      Au bord du burnout, c’est sur un coup de tête que Nana Miller s’envole pour s’offrir une petite escapade de quelques jours à Copenhague, la ville des contes de fées, sans en avoir informé sa fille, une ado qui se sent un peu abandonnée…
Mais son séjour est d’emblée bouleversé par la découverte d’un corps, en plein centre-ville… Et pas n’importe quel corps ! Celui d’une sirène ! Tout le Danemark est en émois, un deuil national est prononcé, les rues se vident, les gens s’enferment chez eux, les aéroports ferment et le pays coupé du monde…
Dans son hôtel quasi désert, Nana va faire la connaissance de Thyge Thygesen, présentateur radio quelque peu farfelu mais indéniablement attachant… Tous deux vont s’improviser détective et enquêter sur la mort mystérieuse de la sirène… Bien vite, et avec l’aide d’un club canin, ils vont repérer un individu interlope qui semble, de près ou de loin, mêlé à l’affaire…
 Auteurs rares et précieux, Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg nous émerveillent, littéralement, à chaque nouvel album par le charme, la tendresse et la poésie qui s’en dégage… Aussi nous ne pouvions que nous intéresser à cet album dépaysant qui nous entraîne dans une Copenhague écartelée entre féérie et modernité…
Difficile de ne pas s’attacher à Nana, personnage original et atypique qui trouve toute sa place dans cette comédie romantique burlesque… Avec elle, on est immergé dans la ville de Copenhague, découvrant dans son sillage son ambiance si particulière, sa lumière changeante si fascinante et son folklore revivifiant… Propriétaire d’une petite librairie parisienne, mère célibataire d’une ado, elle avait juste besoin de quelques jours de repos pour faire un petit break… Bien vite, elle se reproche d’avoir abandonné sa gamine, seule, à Paris et se trouve particulièrement ennuyée d’être bloquée à Copenhague pour un temps indéterminé à cause d’une histoire de sirène retrouvée morte… D’autant que le gouvernement ne communiquant pas à l’international sur cette affaire qui touche à l’âme danoise, sa fille a quelques difficultés à ne pas prendre sa mère pour une fieffée menteuse… Et on la comprend !
 Mais le personnage de maman un brin indigne n’est pas le seul à être attendrissant, l’iconoclaste Thyge Thygesen avec ses airs de Mort Shuman s’avère être un guide particulièrement attachant. Son comportement quelque peu insolite donnera lieu à des séquences joyeusement décalée, tour à tour loufoques, tendres et poétiques… Le duo qu’il forme avec Nana s’avère irrésistible, d’autant que l’autrice, l’inénarrable Anne-Caroline Pandolfo, leur a concocté un scénario riche en péripéties et en rencontres improbables qui place d’emblée le récit dans la farce… On se laisse bercer par leur histoire d’amour naissante, tout en délicatesse et en retenue… Totalement décalé et pourtant cohérent, l’enterrement de la sirène s’avère tout à la fois délicieusement touchant et indéniablement surréaliste… A l’issu de cette enquête iconoclaste, vous ne regarderez plus une boule à neige de la même façon…
Et pourtant, un twist vertigineux va conférer une dimension tragique totalement inattendu à cette comédie jusque-là légère et rafraichissante. Le travail sur la langue s’avère quant à lui aussi jubilatoire que fascinant, apportant une touche d’exotisme nordique particulièrement savoureux au récit…
 Sensible et délicat, le dessin de Terkel Risbjerg est comme de coutume aussi fascinant qu’envoûtant. Son saisissant travail sur les décors de cette ville qu’il connaît pour y être né nous donne d’emblée une furieusement envie de visiter (ou du revisiter !) Copenhague dont les ruelles servent de cadre à cet improbable polar. Chacun de ses personnages semble porté par la tendresse que leur porte le dessinateur dont le trait élégant et follement expressif et les postures savamment étudiées de chacun d‘eux renforce indéniablement le comique de situation de l’histoire. Quant à sa narration graphique, inventive et envoûtante, elle est une fois encore fluide et entraînante, distillant sans en avoir l’air cette atmosphère délicieusement irréelle qui baigne le récit…
C’est toujours avec un réel plaisir que l’on retrouve le duo formé par Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg qui nous émerveille à chacun de leur album…
Les auteurs d’Enferme-moi si tu peux, Sousbrouillard ou du Don de Rachel, pour ne citer que quelques-uns des petits bijoux sortis de leur atelier, nous entraînent cette fois à Copenhague, ville native du dessinateur, pour une comédie policière et romantique…

Désireuse de se reposer quelques jours, Nana Miller a quitté Paris sans prévenir sa fille… Hélas, elle trouve une ville chamboulée par la découverte du corps d’une Sirène. L’aéroport est fermé et la ville semble vivre au ralenti… En compagnie de Thyge Thygesen, un homme aussi farfelu qu’attachant, Nana va mener l’enquête et tenter de comprendre ce qui se trame dans la ville d’Andersen où la (petite) sirène est une véritable institution, venant peu la Reine du Danemark dans le cœur des danois…
Entre féérie et modernité, l’écriture rafraîchissante et les dialogues délicieusement décalés d’Anne-Caroline Pandolfo sont en symbiose avec le trait sensible et délicat de Terkel Risbjerg, son complice et compagnon, donnant naissance à un récit entraînant à la pagination généreuse à côté duquel il serait plus que dommage de passer ! On ne peut qu’espérer que Copenhague n’est que la première enquête de Nana et Thyge tant le petit couple qu’ils forment s’avère très attachant…
- Je comprends le désarroi et le chagrin des danois, vraiment, mais… Mais j’ai laissé ma fille à Paris, seule. Je ne peux pas rester plus d’une semaine ! Elle aussi aura du chagrin si je ne rentre pas. Ce n’est pas possible.
- Tout Copenhague est en stop. La sirène est une nouvelle très terrible, tu sais. Les aéroports et les gares sont fermés, Nana Miller. Toute la ville est bouclée. On n’entre plus, on ne sort plus… Et pour un temps qu’on ne connaît pas du tout.
- Mais cette sirène… Elle ne va pas s’envoler. Pourquoi bloquer tout le pays ? je dois absolument rentrer vendredi au plus tard.
- Une sirène, c’est notre âme pour nous danois. Le deuil sera long.dialogue entre Nana Miller et Thyge Thygesen
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