La couverture de l’album est de celle qui attire l’œil… Tout à la fois sensible et poétique, elle s’avère particulièrement intrigante avec ce miroir qui ne semble pas renvoyer l’image qu’on attend mais une autre plus troublante. Captivé par l’illustration, difficile de ne pas avoir envie de se plonger dans la lecture de ce nouvel album de l’enthousiasmante collection Ramdam qui nous entraîne cette fois dans la France de la Belle Epoque…

Révélé par son travail sur Sacha et Tomcrouz (dessiné par Bastien Quignon), Anaïs Halard nous propose un drame romantique s’inscrivant dans la tradition des films des années 50… Son histoire sensible et délicate met en scène deux sœurs unies par leur gémellité mais que les rêves et la vie va séparer, l’une désirant poursuivre sa carrière et l’autre vivre pleinement sa vie de femme… L’autrice prend le temps de poser chacun des personnages pour en esquisser en quelques planches un portrait subtil avant qu’Ambroise, élément perturbateur, ne vienne chambouler le fragile équilibre de la vie de nos deux trapézistes. Leur séparation s’avère déchirante mais le bonheur simple d’Ambroise et de Louna vient apaiser le manque et les remords de cette dernière…

Puis vient cette lettre, trait d’union entre deux époques de leur vie qui va pousser Paula à venir retrouver Louna qu’elle n’avait pas vu depuis deux longues années. La découvrir si malade s’avère bouleversant tant on sent poindre son inéluctable fin… Et il y a ce pacte inattendu que Louna va passer avec sa sœur, un pacte presque contre-nature qui va demander à Paula le sacrifice de sa liberté chérie et qu’elle ne peut refuser à sa sœur qui s’apprête à quitter ce monde, abandonnant un époux aimé et aimant et une petite Joséphine qui vient de naître au monde… La suite de l’histoire est à la fois sublime, poignante et tragique, avant de prendre un détour tragique lorsque des évènements passés sous silence ressurgissent et viennent à la connaissance de celui qui devait les ignorer. Le poids de la culpabilité et les remords vont s’emparer de chacun des personnages avec une issue tragiquement romantique…

Signant son tout premier album, Amélie Clavier fait une entrée remarquée dans le neuvième art. La douceur de son trait est sublimée par une mise en couleur délicate qui vient nimber chaque scène d’une lumière somptueuse, mettant en valeur la force des émotions ressentis par les principaux protagonistes de ce drame romanesque et poignant.

La scénariste Anaïs Halard et la talentueuse Amélie Clavier qui fait ses premiers pas dans le neuvième art nous entraîne dans drame romantique bouleversant se déroulant dans la Franche de la Belle Epoque.

Louna et Paula sont jumelles et travaillent comme trapéziste dans un cirque itinérant. Très unies, elles vont être séparés par l’arrivée d’Ambroise dont Louna va tomber éperdument amoureuse. Tandis que l’une poursuit sa carrière et ses rêves de gloire, l’autre choisit d’écouter son cœur et fonder une famille… Les mois et les années passent lorsque Louna, en passe de devenir mère alors qu’Ambroise est en tournée, demande à sa sœur de venir l’aider… Apprenant la nouvelle, Paula s’empresse d’aller voir sa chère sœur qu’elle trouve malade et affaiblie, sans se douter que cette dernière allait lui faire une demande que, par amour, elle ne pourra refuser.

Abordant avec beaucoup de justesse et d’humanité les thématiques universelles de l’amour, de l’orgueil, de la culpabilité et des remords, les deux autrices tissent un récit aussi poignant qu’envoûtant dont l’issue dramatique vous prendra aux tripes tant le talent de conteuse d’Anaïs Harald se conjugue à merveille au trait sensible et aux couleurs délicates d’Amélie Clavier…

- Alors, c’est quoi cette bonne nouvelle ?
- Un tourneur étranger a vu notre numéro hier ! Il adore ! Il veut nous faire une tournée mondiale ! On doit déjeuner avec lui pour en discuter.
- Je ne sais pas si j’ai envie de partir loin…
- C’est à cause d cette histoire de fesse ? A la fun d la tournée, il t’aura oublié…
- Non ! Nous voulons vivre ensemble et monter notre numéro.
- Tu es si naïve !
- t toi jalouse ! Je suis heureuse figure-toi !
- Quelle sotte ! De toute façon, tu n’as jamais eu aucune ambition.
- Partir loin a toujours été ton désir, pas le mien.
- Reste chez toi à faire la popote, c’est un avenir qui t’ira très bien ! Personnellement, j’ai des rêves un peu plus grands !
- Je te déteste.dialogue entre Louna et Paula