Japon, période Sengoku. Né au Mozambique, Yusuf, rebaptisé Joseph par le prêtre jésuite italien dont il est l’esclave, débarque au Japon avec son maître, chargé de visiter les églises asiatiques… Sa peau d’ébène et son imposante stature impressionnent Oda Nobunaga, fils du daimyo Oda Nobuhide, qui se montre persuasif et le rachète au jésuite.

Après avoir appris les us et coutume du Japon, il sauve la vie de son nouveau maître Goro Mitsui qui, pour le remercier, lui fera enseigner le maniement des armes dans lesquels il excellera. Il deviendra Kurusan, le premier samouraï noir… Protégé de Nubunaga, l’esclave qu’il fut a désormais des soldats sous ses ordres et a trouvé le bonheur auprès de Mariko, son épouse…

Mais le japon est déchiré par des luttes intestines et dans la guerre qui oppose son daimyo à Takeda Shingen, il est l’une des pièces maîtresses, même s’il doit subir les affronts d’autres samouraïs qui ne supportent pas qu’un étranger, qui plus est noir, puisse jouir d’un tel statut…

Sans doute la couverture de ce troisième tome est-elle la plus belle de la série. Elle montre l’ascension peu commune de Yusuf, devenu Jospeph puis Kurusan…

Au fil du temps, il s’est fait aux usages en cours de ce Japon médiéval, remarquablement bien décrit par Thierry Gloris dont on sent qu’il a noué un lien tout particulier avec le Pays du Soleil Levant, son histoire et ses coutumes ancestrales. Le scénariste nous raconte la vie édifiante de cet homme hors du commun qui fut esclave et devint Samuraï, que l’on fit obéir à coups de fouets et qui a désormais des hommes sous ses ordres. L’auteur comble les lacunes des écrits le mentionnant de façon particulièrement convaincante et nous décrit tant le code du bushido que la situation politique complexe du japon, les guerres qui opposent les clans et les intrigues de cour… Tandis qu’il sait que sa faiblesse réside dans l’amour qu’il porte à son épouse, le dévouement de Kurusan à son daimyo va être ébranlé : doit-il obéir à un homme qui se comporte parfois comme un démon sans risquer de devenir démon à son tour ? Et c’est bien la complexité du personnage et les tourments qui le rongent qui rende le récit si passionnant…

Pour cette série, Thierry Gloris retrouve Emiliano Zarcone retrouve son complice de [urlhttp://sdimag.fr/index.php?rub=0&art=Affiche_Fiche&aff_param=2&ID=1847#1216 =]Waterloo 1911[/url] et de Champs d'honneur, Valmy. Le trait réaliste du dessinateur italien s’avère bougrement efficace, tant pour décrire la vie quotidienne du japon médiéval, soignant tout particulièrement les décors et les costumes, que pour immerger le lecteur au cœur du tumulte d’un duel ou d’une bataille où l’on voit se déchaîner la fureur et la violence des combats. Composé avec soin, ses planches sont sublimées par les couleurs de Cyril Saint-Blancat qui viennent souligner tant la beauté du Japon médiéval et de sa civilisation que l’âpreté de la vie…

En s’emparant de la vie de Kurusan, Thierry Gloris met en lumière un personnage historique qui, dans une pure fiction aurait semblé peu crédible tant son itinéraire parait improbable. Et pourtant…

Né au Mozambique, il débarqua au Japon en tant qu’esclave d’un jésuite avant d’être racheté par le Daimyo Oda Nobunaga qui en fit un guerrier puis un samouraï. Conscient de sa force mais aussi de ses faiblesses, Kurusan fait sienne la guerre de son maître, engagé dans la guerre féroce que se livrent les provinces du Japon. Mais doit on obéir aveuglément à un homme qui se comporte parfois comme un démon ?

Porté par ce personnage hors normes et les couleurs fascinantes de Cyril Saint-Blancat, le trait réaliste d’Emiliano Zarcone sert avec un redoutable efficacité ce récit historique de Thierry Gloris qui mêle avec art histoire et légende, comblant les lacunes des écrits relatant la vie du samouraï… Et c’est peu dire qu’on attend avec impatience la suite des aventures de Kurusan, le Samouraï Noir…

Maintenant, je commande et tous s’exécutent. Pourquoi un tel revirement ? Quel dieu joueur a-t-il décidé de tout chambouler ? Au départ, j’ai cru que le combat serait le but ultime de mon existence. Tout mon corps est fait pour donner la mort. Mais ça, c’était avant qu’il ne goûte à la chaleur des caresses de Mariko. Désormais j’ai peur. Peur de la perdre. Je crains de ne pas être le guerrier parfait que Nobunaga a vu en moi. J’ai une faiblesse. Une faille qui se nomme amour.dialogue entre