles et dangereux.
Porté par une inventivité débridée et des situations improbables où les auteurs s’amusent à tordre les clichés du polar d’action hollywoodien, l’ensemble est tout à la fois totalement barré et néanmoins parfaitement maîtrisé… Funky Junky s’avère être un excellent opus de Spoon and White, polar parodique, iconoclaste et irrévérencieux parfaitement assumé qui n’a pas fini de nous faire hurler de rire…
Réfléchissons Goofy !... Que ferait Clint dans une telle situation ? Tu as raison, il chercherait parmi ceux connaissant l’existence de la valise. Harry ?... Il est mort… White ?... S’il tenait Courtney, il la garderait pour lui… Le Commissaire ? C’est idiot. Bruce Ali ! Soit c’est lui qui l’a volée, soit c’est lui qui téléphonait ! Bingo ! Dans les deux cas, il est coupable !Spoon dans ses œuvres