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La boue et le sang
Wild West



Fiche descriptive

Western

Wild West

Tome 4

Thierry Gloris

Jacques Lamontagne

Jacques Lamontagne

Dupuis

5 janvier 2024


15€50

9791034768707

Chronique
La boue et le sang
Le temps des vautours

Toujours sur la piste du « tueur-scalpeur », Wild Bill, Calamity Jane et Charlie Utter découvrent que le mystérieux meurtrier, enfant, a probablement été lui-même scalpé par des Indiens qui ont en outre assassiné ses parents...

Pendant ce temps, Graham, employeur du trio et chef de l'Union Pacific, accueille les Buffalo Soldiers, soldats noirs qu'il a engagés pour protéger le chantier ferroviaire des raids indiens. Une minorité opprimée pour mater des Natives spoliés ?

L'Amérique, terre de toutes les libertés, ne traite pas tous ses enfants de la même manière... Mais la situation va encore se complexifier lorsque les ouvriers du chemin de fer vont dynamiter un cimetière indien sacré...
un excellent album!


Le temps des vautours
Wild West, planche du tome 4 © Dupuis / Lamontagne / GlorisSur ordre d’Aristote Graham, un riche entrepreneur cupide et sans scrupule, et accompagné de Charlie Utter, un colon qui a pris Jane sous son aile, Wild Bill Hickok et Calamity Jane traquent sans répits le « tueur au scalp » qui a fait plusieurs victimes sur le chantier où Wild Bill assure la sécurité.

En envoyant Hickok sur la piste du meurtrier, Graham souhaite avoir les coudées franches pour faire passer la voie ferrée au cœur d’une réserve indienne. Mais en ouvrant la route au train à grand renfort de dynamite, les ouvriers détruisent un cimetière indien, déclenchant leur légitime colère… Qu’à cela ne tienne ! Graham fait appel aux « Buffalo Soldiers », le 10e régiment de cavalerie composé de soldats noirs, pour mater les indiens… Une minorité est ainsi contrainte de combattre une autre minorité pour servir les intérêts financiers des colons les plus aisés…

Pendant ce temps, Wild Bill et Calamity Jane se rapproche inexorablement du meurtrier…


Wild West, planche du tome 4 © Dupuis / Lamontagne / Gloris
de l’histoire à la légende…
En refermant ce diptyque, les auteurs abattent une seconde paire d’as qu’il sera bien difficile à battre avec un récit parfaitement maîtrisé, tant narrativement que graphiquement…

C’est peu dire que les amateurs de western sont gâtés ces dernières années, avec une poignée d’auteurs qui renouvellent le genre avec talent et inventivité et le remette au goût du jour… Stern, Undertaker, Indians, Go West Young Man, Gunmen of the West, Jusqu’au Dernier, Marshal Bass, Bouncer, Golden West

Construite autour de l’expansion du chemin de fer, symbole du progrès et du développement, la série s’appuie aussi sur deux véritables légendes de l’ouest américain : Martha Jane Cannary, qu’on surnommera plus tard Calamity Jane, et Wild Bill Hickok dont la réputation est déjà bien ancrée à l’époque du récit… L’idée de mettre en scène la jeune femme avant qu’elle ne devienne l’un des personnages emblématiques de la conquête de l’ouest la rend tragiquement humaine et par là même très attachante… On l’a vu fortement ébranlée par ses retrouvailles houleuses avec Hickock qu’elle haïssait pour avoir tué son homme, s’abandonner l’alcool et souhaiter que la mort l’emporte pour arrêter de souffrir… La présence d’Hickok et les bons soins de Charlie Utter allait la tirer du désespoir qui aurait bien pu l’emporter tandis qu’ils se lancent sur les traces de ce salopard qui avait fait tant de victimes sur le chantier… C’est d’ailleurs l’une des forces de la série, voir la légende de Calamity Jane s’écrire sous nos yeux, tandis qu’elle a déjà croisé l’un de ces journalistes qui va contribuer à forger le mythe… Mais Calamity Jane et Will Bill Hickock ne sont pas les seules légendes de l’ouest à figurer dans ce dytique… On y croise aussi un certain Bass Reeves qui deviendra d’ici quelques années le premier marshal noir des Etats-Unis, le fameux Marshal Bass auquel Darko Macan et Igor Kordey ont consacré une série âpre et somptueuse…

