Rome, IIe siècle après Jésus-Christ. Edilus, le médecin le plus respecté de la communauté grecque est retrouvé mort. Comme il était de notoriété publique que lui et son fils n’étaient pas en bon termes, c’est tout naturellement ce dernier qui est accusé de parricide le pire des crimes pour les remains. Il ne fait pas l’ombre d’une doute qu’il sera condamné à une mort atroce au terme d’un procès expéditif.
Mais le talentueux orateur Marcus Cornelius Florens qui fut son ami et patient ne l’entend pas de cette oreille… Surprenant tout le monde, il sort de sa retraite de la vie publique et se propose d’être l’avocat d’Alexandre, coupable trop parfait à ses yeux. Mais quelle chance a-t-il, sans alibi, sans preuve et sans témoin oculaire, d’innocenter celui que tous et que tout accable…
Mais il sait que lors des joutes oratoires sur le Forum, une bonne histoire compte plus que la vérité.
Voilà un one shot aussi inattendu qu’envoûtant dont on aimerait qu’il devienne une série tant le contexte et le personnage principal de l’histoire s’avèrent pour le moins originaux…
En apparence antipathique, faisant preuve d’un remarquable sens de l’observation, d’une mémoire aiguisée, d’une logique implacable, quelque peu excentrique et ayant une vision assez personnelle de la justice, Marcus Cornelius Florens évoque indéniablement Sherlock Holmes… Pourtant, transposé dans le contexte iconoclaste de la Rome antique et doté d’une empathie qui faisait défaut au détective de Sir Arthur Conan Doyle, cet orateur est bougrement intéressant et son enquête l’inscrit pleinement dans son époque, nous détaillant les rouages de la justice romaine des premiers siècles après Jésus-Christ, alors que les talents oratoires comptaient plus que la culpabilité ou l’innocence d’un accusé…
Ecrite à quatre mains par Luca Blengino et David Goy, l’enquête proposée dans cet album s’avère solidement charpentée et riche en rebondissements et en révélations… Le suspens va crescendo alors que le procès en lui-même se profile et les relations avec les différents protagonistes s’avèrent bougrement intéressantes, donnant à l’ensemble un relief et une saveur toute particulière…
celle entre le père et son possible meurtrier en passant par celle entre l’orateur Marcus Cornelius Florens et le Préfet Atticus Polibus qui craint le retour de l’orateur dans l’arène parce qu’il remet en cause le fondement même des lois, mais qui l’espère tant ses plaidoiries construites et servies avec un talent saisissant rompent la monotonie de son travail…
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Antonio Palma fait plus que maîtriser son sujet… Il faut dire que ce n’est pas sa première incursion dans l’antiquité puisqu’il a déjà signé les dessins d’
Alexandre le Grand (scénarisé par Luca Blengino et un certain David Goy) et du
Colosse de Rhodes (de Luca Blengino)… Mais si le trait de facture classique de l’auteur italien était alors efficace, il devient bien plus intéressant sur cet album tant pour le remarquable travail effectué sur les costumes et les décors qui immergent le lecteur dans la Rome antique que pour l’expressivité de ses personnages, Marcus Cornelius Florens en tête, d’abord présenté comme un homme froid et dénué de sentiments mais qui s’avère bien plus nuancé que cela… Est-ce les couleurs lumineuses réalisées au sein du studio Arancia qui rendent ses planches plus intéressantes encore ? Sans doute n’y sont-elles pas étrangères mais force est de reconnaître que la précision et la modernité de son découpage porte remarquablement ce récit captivant…
Luca Blengino retrouve David Goy et Antonio Palma pour un récit policier qui nous entraîne dans la Rome antique pour un sombre histoire de parricide.
Lorsque son médecin et ami est assassiné et qu’on accuse son propre fils de l’avoir occis, Marcus Cornelius Florens décide d’assurer sa défense et de prouver son innocence, bien qu’il sache que la vérité n’est pas l’élément déterminant d’un procès, seule comptant une bonne histoire portée par les talents rhétoriques d’un orateur…
Antonio Palma s’éloigne de son dessin de facture classique pour faire s’incarner pleinement les intéressants personnages de ce polar historique solidement charpenté et riche en révélations et en rebondissements. Le personnage de l’Orateur évoque par bien des aspects le célèbre détective de Conan Doyle même si, sous une froideur et un détachement apparent, Marcus Cornelius Florens cache une empathie qui fait si cruellement défaut à Sherlock Holmes…
L’Orateur ravira les amateurs de polars et d’antiquité… Un point noir cependant : l’album est présenté comme un one shot alors que le caractère et le personnage facétieux de l’orateur, la qualité d’écriture et du dessin mériterait clairement d’en faire une série…
Avez-vous déjà oublié ce que je vous ai dit ? La vérité n’existe pas dans un tribunal Ce n’est qu’une ennuyeuse question philosophique. En tant qu’orateur au Forum, la seule chose qui importe, ce sont les histoires. Le gagnant est toujours celui qui raconte la meilleure histoire..l’orateur Marcus Cornelius Florens