Les animaux ont pris le dessus sur les hommes. Certains sont restés à l’état sauvage tandis que d’autre ont adopté leur mode de vie… Jeune orpheline, Moogli est recueillie par une famille de loup qui va l’adopter et l’élever comme leur propre enfant. Pour la préserver de Shere Khan qui exècre les hommes, Raksha et Owen surprotègent la gamine qui se sent peu à peu étouffer et peine à trouver sa place parmi sa fratrie…

Avec l’adolescence, elle sent grandir en elle l’irrépressible envie de comprendre d’où elle vient et s’aventure de plus en plus loin de la maison familiale, ignorant que Shere Khan a juré de la tuer…

Mais lorsque les choses se précise, ses parents partent pour le campement d’Akhela pour demander à la meute d’assurer la protection de Moogli… Pendant qu’ils négocient auprès du Conseil, leur maison est prise d’assaut et Moogli et ses frères et sœurs organisent comme ils peuvent leur défense…

Pour son premier album, Anne Quenton s’empare d’un récit popularisé par Disney pour revenir à la trame du roman originel de Kipling pour mieux le transposer dans un univers décalés où l’homme aurait perdu sa primauté au profit des animaux…

L’autrice pose avec finesse cet univers envoûtant peuplé d’animaux anthropomorphiques particulièrement convaincant… De Shere Khan qui s’avère on ne peut plus inquiétant et fait d’emblée peser sur l’histoire une menace sourde en passant par les loups ou Baloo, vieux gardien bien éloigné de la version dysnéenne, qui préfère vivre seul et prodigue ses sages conseils aux louveteaux en général et à Moogli en particulier… Sans oublier Moogli qui, dans cette version, est une petite fille, puis une ado rebelle en quête de ses origines…

La façon dont Anne Quenton pose chacun ses personnages et joue de l’ellipse temporelle pour préciser leur portrait, leur caractère et la force des liens qui les unissent s’avère redoutablement efficace, rendant le drame à venir plus poignant encore.

Si la technique utilisée par l’artiste évoque par certains aspects le travail d’Arthur de Pins avec des aplats de couleurs dénués de contours et un formidable travail sur la lumière, les planches n’en possède pas moins une identité visuelle propre tandis que le travail sur le découpage s’avère remarquable de fluidité…

Premier tome d’une trilogie, la Meute entraîne le lecteur dans une audacieuse mais fascinante transposition du Livre de la Jungle de Rudyard Kipling dans un univers post-apo peuplé de personnages anthropomorphiques…

Alors que Shere Khan vient probablement de massacrer ses parents, la jeune Moogli est recueillie par Raksha et Owen, un couple de loups qui vont l’élever avec leurs propres enfants. Mais le tigre n’a pas renoncé à sa proie et fait planer sur la gamine devenue une adolescente une sourde menace…

Revenant aux sources de l’histoire, Anne Quenton nous livre un récit jeunesse passionnant mis en scène dans un style évoquant le travail d’Arthur de Pins tout en développant une personnalité propre… Outre le dessin rehaussé par un saisissant travail sur la lumière, la force du récit réside dans le fait que l’autrice prend le temps de poser chacun des personnages et de développer leur caractère pour les rendre suffisamment attachants pour renforcer la dramaturgie de l’histoire…

- Trouvé !
- C’est pas juste ! Je gagne jamais avec vous !
- Hé, ho ! C’est pas de notre faute si tu n’as pas d’odorat ni d’ouïe !
- Ni de poils ! Hein la grenouille !
- Arrêêêête Elio !- dialogue entre Elio et Moogli