Wild West, planche du tome 4 © Dupuis / Lamontagne / GlorisMais si les personnages historiques sont abordés avec un angle bougrement original qui rend la série absolument captivante, les personnages secondaires ne sont pas en reste, loin s’en faut, qu’ils soient particulièrement antipathiques ou totalement fous, tels Graham ou le tueur en série ou au contraire bienveillants, comme l’attachant Charlie Utter qui s’est pris d’affection pour Jane et qui va tenter de la protéger, envers et contre tous, mais surtout contre ses propres démons… Son bagout et son humour qui parviennent même à dérider Wild Bill qui, en bon joueur de poker, se garde bien de laisser transparaître ses émotions… Utter est d’ailleurs lui aussi un personnage historique et fut un grand ami de Hickok, celui-là même qui payera son enterrement après qu’il ait été abattu par Jack McCall le 2 août 1876. Si le scénario s’avère captivant, nous ne serions que conseiller aux lecteurs de se replonger dans le troisième opus de la série avant que de lire La boue et le sang pour apprécier à sa juste valeur l’impeccable construction scénaristique du diptyque…

Outre la richesse des personnages et le scénario, aussi entraînant que fascinant, le dessin de Jacques Lamontagne n’est pas le moindre des atouts de Wild West. Ses compositions sont de toutes beauté et donnent à voir l’ouest dans ce qu’il a de plus sauvage, avec de somptueux visuels, tel ce cimetière indien que l’on découvre sur une case s’étalant sur une double page après une explosion saisissante et qui pose d’emblée une ambiance oppressante qui nous fait sentir que l’on vient de basculer dans la guerre… Comment ne pas être subjugué par la façon dont l’artiste compose ses planches, usant avec pertinence d’un vocabulaire cinématographique pour donner de l’ampleur à l’action et en accentuer la dramaturgie ? La première planche avec des cadrages tout juste parfaits donne d’emblée la mesure du talent de Jacques Lamontagne… Wild West, planche du tome 4 © Dupuis / Lamontagne / GlorisEt si la physionomie de ses personnages est au diapason de leur caractère souvent bien trempé, ses paysages et ces décors sont de toute beauté et ce d’autant plus qu’ils sont baignés d’une lumière savamment travaillé qui sublime chacune de ses cases…

Après un premier dytique passionnant, Thierry Gloris et Jacques Lamontagne poursuivent leur partie de poker pour nous entraîner une fois encore sur les pistes poussiéreuses de l’ouest, dans le sillage d’un chemin de fer, symbole d’un pays encore jeune écartelé entre sauvagerie et modernité…

Âpre et violent et ne se faisant pas d’illusions sur le genre humain, le scénario de Thierry Gloris met en scène des légendes de l’ouest en devenir, de la jeune Martha Jane Cannary qui n’est pas encore Calamity Jane, de Wild Bill Hickok qui a commencé à écrire sa légende et rencontre dans ce diptyque celui qui sera son grand ami et qui payera son enterrement, Charlie H. Utter, sans oublier un jeune homme lucide déjà doté d’un sens de la justice aiguisé et qui entrera dans l‘histoire comme le premier marshal noir des Etats-Unis… Lancés à la poursuite d’un tueur en série particulièrement cruel, Wild Bill, Jane et Charlie vont pénétrer bin malgré eux dans l’antre de la folie…

Avec en filigrane la rapacité et l’avidité, la Boue et le Sang est un western sombre et tourmenté porté par un dessin somptueux servi par un découpage impeccable et une mise en couleur fascinante… Avec des séries de la trempe de Wild West, la BD de western vit incontestablement un nouvel âge d’or…


- Jette ton arme !
- Qui es-tu ?
- Je pourrais t’abattre comme un chien Hickok. Mais les loups ne se dévorent pas entre eux. Alors ne te remet remets plus sur ma route !dialogue entre le tueur et Wild Bill

Le Korrigan




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